nature ou Nature ?

Marcuse rejoint Marx en citant Lorenz : « Le travail est, sous toutes ses formes, la réalisation posée par l’individu… par laquelle il s’approprie le contenu du monde extérieur le contraignant à devenir une partie de son monde intérieur. » Le couronnement dialectique de tout cela étant en quelque sorte le concept de nature comme « corps inorganique de l’homme », comme humanisation de la nature (l’environnement). Ce concept de nature n’exprime rien d’autre que la finalité de la domination de la Nature inscrite dans l’économie politique. La nature, c’est le concept d’une essence dominée, et rien d’autres.

 

Cette finalité opérationnelle est tellement arbitraire que la Nature résiste. Alors le concept se dédouble en une « bonne » nature, celle qui est dominée et rationalisée et en une « mauvaise » Nature, celle hostile, menaçante, catastrophique, ou polluée. Mais lorsque l’homme marque la Nature du sceau de la production, il proscrit toute relation d’échange symbolique entre lui et la Nature. Ce qui n’est pas reconnu par les fondements de l’économie politique, c’est que l’homme primitif, dans ses échanges symboliques, ne se mesure pas avec la nature. Car rien n’est jamais pris à la nature qui ne lui soit rendu : l’homme primitif ne coupe pas un arbre sans apaiser les esprits par un contre-don.

 

Longtemps on a voulu penser la production sur le mode de la reproduction humaine. Marx lui-même parle du travail comme père, de la terre comme mère de la richesse produite. C’est faux : dans le travail productif, l’homme ne fait pas d’enfants à la Nature (la Biosphère). (in Jean Baudrillard, le miroir de la production – 1973)

 

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