Diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici à 2050, c’est réduire nos besoins en combustion de ressources fossiles. Merveilleux cette loi de 2015 ! Hélas le Macronisme décide une simple « neutralité carbone » en 2050 : on pourra toujours émettre davantage de gaz à effet de serre, il suffit de compenser par ailleurs ces émissions. Est-ce possible ? LE MONDE* nous éclaire : « Il existe deux systèmes de compensation carbone : l’un est lié au protocole de Kyoto et engage les Etats qui y ont souscrit ; l’autre est le marché des compensations volontaires, dont tout un chacun peut décider d’être acteur. Soit on intervient sur un marché étatique officiel en finançant des projets de réduction d’émission de gaz à effet de serre à l’étranger en échange de crédits carbone, c’est-à-dire de droits à polluer. Soit un acteur quelconque (particuliers, collectivités locales…) fait appel à un intermédiaire pour compenser ses émissions, avec des niveaux de garantie extrêmement variables. La procédure est cependant la même : l’option forestière (planter des arbres), l’investissement dans les énergies renouvelables, l’utilisation rationnelle de l’énergie. »
Mais un barrage hydroélectrique peut-il remplacer une centrale thermique à charbon ? La compensation carbone n’a jamais fait la preuve de son efficacité. Il est impossible de garantir l’additionnalité des projets, le fait qu’ils n’auraient pas pu voir le jour sans la compensation. Les promesses de réduction des émissions sont le plus souvent surestimées, non contrôlé, sans encourir de sanctions. Pour compenser ses émissions de CO2 produites par ses centrales à charbon, l’Allemagne devrait être couverte de forêts et cela ne suffirait pas ! De toute façon, déléguer à autrui la responsabilité du changement de comportement est signe d’irresponsabilité. Les mots de « compensation » et de « neutralité carbone » devraient être abandonnés, ils trompent le consommateur sur le réel bénéfice que son financement aura sur son empreinte carbone. Avec le mécanisme de « compensation », les émissions de gaz à effet de serre pourront continuer à croître encore longtemps. Sur ce blog biosphere, nous condamnons depuis longtemps ce trafic des indulgences** :
26 septembre 2018, La comptabilité morale des petits-pas en écologie
8 octobre 2016, Compensation carbone, l’hypocrisie de l’aviation civile
19 janvier 2016, loi sur la biodiversité, la mascarade de la compensation (il n’y a pas qu’en matière de réchauffement climatique qu’on parle de compensation)
5 novembre 2013, effet rebond, compensation carbone… hypocrisie morale !
8 janvier 2010, l’illusion de la compensation carbone
2 février 2008, compensation carbone ? : …Pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone (LE MONDE du 4.01.2008)…
* LE MONDE du 7 mars 2019, Le principe de compensation carbone est-il efficace ?
** trafic des indulgences : rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison d’un péché pardonné, ce qui se faisait généralement contre espèces sonnantes et trébuchantes.