Tous les écolos attendaient dès le départ ma démission du gouvernement : est-ce que j’allais durer trois jours, trois semaines, trois mois ? Il paraît en effet intenable dans la durée d’être un écolo ministre de l’écologie puisqu’un ministre ne peut pas être écolo dans un gouvernement qui n’est pas écolo. Pourtant je me donne encore un an pour voir si je peux être utile*. Pourquoi ?
D’abord Emmanuel Macron m’a dès le départ signifié que, ne connaissant rien à la problématique écolo, il me faisait entièrement confiance en me nommant ministre d’État : « Je connais ton caractère et je sais que tu ne seras pas là pour occuper un fauteuil. » De mon côté je ne suis pas dupe, j’ai même dit publiquement : « Regardez la différence de culture entre Edouard Philippe, Emmanuel Macron et moi, nous venons de planètes différentes ! » Dans ce contexte difficile, j’apprends à gérer la complexité politique. La ligne rouge, c’est l’instant où je me renierai. Il y a énormément de choses sur lesquelles je suis prêt à m’adapter pour être plus efficace mais il y a des sujets cruciaux. Si les Européens avaient voté par exemple la reconduction du glyphosate pour dix ans, il est clair que je me serais demandé à quoi je sers. Je le redis, il faut que l’on se fixe l’objectif de sortir du glyphosate durant ce quinquennat. Il ne s’agit pas d’alternatives chimiques, je pense plutôt au biocontrôle [en recourant à des organismes vivants ou des substances naturelles] et au choix de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Mais on ne peut pas demander à un agriculteur à la tête d’une grosse exploitation de passer, du jour au lendemain, d’une agriculture intensive à la permaculture ou à l’agro-écologie.
Quant au CETA, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, le plan d’action du gouvernement reflète ce que la France peut proposer de mieux dans les circonstances actuelles. Mais sa réussite est aussi liée à ce que l’UE va décider. Si les discussions avec le Canada et la Commission n’aboutissent pas, chacun en tirera les leçons. Je n’ai pas changé d’avis sur les risques du CETA. Je ne fustige pas l’ensemble du traité mais certains risques, notamment environnementaux et sanitaires, que j’avais déjà pointés du doigt. Mais il y a des choses que l’on peut faire, et d’autres non, ne serait-ce que du point de vue juridique. Le CETA nous alerte sur les futurs traités commerciaux entre l’UE et ses partenaires : nous serons beaucoup plus exigeants à l’avenir. L’objectif est toujours présent, mais la pente est raide. Prenez la loi hydrocarbures. Nous sommes allés le plus loin possible sur le droit de suite, les droits acquis par les firmes pétrolières, mais si nous avions pris le risque d’aller plus loin, cela aurait été retoqué au Conseil constitutionnel et cela aurait pu coûter des millions d’euros de contentieux à l’Etat. J’ai accordé la prolongation du permis de recherche de « Guyane Maritime » parce que c’était un droit acquis. Si les porteurs de ce projet d’exploration trouvent du pétrole, ils pourront exploiter ces gisements. Les transformations que je porte sont profondes, si l’on veut qu’elles aboutissent, il ne faut pas les mener de manière brutale.
Pour réduire à 50 % la part du nucléaire, il va falloir fermer un certain nombre de réacteurs, et je préciserai le nombre et les étapes au moment de la programmation pluriannuelle de l’énergie fin 2018. Que l’on soit pour ou contre le nucléaire, chacun doit être d’accord que l’on ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il faut rééquilibrer le mix énergétique et cela donnera une liberté et une indépendance plus grandes à la France. Notre-Dame-des-Landes constitue un autre dossier sensible. Mais j’ai autre chose à faire en ce moment que de m’occuper de Notre-Dame-des-Landes. Mon travail est tellement dense dans le gouvernement que je vis au jour le jour. Cela peut vous paraître curieux, mais je ne me suis pas encore posé la question d’une option émise en décembre prochain favorable à la construction d’un nouvel aéroport. Je me donne donc encore un an pour voir si je suis utile pour l’agro-écologie et le bio, les énergies renouvelables, l’économie sociale et solidaire. Être ministre, cela vous change un homme !
* LE MONDE du 29-30 octobre 2017, Nicolas Hulot : « Je me donne un an pour voir si je suis utile »
Rien d’étonnant à ça. Comment un ancien banquier pourrait-il résister à une « Montagne d’or » ?
Ceci dit, si être ministre change un homme… alors peut-être que le fait d’être président nous changera le notre. Et peut-être que d’ici un an, le miracle de la conversion s’opèrera. Bon courage Nicolas !
Nicolas Hulot n’a pas fini de manger des couleuvres. Avant le départ du président de la République en Guyane le 26 octobre, Nicolas Hulot avait longuement insisté auprès d’Emmanuel Macron sur les menaces pour l’environnement d’un gigantesque projet minier au cœur de la forêt amazonienne, baptisé « Montagne d’or ».
Le ministre de la transition écologique n’a pas été entendu. Lors d’un entretien accordé le vendredi 27 octobre, le chef de l’Etat s’est dit favorable au dossier : « C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane. »
Nicolas Hulot n’a pas fini de manger des couleuvres. Avant le départ du président de la République en Guyane le 26 octobre, Nicolas Hulot avait longuement insisté auprès d’Emmanuel Macron sur les menaces pour l’environnement d’un gigantesque projet minier au cœur de la forêt amazonienne, baptisé « Montagne d’or ».
Le ministre de la transition écologique n’a pas été entendu. Lors d’un entretien accordé le vendredi 27 octobre, le chef de l’Etat s’est dit favorable au dossier : « C’est un projet qui, je le pense, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane. »