Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot :
Concernant le projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, je refuse de précipiter les choses en tant que ministre de l’écologie. Dans le sous-sol de cette commune de la Meuse doivent être enfouis, à 500 mètres de profondeur, les déchets nucléaires français les plus dangereux : 85 000 m3 de produits hautement radioactifs et à vie longue – des dizaines ou des centaines de milliers d’années. Mon travail est de vérifier que le stockage se fasse dans des conditions de sécurité absolue. Ensuite, cela doit nous pousser encore plus à réfléchir sur le nucléaire.
Ce n’est pas ma conception d’une civilisation d’avoir des déchets que l’on délègue aux générations futures. L’article premier de la loi française de décembre 1991 sur le stockage des déchets radioactifs disait : « Les générations futures ont le droit de jouir de cette terre indemne et non contaminée ; elles ont le droit de jouir de cette terre qui est le support de l’histoire de l’humanité. » J’ai répondu à une interpellation d’une députée de La France insoumise, montrant une photo où je manifestait contre le projet de Bure. « Je n’ai pas l’impression d’être en porte-à-faux avec ma conscience. J’aurais préféré ne jamais avoir à traiter ce sujet-là, que l’on n’arrive pas à cette situation avec ces déchets dont personne ne veut mais il fallait choisir la moins mauvaise solution. » Lors de mes vœux à la presse en janvier 2018, je temporise : « Concernant le projet d’enfouissement des déchets radioactifs, ce n’est pas en 2018 qu’on va mettre au fond et rendre ça irréversible, il y a encore du temps. Si l’on m’offre des alternatives, je suis preneur. Je me serais bien passé des déchets nucléaires. Mais maintenant que je suis ministre et que j’en ai la charge, je veux bien les mettre au fond des océans ou les envoyer dans l’espace, mais je ne crois pas que ce soit très raisonnable. » Après l’abandon de NDDL, un nouveau problème de zadistes se profile. Plusieurs dizaines de jeunes antinucléaires ont choisi d’investir ce territoire, où ils ont acheté des maisons et construit des cabanes dans une forêt de 220 hectares, le bois Lejuc, qu’ils occupent depuis l’été 2016. Mon secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, avait témoigné en conseil des ministres qu’une cabane dite « de la résistance et de la solidarité » était en voie d’installation à Bure. Mes collèges se sont marrés, « la cabane au fond du jardin », mais la situation a été prise au sérieux par le ministre de l’inétrieur Gérard Collomb : « La détermination suffit à provoquer des heurts ». J’ai dit aux zadistes que la décision d’abandon du projet d’aéroport n’était en aucun cas une licence pour reproduire ce type d’action ailleurs. Mais l’opposition à l’enfouissement à Bure va être très difficile à gérer.
Avec le gouvernement Macron, la force prime. Évacuations par la force des environs de Bure le 22 février 2018, 500 gendarmes mobiles pour quinze zadistes. Bien entendu mon secrétaire d’État Sébastien Lecornu, qui devait recevoir les associations qui le souhaitent à la préfecture, n’a rencontré personne. Il dénonce « les occupants illégaux du bois Lejuc qui appartiennent à la mouvance d’extrême gauche anarchiste ». Sébastien Lecornu a annoncé le 7 mars qu’un débat national aura lieu entre septembre et décembre 2018 sur la gestion des déchets nucléaires. Cette concertation, organisée sous l’égide de la Commission nationale du débat public, comprendra aussi la mise en place « d’ici l’été » d’un centre de ressources en ligne ouvert au public et d’une « instance de dialogue » d’experts. Mais « à projet hors norme, il est normal que la concertation soit hors norme », a-t-il précisé. C’est ma conception, associer à ce débat non seulement le public local mais aussi l’opinion publique nationale. Sur mon compte twitter, j’ai commenté : « La gestion des déchets nucléaires est un choix qui engage notre pays pour des siècles. Je pose deux principes : transparence totale et débat serein où toutes les opinions pourront s’exprimer. » Le calendrier de réalisation des travaux est encore long puisque la demande de déclaration d’utilité publique doit être déposée en 2019 et sera validée sans doute aux alentours de 2022, la phase pilote ne devant commencer qu’en 2025 environ.
Ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…
Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne peut avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en reste au business as usual…
Il fallait y réfléchir avant! Il faut maintenant faire avec et voir que là encore LA solution durable, éthique, économiquement et écologiquement viable n’existera pas. Si ce profond dissensus avait au moins la grande qualité de montrer que c’est en traitant la cause du recyclage des déchets -le nucléaire- que l’on règle tout le reste.
En arrêtant le nucléaire, on réglerait le pb des futurs déchets pour les générations futures (pas ceux déjà produits) mais on créerait un autre pb pour la génération actuelle qui est celui de produire de l’énergie plus « »propre » ».
On voit de suite qu’arrêter le nucléaire est la solution la plus pertinente car elle se situe sur le temps long à la différence de « notre-génération-après-moi-le-déluge! »