Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot :
Je n’hésite pas à faire une critique sans concession du capitalisme. On ne peut déplorer les conséquences mais continuer d’adorer les causes. Il faut dénoncer son culte de la croissance. Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir. Une grande partie du capitalisme reste excessif, prédateur, concentrateur, spéculateur et résiste au changement. Le plus petit dénominateur de tous les maux que nous traversons, c’est l’excès et cette incapacité à nous fixer des limites. Il en est des hommes comme des enfants, s’ils n’ont plus de limites sur lesquelles s’appuyer, ils basculent dans le vide. Le capitalisme a réussi à imposer son modèle individualiste de représentation et de comportement, d’où cette rivalité mimétique : soumis à ses désirs matériels, l’homme accepte que soit étouffé en lui le citoyen responsable au profit du consommateur aveuglé par les mirages de la publicité. Dans le film que j’ai réalisé avec Jean-Albert Lièvre, Le Syndrome du Titanic, 90 % des images sont tournées en ville. Notre addiction à la consommation s’y étale avec indécence. Par exemple, nos équipes de tournage se trouvaient à Tokyo et à Los Angeles le jour de la sortie du iPhone. Elles ont filmé les longues files d’attente des clients avant l’ouverture des points de vente. Le montage alterne ces files avec celles où, à New York, des pauvres patientent durant des heures, ticket à la main, pour pouvoir manger. La barbarie s’étale partout, sous toutes ses formes.
Derrière l’ambitieux programme invitant l’homme à la maîtrise et à la possession de la nature se dissimule une réalité bien plus triviale : un infini pouvoir de destruction sur tout ce qui l’entoure. Je ne rejette pas le capitalisme dans son intégralité, je rejette un capitalisme qui ne se fixe pas de limites. Quand il ne restera plus de pétrole ni de gaz, comment fera-t-on ? On sait depuis 1972, quand le rapport du Club de Rome est sorti (« Halte à la croissance » de Dennis et Donella Meadows) que les choses ont une fin. Comme l’ont bien montré les économistes Kenneth Boulding et Nicholas Georgescu-Roegen, la Terre est un système fermé, qui ne peut consommer plus qu’elle reçoit du Soleil.
Le problème n’est donc pas de savoir si nous sommes capitalistes ou pas, cela n’a plus de sens dans ce contexte ! Gardons au contraire à l’esprit qu’aucune démocratie, qu’aucun système économique ou social, ne pourra résister à la combinaison de la pauvreté, de l’effondrement des ressources naturelles et des conséquences du changement climatique. Heureusement, face au capitalisme se développe un tissu d’économie sociale et solidaire qui est en train de se connecter, de se relier. Edgar Morin, disait que « L’histoire a montré que l’improbable est possible quand la contrainte est imparable ». Et mon ami Théodore Monod que « L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui n’a pas encore été réalisé ».
Ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…
Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne peut avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en reste au business as usual…
Assez d’accord avec l’analyse de Nicolas Hulot, seul bémol : le peu d’importance qu’il apporte à la question du nombre des hommes.
On peut au moins lui reconnaitre le mérite de pas être aussi tarfuffe que le Prince Truc de Cambridge. Si j’en crois les potins, tous les deux en ont trois. On en a donc un qui au lieu de se taire, a besoin de ramener sa science… et un autre qui n’en parle pas. Je préfère donc le second.