« Père Vert », c’est ainsi qu’on parle aujourd’hui de Nicolas Hulot. Dans une enquête d’« Envoyé spécial » diffusée en novembre 2021 sur France 2, six femmes l’accusaient de violences sexuelles. Trois femmes témoignent de baisers par surprise et d’une tentative de fellation. Claire Nouvian racontait avoir été mise en garde en 2008 afin qu’elle évite de se retrouver seule avec lui. Pauline Lavaud prétendait avoir été écartée de la campagne de Nicolas Hulot pour la primaire interne du parti en 2011 parce qu’elle « l’excitait trop » Après ce procès médiatique, Hulot avait affirmé : « Je n’ai jamais contraint qui que ce soit ». Le 24 mai 2022, il est entendu en audition libre par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs à Paris. Normal, les investigations menées par la BPM doivent« déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise ». Constatons qu’on peut promouvoir des accusations devant des millions de téléspectateurs sur un dossier où l’accusé n’avait pas encore été entendu par la justice. Fini la présomption d’innocence.
Que des écologistes comme Claire Nouvian ou Pauline Lavaud attaquent publiquement une personnalité reconnue de l’écologie politique pose problème. Nous n’en dirons pas plus, à la justice officielle de faire son œuvre. Passons à l’essentiel. « Khmer vert », « Ayatollah de l’écologie », « Pastèque visqueuse », « Père vert »… les insultes pleuvent sur les écologistes, mais c’est dans l’air du temps. La violence verbale n’est pas plus fréquente qu’avant, mais elle a évolué. Les mots d’esprit se sont raréfiés au profit de dérapages plus épidermiques, amplifiés par les réseaux sociaux. Chers lecteurs, faites en sorte sur ce blog biosphere qu’il en soit autrement.
Magali Cartigny : En 2001, Chirac, apostrophé par un malotru qui le traitait de « connard », avait répondu tout sourire : « Enchanté ! moi c’est Chirac… » Loin des joutes verbales, le dérapage a pris aujourd’hui le pas sur le mot d’esprit. L’insulte, cet « ultime stratagème » selon Schopenhauer, vise à réduire l’adversaire à néant. Avec la libéralisation des mœurs, c’est l’expression individuelle qui devient la norme : je parle comme je veux, donc je t’insulte si je veux. Le vocabulaire employé s’est considérablement appauvri. A la manière d’un Donald Trump, champion toutes catégories de l’obscénité, passé d’outsider à président des États-Unis sans changer de registre. Les réseaux sociaux, où la réaction instantanée a remplacé la pensée structurée, ont profondément modifié le fonctionnement traditionnel de l’insulte. Normalement, elle est adressée en face à face, on peut riposter. Sur ces plates-formes, on ne sait pas qui envoie et on ne peut plus se défendre. Nul besoin d’avoir des millions de followers pour être victime de l’effet de horde. C’est l’effet pare-feu de l’écran, qui déculpabilise. Et la contagion des propos insultants est semblable au phénomène de foule décrit dès le XIXe siècle par l’anthropologue et psychologue Gustave Le Bon ; impulsive et irritable, la foule constitue une sorte d’unité mentale, où les esprits sont galvanisés par une émotion commune.
Commentaire : Il y a des insultes qui ne sont que le reflet de la réalité. Selon le témoignage de son fils, De Gaulle avait dit à son entourage : « … Les Français ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. » Mais c’était après avoir stigmatisé l’armistice au micro de la BBC. Aujourd’hui la caricature de la fermeture d’esprit se retrouve même à la tête de nombreux Etats ! Triste époque où toute argumentation raisonnée s’expose parfois à la vindicte et trop souvent à l’insulte. Nicolas Hulot a subi pendant des années une avalanche de boue médiatique, cette vague a plus récemment déferlé sur la jeune activiste Greta Thunberg. C’est si facile aujourd’hui de s’enfermer dans sa propre opinion négative, d’un simple clic on quitte la page web où on a déversé sa bile, on perd la capacité de la synthèse dans un monde complexe, l’ouverture d’esprit n’est plus de ce monde. Ce texte se veut préliminaire à toute dépose d’un commentaire sur ce blog biosphere. Méditez ce que vous lisez, réfléchissez avant de poster votre analyse, ouvrez votre esprit et celui des autres lecteurs. A vous de rester dans la thématique de l’article de départ, de compléter les points de vue, de ne pas faire de hors sujet et de respecter tous les autres intervenants sur ce blog. Nous croyons encore à la possibilité de cristalliser un moment d’intelligence collective où la controverse peut fleurir sans avoir besoin d’insulter.
Cet appel (ou ce rappel) à la modération, à la juste mesure, à la décense, au savoir-vivre etc. complète très bien l’article précédent, « Hubris contemporaine, ivresse de la Démesure ».
« S’ils n’ont plus de pain, qu’ils mangent de la brioche » aurait dit Marie Antoinette.
C’était avant qu’elle ne perde la tête. Seulement cette histoire est à ranger avec celle des veaux, qu’on attribue au Grand Charles, on n’en a pas vraiment de preuve. Comme aujourd’hui que Nicolas Hulot a réellement commis ce dont on l’accuse. Quoi qu’il en soit De Gaulle avait le droit, lui aussi, de se mettre parfois en colère, voire de dépasser les bornes. Du moment qu’il n’en faisait pas étalage.
Aujourd’hui nos roitelets se permettent de balancer publiquement «casse-toi pauv’con», et/ou «j’ai très envie de les emmerder». On balance et après on mesure les effets, les conséquences. Aujourd’hui tout se mesure et l’Opinion plus que jamais. Ce qui permet d’ajuster la suite. Le Café du Commerce ne fait plus recette, aujourd’hui c’est sur la Toile que ça se passe. Au sujet de tout et n’importe quoi, on commente. On s‘indigne ou on approuve, ça dépend de l’humeur et du sens du vent. On livre son opinion, fût-elle à la con, on soutient, «preuves» à l’appui, n’importe quelle théorie, à la con. On balance, on dit qu’on «partage», on se défoule, on en rajoute, toujours plus. Le cercle vicieux.
Si encore les Réseaux ne servaient qu’à nous faire tourner en rond, en attendant… se serait alors un moindre mal. Seulement si on faisait le bilan… on verrait qu’ils nous font surtout nous enfoncer. Toujours plus ! Les Réseaux sont l’espace idéal pour la Démesure et le grand n’importe quoi. Se défouler, déballer et s’étaler, dans toutes les situations et positions, balancer son porc, sa truie, sa «pastèque», son «zozo-gaucho», son «afromuzz» et Jean Passe ! L’air du temps est au niveau du caniveau. Misère misère !