Nous résumons un article qui fait le point sur le parcours de Nicolas Hulot, impressionnant politiquement et si utile à l’écologie. Nous n’avons jamais compris les critiques qui ont pu être faites à propos de cet homme-là !
« A l’origine de cet article, il y avait une vague idée. Celle d’une rencontre un peu désabusée avec un Don Quichotte tout cabossé de la cause verte, elle-même sévèrement amochée en ces heures de crise économique, où tout emploi semble bon à prendre quelle que soit son empreinte carbone. Et puis… Il nous a bien fallu le constater. Manifestement, Nicolas Hulot, drôle d’animal aux innombrables vies, bouge encore. Après un automne pourri, où il a pesté contre l’abandon de l’écotaxe et contre le projet de barrage à Sivens, le voilà qui retrouve à l’orée de l’hiver des raisons d’espérer. Depuis quelques semaines, François Hollande, qui était jusqu’alors réputé aussi sensible aux charmes des sirènes écologiques qu’un carnivore à ceux d’un plat de poireaux, affiche partout où il passe le zèle du converti.
La conversation avec Nicolas Hulot s’installe naturellement, chez lui autour d’un café. Il martèle ses convictions à grand renfort de moulinets de bras persuasifs. « On a rendez-vous avec l’Histoire ! Le principal danger du réchauffement climatique est géopolitique. Je reviens de Dakar, où la population double tous les dix ans, en grande partie en raison des migrations qui découlent de la désertification. Où ces gens finiront-ils par aller ? Vers le nord, logiquement et légitimement. » Il fait rouler un à un les arguments – scientifiques, politiques, sociaux – pour mieux convaincre. Puis, tel qu’en lui-même, il passe dans la même phrase de l’abattement à l’espoir : « Trois fois par jour, j’ai envie de tout abandonner. Et puis je me dis qu’il ne faut pas. A un moment, le bon sens finira par s’imposer. »
Après son échec aux primaires d’EELV en 2011, c’est en décembre 2012 que le retraité de la télé a fini par se remettre en selle, en saisissant la main tendue par l’Elysée. « On a calé ma mission avec François Hollande très simplement, en échangeant quelques SMS », raconte-t-il. C’est ainsi – « bénévolement », précise-t-il – qu’il s’est retrouvé nommé « envoyé spécial » du président de la République. Il a négocié une totale liberté de parole. Nicolas Hulot, en s’installant à l’Hôtel de Marigny, a surtout retrouvé sa fonction préférée. Celle de l’homme qui susurre à l’oreille des présidents de la République.
En 1989, François Mitterrand l’a convié à un rendez-vous à l’Elysée. Mais il l’a snobé magistralement, ne levant pas les yeux sur son hôte, condamné à soliloquer. Jacques Chirac, alors maire de Paris, a eu vent de cette humiliation ; ce fut le début d’une amitié sincère et d’une collaboration fructueuse. Nicolas Hulot fut l’un des inspirateurs du fameux « notre maison brûle et nous regardons ailleurs », lancé par le président à Johannesburg en 2002. Et l’un des promoteurs de la Charte de l’environnement de 2004.
Avec Nicolas Sarkozy, la relation a été moins fluide, mais aussi productive. En 2007, l’animateur, qui venait de pousser presque tous les candidats à signer son pacte écologique, était à son zénith. Incontournable. Le nouveau président l’a compris, ajoutant le vert à sa palette de couleurs. « Sans Nicolas Hulot, il n’y aurait jamais eu de Grenelle de l’environnement », lui rend hommage Chantal Jouanno. « Quand Jean-Louis Borloo a pris les rênes du ministère de l’écologie en 2007, il est parti quelques jours à Saint-Lunaire, chez Nicolas Hulot, pour se préparer au poste », se souvient Pascal Durand.« Nicolas a une stratégie : il essaie d’influencer directement ceux qui sont au pouvoir. Les pouvoirs, en retour, essaient de l’instrumentaliser. C’est la loi du genre. Mais ce qu’il fait est respectable et probablement pas moins efficace que ce que font les élus écologistes », estime Daniel Cohn-Bendit.
Ancien héros consensuel, gendre idéal cathodique, il est devenu un imprécateur parfois très sombre, qui ajoute au diagnostic écologique une critique sans concession du capitalisme. « On déplore les conséquences mais on continue d’adorer les causes », peste-t-il, en dénonçant le « culte de la croissance ».
Sorti en 2009, son film Le Syndrome du Titanic, une chronique effrayante et anxiogène de la destruction du monde naturela signé sa radicalisation. MaisLe Syndrome du Titanic « était porté par un sentiment d’urgence. Celui des gens qui voient que la situation se dégrade très fortement. », estime Dominique Bourg, vice-président de la Fondation Hulot. Celui bien sûr des scientifiques qui s’alarment d’une évolution plus rapide que prévu, concrétisée en 2014 par l’année la plus chaude jamais enregistrée.
Aujourdhui envoyé spécial de François Hollande, Nicolas Hulot saute de pays en pays pour convaincre les chefs d’Etat ou leurs ministres de l’urgence de s’attaquer à la réduction des émissions de gaz à effets de serre.« Sur le nombre, on doit bien en polliniser quelques-uns », espère-t-il. Quelques jours après nous avoir reçus à Saint-Lunaire, Nicolas Hulot a repris son bâton de pèlerin et son passeport diplomatique d’« envoyé spécial », direction le Vatican. C’est sa nouvelle antienne : faire des Eglises et des responsables religieux ses meilleurs alliés. « Tout le monde se fout de moi en disant que je suis tellement désespéré que je me tourne vers Dieu. Mais il faut tout essayer !», martèle-t-il. Il a aussi rencontré en janvier 2014 le patriarche de Constantinople, Bartholomée, qu’il a trouvé « très préoccupé » par la montée du mercure. Beaucoup plus que Manuel Valls, manifestement, qui n’a jamais pris le temps de caler avec lui le moindre rendez-vous.
Imprécateur, prêcheur, mystique, millénariste… le champ lexical de la religion le poursuit alors qu’il n’est pas croyant, ou si peu. Ses états d’âme en bandoulière, Nicolas Hulot court encore, mu par l’énergie du désespoir. Surnommé le « commandant couche-tôt » par ses amis – il ne boit pas, ne fume pas, s’endort avec les poules, se réveille avec les mouettes -, il a pourtant du mal à dormir. « Chaque nuit, je fais le procès de la veille », confie-t-il. Il est « habité » par ses convictions, disent tous ses proches, en utilisant le même mot. « Il a un côté Primo Levi. Celui de l’homme qui se demande « pourquoi suis-je vivant, à quoi puis-je être utile ? » », pointe encore Pascal Durand. »
* M le magazine du MONDE du 27 décembre 2014, Qu’est-ce qui fait courir Nicolas Hulot ?
Je me suis posé la même question que M. Barthes et j’ ai fini par apprendre que ce « bon » NH nous ressort l’ antienne des gauchistes : « la surpopulation n’ est pas un problème car nous possédons assez de ressources pour nourrir 12 milliards d’ habitants, mais plutôt dans la mauvaise redistribution des richesses » .
En ce domaine , il égale la pleureuse onusienne Ziegler
A pleurer de rire !
Oui, mais alors pourquoi ce silence de sa part sur la question démographique ? Pourquoi quelqu’un qui, avec raison, fustige le « court termisme » de nos sociétés et de leurs dirigeants se détourne-t-il autant de la question qui est celle du long terme par excellence ? Quelle place laisserons nous à la nature si vigoureusement défendue par Nicolas Hulot dans un monde de 11 milliards d’habitants en 2100 ?
Nous avons sur ce blog consacré beaucoup d’articles à l’action de Nicolas Hulot. En voici quelques exemples :
Nicolas Hulot, son pacte écologique toujours d’actualité
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/10/15/nicolas-hulot-son-pacte-ecologique-toujours-dactualite/
Nicolas HULOT nous quitte, il reviendra après sa déprime
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/09/13/nicolas-hulot-nous-quitte-il-reviendra-apres-sa-deprime/
José Bové choisit Nicolas contre Eva poour les primaires écolos
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/07/03/jose-bove-choisit-nicolas-contre-eva/
Nicolas Hulot/Eva Joly au second tour des primaires écolos
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/07/02/hulot-joly-au-second-tour/
pacte anti-Hulot, manipulation de la démocratie
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/06/19/pacte-contre-hulot-manipulation-de-la-democratie/
premier débat Hulot/Joly, léger avantage à Nicolas
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/06/07/premier-debat-hulotjoly-leger-avantage-a-nicolas/
Nicolas Hulot et la primaire de l’écologie
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/05/31/nicolas-hulot-et-la-primaire-de-lecologie/
plus à gauche et moins à droite, Nicolas Hulot
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/05/17/plus-a-gauche-et-moins-a-droite-nicolas-hulot/
la catastrophe, Nicolas Hulot n’en veut pas
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/05/16/la-catastrophe-nicolas-hulot-nen-veut-pas/
Nicolas HULOT, deus ex machina en 2007
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/05/13/nicolas-hulot-deus-ex-machina-en-2007/
une chance pour l’écologie, Nicolas HULOT
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/05/04/une-chance-pour-lecologie-nicolas-hulot/
Nicolas Hulot contre le PS, parti croissanciste
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/20/nicolas-hulot-contre-le-ps-parti-croissanciste/
Nicolas Hulot, droite ou gauche?
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/19/nicolas-hulot-droite-ou-gauche/
Nicolas Hulot devient antinucléaire
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/18/nicolas-hulot-devient-antinucleaire/
Nicolas Hulot, compatible avec le Front National ?
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/17/nicolas-hulot-compatible-avec-le-front-national/
Genèse de la candidature Hulot
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/16/genese-de-la-candidature-hulot/
les revenus de Nicolas Hulot
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/15/les-revenus-de-nicolas-hulot/
le candidat Hulot, graine de possibles
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/14/le-candidat-hulot-generateur-de-possibles/
le culot de Nicolas Hulot
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2011/04/13/le-culot-de-nicolas-hulot/
Nicolas Hulot, ange ou démon ?
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2009/10/07/nicolas-hulot-ange-ou-demon/
Nicolas ne nous endort pas
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2008/06/12/nicolas-ne-nous-endort-pas/