Nicolas Hulot a été beaucoup attaqué par une certaine frange de personnes qui se contentent d’une approche superficielle , « l’hélicologiste vendeur de shampoing ». Nous sommes une époque où le bashing fait rage. Le bashing (mot qui désigne le fait d’infliger une raclée) est un anglicisme utilisé pour décrire la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement un individu ou une thématique. Cette confrontation virtuelle est favorisée par l’informatisation de la communication et l’exacerbation des médias avides de sensationnel.
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Or chercher toujours la faille d’une personne est contre-productif, chacun de nous a ses défauts et ses qualités. C’est trop facile aujourd’hui de critiquer une personne en étant assis confortablement devant son clavier d’ordinateur. Ce qui est difficile, c’est de la regarder avec bienveillance, sans la condamner a priori sous tel ou tel prétexte. Ce qui est difficile, c’est de faire l’effort de comprendre autrui au plus profond de ses actes. Je veux mettre en lumière ce qui élève l’homme. Nicolas a été confronté à la brûlure du pouvoir, la tension permanente qui existe entre des idées généreuses au niveau écologique et des actes englués dans les rapports de force socio-politiques. Mais il a quand même essayé de faire passer ses idées en actes.
Nicolas Hulot a si souvent martelé ses convictions devant des journalistes à grand renfort de moulinets de bras persuasifs qu’il n’est pas trop difficile de connaître presque tout ce qu’il pense. Il s’exprime directement ou il est analysé publiquement ou dans les autres médias. Tout ce que vous allez lire est déjà de notoriété publique, ses pensées et ses actes se trouvent exposé dans les médias, les rayons des librairies ou les archives de la télévision. Pour essayer d’éviter la catastrophe, Nicolas Hulot a fait tout au cours de sa vie le maximum de ce qu’il était possible de faire dans différentes instances, la télévision avec Ushuaïa, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), les élections où il est intervenu directement ou indirectement, et maintenant un poste de ministre d’État pendant plus d’un an à l’heure où j’écris ces lignes. Jamais un écologiste n’a été aussi loin que lui pour politiser les écologistes et écologiser les politiques, y compris au plus haut niveau de l’Etat. Il a conseillé les présidents de la république Chirac, Sarkozy, Hollande. Son choix de toujours était cornélien : faut-il s’opposer par avance à des décisions qui ne sont pas encore prises ou agir pour réorienter la politique dans le bon sens ? Sa réponse constante est sans ambiguïté, il s’est même engagé directement au niveau politique. Lors de la présidentielle 2007, il a fait signer par tous les principaux candidats la « Charte de l’écologie ». Candidat à la présidentielle de 2012, il a échoué au sein de la primaire d’EELV à cause de l’imbécillité gauchisante des partisans de l’écologie institutionnalisée. Mais il est devenu envoyé spécial pour la planète de François Hollande. Lors de la présidentielle 2017, Nicolas Hulot a mesuré personnellement le vertige du pouvoir, dans un contexte où l’éclatement des partis traditionnels avait donné leurs chances à des candidats nouveaux sur la scène politique. Il pouvait peut-être parvenir au second tour devant le FN de Marine Le Pen et les Insoumis de Mélenchon s’il était resté candidat. Il a renoncé au dernier moment, il pensait avoir trop à perdre, lui et sa famille, dans la lutte pour le pouvoir. Il a obtenu avec Emmanuel Macron le titre de ministre de la transition écologique et solidaire. Devenir ministre pour un écologiste est un passage périlleux qui met en déséquilibre ses idées théoriques et idéaliste face à une pratique qui oblige à des compromis incessants. La volonté de mettre en place une écologie de rupture avec le système dominant se heurte à des résistances de toutes sortes. Il a démissionné.
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Nicolas pose clairement le problème : « Quel compromis peut-on trouver entre notre idéal et le monde tel qu’il est, avec son inertie, sa résistance et sa dynamique fulgurante. Si notre combat était partagé par le plus grand nombre, nous l’aurions déjà mis en chantier. » Les difficultés d’une transition sont socio-politiques et tiennent à la question de l’acceptation par l’opinion des fortes contraintes que nécessite l’urgence écologique. Nicolas précisait : « Je ne prends pas l’opinion pour plus bête et égoïste qu’elle ne l’est, mais je n’ai pas non plus une vision angélique, surtout quand la psychologie des hordes se substitue à la psychologie individuelle. D’où le rôle des leaders d’opinion. Mais où sont passés nos intellectuels, nos artistes ou nos leaders religieux dans le discours écologique ? Le jour où les artistes, les intellectuels et les hommes politiques de tous bords se bougeront à l’unisson, alors la société civile pourra se faire entendre. Qu’ils nous incitent à passer d’une société épicurienne à une société plus raisonnable, à comprendre que notre plaisir et notre enchantement ne résident pas dans la possession. » L’opinion doit accepter des freins opposées à ses désirs (de déplacements sans limites, de puissance sans limites, de consommation sans limites). Comme l’exprime Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. » Nous sommes tous co-responsables face à l’urgence écologique.
Michel SOURROUILLE
Engagé c’est certain, sincère je le crois. Ceci dit Nicolas Hulot n’est pas un dieu, ni un surhomme, il n’est qu’un être humain. Avec ses qualités et ses défauts, ses contradictions etc. comme nous tous. Maintenant c’est vrai, beaucoup ont pris un malin plaisir à se moquer de lui, moi le premier. Faisons déjà la part des choses sur tout ce qui a pu être dit et qui sera encore dit, balancé et déballé à son sujet. Se moquer de sa naïveté n’empêche pas de reconnaître son engagement et/ou sa sincérité. Le qualifier d’hélicologiste ou d’écotartuffe n’est pas du même ordre que le traiter de salaud. Ou ne serait-ce que de sale type. De toutes façons et ce n’est pas nouveau la méchante critique est le sort de tous les personnages médiatiques, Zola aussi a eu ses caricatures. Qu’on m’en cite ne serait-ce qu’un, ou une, qui fasse l’unanimité. Bébel peut-être ? 😉
Le problème ce sont les meRdias et le Net, qui poussent à la démesure.
Faisons donc la différence entre la moquerie, qui souvent n’est qu’une forme pas très grave de la Bêtise, et les méchantes attaques, gratuites et minables, bref ce que j’appelle la Saloperie.
Biosphère conclue en traduisant ainsi la pensée de Hulot : « Nous sommes tous co-responsables face à l’urgence écologique. » De mon côté j’aurai toujours tendance à me moquer de ce genre d’affirmation, en disant par exemple que c’est là bien pratique pour ne pas pointer la plus grosse responsabilité, celle des multinationales et des capitalistes. Ou alors qu’un con-sot-mateur, irresponsable par définition, ne peut pas être un citoyen. Même les mots démocratie et citoyen me font rire rire, et me donnent envie de me moquer de ceux qui croient à ces salades. Mais est-ce que dire ça, fait pour autant de moi un salaud ? Un salaud ou un je ne sais plus quoi (il suffit de lire certains commentaires). Un anar, un coco, un gaucho, un rigolo etc. oui bien sûr.