Non à une primaire ligotant les écologistes à la gauche

C’est un petit texte écrit sur un coin de table par les écologistes Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot cornaqués par le sociologue Michel Wieviorka. Après on en fait une pétition à signer sur Internet : « … Nous appelons à une grande primaire des gauches et des écologistes. Notre primaire est la condition sine qua non pour qu’un candidat représente ces forces à l’élection présidentielle en incarnant le projet positif dont la France a besoin… » Constatons d’abord que l’écologie n’est pas au centre de cet appel. On parle de Front national et de droitisation de la société, d’impuissance politique et de débat à approfondir, et de façon sous-jacente de la nécessité de désigner un seul candidat à la présidentielle au nom de toutes les gauches. En fait comme d’habitude il s’agit d’une manœuvre politicienne. Jadot l’exprime clairement : « Si Hollande refuse la primaire, c’est lui qui va à la faute. »* Alors une candidature écologiste pourrait sans remords se déclarer pour 2017 : François Hollande assumerait seul l’arrivée de Marine le Pen au second tour. Marre de ces positionnements politicards. Soyons clair, l’écologie politique n’est pas à vendre sur le grand marché des gauches et des alliances « populaires ». Soyons plus précis.

Abordons le fond du problème, la place de l’écologie politique sur la grande scène politique. A propos de cet appel à primaire, Alain Lipietz parle sur son blog d’une présidentielle autrefois « à quatre partis, deux dans chaque camp, le premier tour servant à désigner l’option la plus crédible au sein de chaque camp ». Il estime ce temps révolu avec la quasi certitude que l’extrême droite sera au second tour. Il a peur du « tigre en papier », ce FN sans programme sérieux qui surfe uniquement sur le mécontentement de l’opinion face aux errements du PS et de l’ex-UMP. La montée du Front national, c’est Sarkozy et Hollande, Valls et consorts qui en sont responsables, pas l’écologie politique. A eux d’affronter Marine le Pen qui, de toute façon ne sera pas élue au deuxième tour en 2017 car le « front républicain » se formera à ce moment-là.

Par contre le premier tour doit bien continuer à montrer aux électeurs plusieurs modèles de gouvernement, surtout à une époque où PS et LR ne diffèrent plus vraiment, c’est du social-libéralisme autoritaire des deux côtés. Donc le seul modèle cohérent à opposer au FN, c’est bien ce « désir d’écologie » qui commence à imbiber le corps électoral. Sortons de la logique politicienne à courte vue, montrons à la présidentielle 2017 qu’il n’y a pas le choix, ce sera l’écologie au pouvoir ou le chaos énergétique, climatique, économique et socio-politique. Il y a bien deux modèles de société en présence, le social-libéralisme et le social-écologisme. Hollande et Valls ont choisi leur camp, anti-écolo. L’écologie politique doit garder son autonomie vis-à-vis des gauches… et de la droite. La présence d’un candidat ou une candidate de l’écologie politique à la présidentielle 2017 sera un des sujets du congrès d’EELV de mai-juin prochain et ce débat se fera en dehors des partis de gauche.

* LE MONDE du 12 janvier 2016, un collectif de personnalités réclame une primaire à gauche en 2016

2 réflexions sur “Non à une primaire ligotant les écologistes à la gauche”

  1. D’accord sur le non à une primaire ligotant l’écologie à la gauche et pour le reste de l’article, je suis assez d’accord sauf sur un point : où donc avez-vous vu que le désir d’écologie commence à imbiber le corps électoral ? En fait, l’écologie politique quels que soient ses candidats ou ses listes, issus ou non d’EE/LV font de très mauvais scores, bien plus mauvais qu’à une époque antérieure. Regardez les dernières législatives partielles, les cantonales, les régionales ou les européennes et comparez-les aux précédentes… Que faites-vous des scores obtenus il y a quelques années qui étaient bien meilleurs qu’aujourd’hui sans même parler d’un passé plus lointain. Quant aux sondages sur les intentions de vote, mieux vaut ne pas en parler!
    Espérons simplement que c’est la fin du reflux quoique avec les partis censés représenter l’écologie et qui tiennent le devant de la scène politico-médiatique, j’en doute fort.

    1. bonjour Jean-François
      Nous n’avions pas dit que les électeurs avaient envie de voter pour des candidats écolos, nous avons juste dit que le « désir d’écologie commence à imbiber le corps électoral ». Les citoyens se sentent de plus en plus concernée par l’urgence écologique, il se forme un peuple écolo, mais ce peuple n’a pas encore rencontré son Jaurès de l’écologie. Cela viendra, si tout se passe bien…

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