99 % de nos échanges se basent sur le postulat que tout se vaut et que, finalement, l’option que je retiens est celle qui m’arrange. Même si elle est fausse. Même si elle nous mène à la fin de la civilisation occidentale, accompagnée d’un cataclysme à côté duquel le nombre de victimes des guerre mondiale paraîtra infime. Toutes les informations ne se valent pas. Une (dés)information qui rassure dans l’immédiat (le réchauffement climatique n’existe pas, la technologie nous sortira d’une mauvaise passe climatique, on trouvera toujours de l’énergie gratuite…) n’empêchera pas l’effondrement qui arrive, il l’accélère. La désinformation flatte trop souvent mon ego et ne dit presque rien sur le véritable état de la planète. Le monde se casse la gueule, la sixième extinction frappe à notre porte, on ne peut plus parler de « progrès », la croissance économique ne nous sauve pas, elle nous fait couler !
Que faut-il penser du principe de précaution à un moment où en France un présidentiable (François Fillon) veut qu’on n’en parle plus ? « Penser que la catastrophe est déjà présente peut au contraire nous faire agir afin que, précisément, elle ne se produise jamais (formule empruntée à Hans Jonas, philosophe allemand, Le principe responsabilité, 1979).» À l’inverse, l’absence de ce principe revient à accorder la même valeur au fait de rester dans l’expectative, «je ne suis pas assez informée, je ne sais pas trop qui a raison, tous les points de vue se valent, etc.» alors que tout peut s’effondrer. On fait l’autruche et on se satisfait de faire l’autruche en disant : «qui es-tu pour me dire que j’ai tort ?». Dans l’autre cas on se remonte les manches pour éviter la catastrophe. Dans le premier cas on se satisfait d’avoir pu dire « ce n’est pas la fin du monde, tu pourrais m’apporter une multitude d’arguments et je pourrais aussi t’apporter une multitude d’arguments. Tout dépend de notre vision, de notre point de vue. » C’est d’ailleurs ce que font généralement les médias en présentant tous les points de vue, à commencer par ceux qui ne remettent pas en question la civilisation thermo-industrielle. Dans le second cas on sauve (peut-être) ce qu’il reste à sauver.
D’un côté c’est finalement une histoire d’ego, entre adeptes de la post-vérité (mentir pour exister, comme l’a montré Trump), de l’autre côté c’est juste la fin d’une civilisation à laquelle se préparer activement ! Fin d’un monde à laquelle tu ne crois pas trop, je sais, faute de visibilité à l’heure actuelle si ce n’est la fonte médiatisée des glaciers et quelques centimes d’augmentation à la pompe. Mais toi, tu peux aussi voir à plus long terme, et constater que ces deux visions ne se valent pas. Que l’une nous mène automatiquement à la dégradation collective, l’autre essaye d’échapper à la dégradation que nous faisons subir à la planète ? Que l’argument « tu as peut-être tort » ne tient pas face au fait que, à l’inverse, les conséquences de notre inaction sont DRAMATIQUES ? C’est le paradoxe des climato-sceptiques, ils ont toujours tort. Si le réchauffement climatique n’existe pas comme ils le font croire, mais que nous économisons les énergies fossiles en ne les écoutant pas, c’est autant de gagner pour les générations futures . S’ils ont tort en nous ayant fait douter du réchauffement climatique, ce sera un désastre pour les générations futures… dont ils seront responsables. L’arrivée au pouvoir de Trump aux USA montre que nous sommes peut-être rentrés dans un jeu perdant-perdant à cause des propagandistes du doute… A nous de réagir !
(variation libre autour d’un texte de Robin Branchu)
@biosphere
Je pense que ça fait partie des similitudes inquiétantes avec les années 30. Et encore, à l’époque on pouvait encore croire qu’il restait de nombreux actes avant l’épilogue.
@ José, ce texte prémonitoire de JA Grégoire écrit en 1979 dans son livre « Vivre sans pétrole » :
Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 !
Le problème de la déformation des faits devient de plus en plus grave, même au plus haut niveau:
« Faits alternatifs » : le porte-parole du 45e président des Etats-Unis, Sean Spicer, a affirmé que « sa cérémonie d’investiture (à Donald Trump) fut la plus grande en termes d’audience », alors que les photos de l’événement montrent le contraire.
« Post-vérité » : discours qui méprise les faits objectifs en faisant appel à l’émotion et/ou aux croyances personnelles pour renforcer son influence sur l’opinion publique. Donald Trump dans sa campagne électorale a été le champion de la post-vérité. D’ailleurs, il est climato-sceptique, on peut même dire « négationniste du climat » sans trumper la réalité.
Je crains en effet que la nature ne s’embarrasse d’aucun relativisme pour mettre les choses en place. La vérité sera la sienne sans discussion possible.
Bonsoir
Bien entendu notre vision du Monde varie selon les lunettes, l’angle de vue, etc.
Il y a donc autant de visions du Monde qu’il y a d’individus qui l’observent…
Mais ce n’est pas pour autant que toutes les opinions se valent. D’ailleurs il y en a qui ne valent absolument rien ! Ce sont celles qu’on ramasse par exemple au bistrot, lors d’une soirée bien arrosée. Et puis il y a tous ces « il paraît que » , « on a dit que »… et aussi tous ces lieux communs qu’on a très rarement osé remettre en question. Comme celui-ci : « C’est MA vérité ! et c’est TA vérité ! »
Combien déjà sont ceux qui font une différence entre croire et savoir ? Combien savent faire des nuances entre toutes les formes de croyances ? Depuis la simple opinion (celle qu’on sonde et mesure en permanence), cette simple opinion qui n’est que le degré zéro de la connaissance… jusqu’à la conviction, ou la vérité scientifique, qui elles sont le résultat d’un long et laborieux travail ?
Bonsoir
Bien entendu notre vision du Monde varie selon les lunettes, l’angle de vue, etc.
Il y a donc autant de visions du Monde qu’il y a d’individus qui l’observent…
Mais ce n’est pas pour autant que toutes les opinions se valent. D’ailleurs il y en a qui ne valent absolument rien ! Ce sont celles qu’on ramasse par exemple au bistrot, lors d’une soirée bien arrosée. Et puis il y a tous ces « il paraît que » , « on a dit que »… et aussi tous ces lieux communs qu’on a très rarement osé remettre en question. Comme celui-ci : « C’est MA vérité ! et c’est TA vérité ! »
Combien déjà sont ceux qui font une différence entre croire et savoir ? Combien savent faire des nuances entre toutes les formes de croyances ? Depuis la simple opinion (celle qu’on sonde et mesure en permanence), cette simple opinion qui n’est que le degré zéro de la connaissance… jusqu’à la conviction, ou la vérité scientifique, qui elles sont le résultat d’un long et laborieux travail ?