nos pronostics sur le quinquennat de François Hollande

La gauche comme la droite, quand elle prend le pouvoir, consacre les premiers mois de sa gouvernance à obéir à une règle constante : on récompense après l’élection les catégories sociales qui vous ont porté au pouvoir. Et puis, au bout de quelques mois, on fait régler la note de ses libéralités par l’ensemble du pays en invoquant « l’intérêt national ». Sarkozy, qui avait promis la rupture, a poussé cette pratique détestable jusqu’à la caricature : Président des riches, des grands groupes industriels et des lobbies au début de son quinquennat, puis père la rigueur et donner de leçons de responsabilité fiscale. Le Président François Hollande, qui croit que la social-démocratie imagine des politiques nouvelles, peut-il faire autrement que faire d’abord plaisir à ses amis pour se révéler autrement  plus tard ?

Après cinq ans d’incohérences sous la présidence de l’agité Nicolas Sarkozy va commencer cinq ans d’illusions avec son remplaçant placide François Hollande. Cela nous paraît évident quand on lit le dialogue* d’un Hollande atteint de surdité par rapport à la clairvoyance d’Edgar Morin. François se dit un « militant du progrès », croyant au mythe socialiste de « l’avancée de l’humanité vers un sort meilleur pour les individus ». Edgar lui répond que le progrès n’est pas une « loi automatique de l’Histoire ». François se positionne « pour un niveau plus élevé de croissance ». Edgar estime qu’il faut « rompre avec le mythe de la croissance à l’infini », « faire décroître l’économie des produits futiles… ».

Edgar met en évidence « les nuisances et catastrophes engendrées par le développement techno-scientifique », François croit que « la technologie peut nous aider » à lutter contre le gaspillage. Edgar veut « promouvoir les circuits courts » et « l’autonomie vivrière », il voit renaître dans les villages des « boulangeries-épiceries-buvettes ». Hollande s’accroche encore à la vieille idée de la décentralisation « pour harmoniser l’attractivité de tous les territoires », c’est-à-dire mettre en concurrence tous les territoires. Edgar constate que la gauche doit aussi être « écologique car notre devenir nécessite un effort pour sauvegarder à la fois la nature et notre propre nature humaine », François ne dira pas un mot des rapports de la gauche avec l’écologie. François Hollande en est encore au socialisme de Jaurès, il ne perçoit pas du tout que nous allons vivre une crise de civilisation comme essayait de lui faire ressentir Edgar Morin ! La fin de son quinquennat sera très agitée !

* LE MONDE du 5 mai 2012, Du progrès au pacte social, les pistes pour sortir de la crise de civilisation

1 réflexion sur “nos pronostics sur le quinquennat de François Hollande”

  1. L’avantage de 5 ans de Sarkozy, c’est qu’après, ça passe forcément à quelque chose de mieux.
    Avec 5 ans de Hollande, ce qui viendra après me fait déjà peur.
    Il nous reste 5 ans pour trouver une voie pour limiter les dégâts de l’après 2017.

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