Techniques anciennes ou techniques modernes ? Le débat est lancé et va prendre de l’ampleur avec la systématisation des crises écologiques. Ainsi l’Unesco parraine la création d’un institut international des savoirs traditionnels à Florence. Mais un musée qui se contente de transmettre la mémoire, avec un espace de loisirs et des bateaux électriques (LeMonde du 11-12 juillet), ne correspond pas du tout à l’enjeu. Bientôt le temps ne sera plus à l’accueil des touristes, mais à la réappropriation concrète des savoirs artisanaux qui permettaient de faire beaucoup avec peu. Le président de cet Institut constate d’ailleurs : « Le modèle économique actuel est fondé sur la destruction accélérée des ressources de la planète. L’innovation technologique, contrôlée par de grands groupes, devient un adversaire de l’homme. Les innovations anciennes ou à venir doivent être au service d’un monde durable. » En fait Pietro Loreano redécouvre un débat qui avait déjà eu lieu dans les années 1960, techniques douces contre techniques dures.
Voici un tableau comparatif du Nouvel Observateur de juin-juillet 1972, « spécial écologie – La dernière chance de la Terre » :
Société à technologies dures |
Communautés à technologies douces |
Grands apports d’énergie Matériaux et énergie non recyclés production industrielle priorité à la ville séparé de la nature limites techniques imposées par l’argent… |
Petits apports d’énergie matériaux recyclés et énergie renouvelable production artisanale priorité au village intégrée à la nature limites techniques imposées par la nature… |
La technologie utilisée doit être douce, douce à l’usage, douce à la reproduction du savoir-faire, douce à la Nature. Ce n’est pas le cas de l’immense majorité des techniques actuelles…
Tout cela est évidemment connu depuis les années 1960, le club de Rome, René Dumont et tutti quanti…Mais il n’y a pas lieu d’accuser les « multinationales », chez lesquels tout le monde rêve de trouver un emploi et qui fondent notre délicieuse société de consommation, week-ends à Marrackech etc…. Personne ne veut renoncer à la société de consommation. Personne ne veux revenir à l’huile de coude, parce que l’huile de coude, c’est fatigant. Autre chose que le piètre débat actuel sur la « pénibilité »….D’ailleurs, Elisabeth Badinter ne s’y est pas trompé : la société durable, c’est les hommes à la charrues et les femmes à torcher les gosses…Alors, toutes ces jérémiades sur le durable pas durable me paraissent bien vaines. Foin des idéologies. Il faut consommer moins d’énergie et produire plus sophistiqué. Cela me paraît beaucoup plus sûr que le retour en arrière. Ensuite, réussirons-nous ? Advienne que pourra. Seule l’espèce humaine est menacée. la Terre survivra à tout sauf à un gros astéroïde.