Tout un chapitre de la Constitution Équatorienne de 2008 est dédié aux droits de la Nature ; son article 71 dispose que la « Nature ou Pacha Mama, où se reproduit et réalise la vie, a le droit à ce que soient intégralement respectés son existence, le maintien et la régénération de ses cycles vitaux, sa structure, ses fonctions et ses processus évolutifs. Toute personne, communauté, peuple ou nationalité pourra exiger à l’autorité publique, l’accomplissement des droits de la nature. » Or le président de l’Equateur, Rafael Correa, a demandé au Congrès le jeudi 15 août 2013 l’autorisation d’exploiter le pétrole dans une importante réserve écologique du Parc Yasuni.
Le Parc Yasuni est une forêt tropicale humide avec la plus grande biodiversité par kilomètre carré de toute l’Amazonie. Environ 11 000 indigènes quichuas et huaorani vivent dans ce parc. En 2007, Rafael Correa avait proposé à l’ONU de ne pas exploiter ce pétrole en échange d’une compensation de 3,6 milliards de dollars à titre de contribution pour la lutte contre le réchauffement climatique. L’Equateur n’a obtenu qu’à peine 13,3 millions de dollars. Rafael Correa en conclut : « Avec une profonde tristesse, mais aussi avec une absolue responsabilité envers notre peuple et envers l’histoire, j’ai été obligé de prendre une des décisions les plus difficiles de tout mon gouvernement. »*
Nous allons boire le pétrole jusqu’à la dernière goutte, manger les forêts et vider les océans. Nos générations futures auront en échange le réchauffement climatique, l’absence de ressources fossiles, une terre soumise à la désertification et beaucoup trop d’armes dont ils se serviront à foison. Dans un livre prémonitoire de 1979, Vivre sans pétrole, J.A. GREGOIRE s’exclamait : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! »
* Le Monde.fr avec AFP | 16.08.2013, L’Equateur se résout à exploiter le pétrole du parc Yasuni
Oui, nous allons boire le pétrole jusqu’à la dernière goutte, et bien sûr, cette phrase n’est qu’une image qui doit être généralisée, nous allons consommer toutes les richesses de la Terre jusqu’au bout.
Les déclarations d’intention en faveur de protection de la nature ne tiendront pas longtemps quand le manque se fera pressant (le combat contre les gaz de schiste en France par exemple ne tiendra pas longtemps avec un litre d’essence à 10 euros). C’est pourquoi souvent je pense que le combat est perdu. L’homme va remettre les compteurs biologique de la planète à presque zéro comme l’avait fait une grosse météorite il y a 65 millions d’années, mais là hélas, le coupable a une conscience et il aurait pu faire quelque chose, le regret n’en est que plus intense.