Pour l’éditorial du MONDE* hier, « Le consensus obtenu à Durban » mérite d’être salué. Pour un scientifique du climat dans l’édition d’aujourd’hui***, « Limiter le réchauffement à 2 °C est visiblement inatteignable ». Un média de référence ne peut plus se contenter de « Durban… peut mieux faire », il faut que les lecteurs se rendent compte de la catastrophe en marche. J’ai de moins en moins confiance à la ligne éditoriale du MONDE ! Car ça chauffe déjà, et demain sera bien pire.
LE MONDE comme les négociateurs semblent parfaitement conscients de la crise de la dette, de l’emploi et du pouvoir d’achat d’aujourd’hui, pas du tout des conséquences du réchauffement pour demain. De désaccord en désaccords, on repousse toujours les échéances des négociations au lendemain : à Durban, c’est pour 2015, ou pour après 2020 ! Après Durban, le cadre juridique des engagements à venir reste à préciser… car le texte rédigé en Afrique du sud ouvre le champ à toutes les interprétations !! Pourtant les faits sont têtus. En 2010, indique le Carbone Budget 2010, l’Humanité s’est délestée de quelques 33 milliards de tonnes équivalent CO2 : + 5,9 % en un an ! Du jamais vu ! Pour mémoire, le taux de croissance d’émissions tournait autour de 1 %, dans les années 1990 et de 3,1 % la décennie suivante… Il faudrait dorénavant baisser les émissions mondiales de 5 % par an au moins. Mission impossible.
Le protocole de Kyoto engageait 39 pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % en 2012 par rapport au niveau de 1990. Ce protocole expirait en 2012, il n’a jamais été respecté. Mieux, le Canada*** est devenu, lundi 12 décembre 2011, le premier Etat à se retirer du protocole de Kyoto. Même son ministre de l’environnement, Peter Kent, se met à prendre des positions contraires à la sauvegarde de l’environnement : « Le Canada court le risque de verser des pénalités de quatorze milliards de dollar, s’il reste signataire du protocole… Nous croyons qu’un nouvel accord(après Durban) avec des contraintes juridiques nous permet, en tant que pays grand émetteur, de créer des emplois et d’avoir une croissance économique …» Aux termes de Kyoto, le Canada s’engageait à réduire en 2012 ses émissions de GES de 6 % par rapport au niveau de 1990, mais ces émissions ont au contraire fortement augmenté. Selon Peter Kent, le Canada aurait dû soit bannir tous les véhicules à moteur de ses routes, soit « fermer » tout son secteur agricole et « couper le chauffage dans toutes les habitations, bureaux, hôpitaux et usines » du pays. On ne veut pas le faire aujourd’hui, on le fera demain à plus grande échelle, contraints et forcés : plus de voitures, plus de chauffage, presque plus d’usines, une agriculture de survie…
Nous allons crever de chaleur, c’est la faute aux médias, c’est la faute aux politiques, c’est la faute aux entreprises, c’est la faute à nous tous… Ding, Ding, la fin du monde approche… Dans les années 90, le Canada enseignait aux élèves les bases de l’écologie : « Reject, Re-use, Recycle ». C’était il y a très longtemps…
* LE MONDE du 13 décembre 2011, Accord de Durban : bien… mais peut mieux faire
** LE MONDE du 14 décembre 2011, Après Durban, limiter à 2 °C le réchauffement est utopique
*** LEMONDE.FR avec AFP | 13.12.11 | Le Canada quitte le protocole de Kyoto
j’aime bien « reject » à la place de « reduce », utilisé plus habituellement. Il faudrait instaurer 2h de cours par semaine aux adolescents pour leur apprendre à REJETER l’obsolescence perçue et planifiée mais également pour DOPER leur esprit critique.
j’aime bien « reject » à la place de « reduce », utilisé plus habituellement. Il faudrait instaurer 2h de cours par semaine aux adolescents pour leur apprendre à REJETER l’obsolescence perçue et planifiée mais également pour DOPER leur esprit critique.