Les incendies de Los Angeles ne sont pas une catastrophe naturelle. Ce qualificatif est un leurre qui déresponsabilise l’humanité, évoquant des colères de la planète face auxquelles nous serions impuissants. L’exposition et la vulnérabilité découlent en réalité de choix humains.
Audrey Garric : Des incendies monstrueux dévastent Los Angeles au moment où l’année 2024 est déclarée comme la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois le seuil de 1,5 °C de réchauffement climatique, la limite la plus ambitieuse fixée par l’accord de Paris fin 2015. Pourtant, les Etats-Unis seront dirigés à partir du 20 janvier par Donald Trump, qui qualifie le dérèglement climatique de « canular ». Il souhaite extraire toujours plus de pétrole et de gaz, énergies fossiles qui réchauffent le climat, alimentant la violence desdits feux. Il souhaite sortir son pays de l’accord de Paris et déréguler les normes environnementales. Il n’y a pas de catastrophes naturelles. Ce qualificatif est un leurre qui déresponsabilise l’humanité, évoquant des colères de la planète face auxquelles nous serions impuissants. Certes, l’aléa naturel existe, mais ce sont les choix d’urbanisation, d’aménagement du territoire et de politiques publiques, et le contexte socio-économique qui le transforment en catastrophe.
L’exposition et la vulnérabilité découlent de décisions humaines. Sous l’effet de la pression démographique, les autorités de Los Angeles ont massivement bâti dans des zones sujettes aux incendies, avec des maisons construites à l’orée de la forêt, et souvent en ossature bois. La gestion de l’eau a toujours été complexe dans cette zone aride. A l’exception des tremblements de terre, l’écrasante majorité des catastrophes sont alimentées ou causées par le réchauffement climatique d’origine humaine. L’adaptation ne suffira jamais sans action urgente pour s’attaquer à la source des maux : les émissions de gaz à effet de serre.
Le point de vue des écologistes rousseauistes
Cela rappelle la fameuse controverse Voltaire/Rousseau sur le tremblement de terre de Lisbonne (1755). Pour Voltaire, c’est une fatalité, ce qui justifie qu’on continue comme avant. Pour Rousseau c’est surtout la faute des hommes : J.J.Rousseau fit à Voltaire cette réponse : « Vous auriez voulu, et qui ne l’eut pas voulu ! que le tremblement se fût fait au fond d’un désert. Mais que signifierait un pareil privilège ? […] Serait-ce à dire que la nature doit être soumise à nos lois ? La plupart de nos maux physiques sont encore notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. (Lettre sur la providence)
Les scientifiques martèlent la catastrophe en marche depuis plus de 50 ans – 1972 : rapport du club de Rome . 1990, c’est le premier rapport du GIEC. Si l’année passée a été la plus chaude, elle a aussi été celle de la plus grande consommation de … charbon !!!! Depuis 50 ans, ni changement, ni adaptation ! Pas grand chose n’a été fait à part le business as usual du court-termisme ! Il est vrai que toutes les catastrophes sont bonnes pour le PIB, vu que les coûts des réparations y contribuent. Il faut décerner la légion d’honneur aux incendiaires. Ce qui veut dire aussi que la rupture qui nous attend n’est pas simplement un changement de paradigme et l’abandon souhaitable du PIB au profit du bonheur national brut.
La rupture écologique que nous prévoyons se fera pour la plupart des gens contraints et forcés, comme dans l’état de guerre. C’est annoncé depuis 1972 et le rapport sur les limites de la croissance : nous allons vers l’effondrement de la société thermos-industrielle, donc vers un état de chômage généralisé, d’inflation galopante et de privations de tous ordres. Qu’on le veuille ou non, ce sera notre réalité et il faudra nous adapter comme on pourra. Tous les empires ont une fin. Le nôtre, empire capitaliste et commercial basé sur des ressources fossiles non renouvelables, ne fera pas exception. L’agonie de l’Empire romain d’Occident a duré plus de trois cents ans. Les empereurs ont certainement dû se rendre compte que quelque chose clochait. Pourtant leur seule réponse a consisté à tout mettre en œuvre pour maintenir le statu quo jusqu’à ce que l’empire rende son dernier soupir. Les ressources naturelles qui avaient permis l’expansion du système impérial s’amenuisaient. Les mines d’or et d’argent d’Espagne s’épuisaient. Il ne subsistait plus aucun voisin facile à envahir et à piller. L’érosion des sols fertiles faisait diminuer la production agricole. Par ailleurs, les dépenses colossales à consentir pour l’armée, la cour impériale et le système bureaucratique avaient nécessité la mise en place d’un régime fiscal qui a précipité la faillite. La cité de Rome comptait près de 700 000 habitants lors de sa gloire, il n’y en avait plus que 20 000 au final…
Alors Trump, c’est symbolique de l’attitude des dirigeants au moment de l’effondrement : on fait tout pour l’accélérer. La nouvelle administration américaine est constituée de personnes liées aux entreprises du charbon, du pétrole et du gaz. Exemple, le dirigeant de la principale société de fracturation hydraulique en fait partie. Choisir d’amplifier les phénomènes naturels est un choix humain. Et croire que raconter des fake news va changer la face du monde en bien devient leur mantra. L’hubris actuel, c’est de croire que le « progrès » humain va régler tout ça spontanément.
Notre plus ancien article sur la responsabilité humaine
12.09.2005 Vous êtes des animaux stupides
La surface dévastée par l’ouragan Katrina en 2005 est de 235 000 km2, soit près de la moitié de la superficie de la France. Colère et désespoir gagnait en particulier les 300 000 habitants de la Nouvelle-Orléans en attente d’évacuation. Rudolph éclate : « On vit comme des animaux, sans électricité, sans eau, sans toilettes, sans douches, sans rien. Il faut que l’on sorte de là, on devient fous et malades. Ma fille et ses deux petites filles vivent comme des clochardes, c’est insupportable ». S’il est vrai que le cataclysme a révélé le niveau élevé des inégalités et la cruauté des rapports sociaux aux USA, en fait l’ouragan n’est qu’un épiphénomène : les humains sont les premiers responsables de la catastrophe. Dès 1722, on commençait l’édification des travaux d’assèchement de ce qui était un marécage propice à la biodiversité. En 1763, La Nouvelle Orléans n’avait encore que 3200 âmes, mais il y eut ensuite l’explosion urbaine qui avait aujourd’hui besoin de six grandes stations de pompage fonctionnant 24 heures sur 24, même par temps sec !
La Biosphère vous rappelle que les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans électricité, ni eau courante ou douches privées. Tout cela n’est que le privilège de la classe globale actuelle qui utilise sans limites les ressources naturelles au détriment de beaucoup d’humains, des autres animaux et des écosystèmes : les premiers destructeurs des cycles vitaux sont les habitants de villes dont on croit qu’elles peuvent survivre même en dessous du niveau de la mer !
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Déni de la catastrophe, une erreur commune (2024)
extraits : La mise en garde n’est pas nouvelle. Lors d’une allocution à l’ORTF, le présidentiable René Dumont constatait le 19 avril 1974 : « Nous les écologistes, on nous accuse d’être des prophètes de malheurs et d’annoncer l’apocalypse. Mais l’apocalypse nous ne l’annonçons pas, elle est là parmi nous, elle se trouve dans les nuages de pollution qui nous dominent, dans les eaux d’égout que sont devenues nos rivières… » Mais plus la planète se dégrade, plus il est politiquement payant de dénier la situation. Comment comprendre un tel état de choses ? Le dérèglement climatique exige de réduire nos émissions, de manger moins de viande, de prendre le vélo et de ne plus prendre l’avion ; et le tout pour des raisons étrangères à nos expériences présentes. Les propos compliqués et abstraits des scientifiques ne font pas le poids. Ce décalage est politiquement mis à profit par les populistes et l’industrie….
Serge Latouche et la pédagogie des catastrophes (2018)
extraits : « Lorsque j’ai commencé à prêcher la décroissance, j’espérais que l’on puisse bâtir une société alternative pour éviter la catastrophe. Maintenant que nous y sommes, il convient de réfléchir à la façon de limiter les dégâts. En tout cas, la transition douce, je n’y crois plus. Seul un choc peut nous permettre de nous ressaisir. Je crois beaucoup à la pédagogie des catastrophes – dans ces conditions, le virage peut être très rapide. L’histoire n’est pas linéaire…
– « Les incendies de Los Angeles ne sont pas une catastrophe naturelle. Ce qualificatif est un leurre qui déresponsabilise l’humanité, évoquant des colères de la planète face auxquelles nous serions impuissants. […] » (Audrey Garric)
Bien sûr il faut lire la suite.
Seulement je pense que ces deux (premières) phrases peuvent nourrir la…Trumperie.
À moins qu’ils aient été allumés intentionnellement, les incendies de forêts (à Los Angeles comme ailleurs) SONT des catastrophes naturelles. Comme les tremblements de terre, éruptions volcaniques, tsunamis etc. Sauf que nous SAVONS que ces catastrophes ont toujours existé, et de plus nous CONNAISSONS les zones à risques. Risques que nous savons, parfois, mesurer, évaluer et même prévoir. C’est là que l’échange entre Voltaire et Rousseau est intéressant. Pour ceux que ça intéresse, évidemment. (à suivre)
(suite) Bref, c’est là que la position de Rousseau prend tout son sens.
La seconde phrase peut porter à confusion à cause de… deux mots.
C’est là qu’il faut penser à Trump. Si ces incendies à Los Angeles ont fait autant de dégâts… ce n’est évidemment pas parce qu’ils étaient imprévisibles, ni parce les maisons sont majoritairement en bois, encore moins parce que la densité est ce qu’elle est… et surtout pas à cause du réchauffement climatique («canular»)… mais tout connement parce que, selon lui…. les responsables politiques de Californie sont des … incapables ! Autrement dit des impuissants responsables de tout ça.
Si c’était un tremblement de terre qui avait détruit Los Angeles… dieu sait ce que ce bouffon aurait osé dire.
PS : désolé pour le bouffon et le connement. 😉
– « Certes, l’aléa naturel existe, mais ce sont les choix d’urbanisation, d’aménagement du territoire et de politiques publiques, et le contexte socio-économique qui le transforment en catastrophe. L’exposition et la vulnérabilité découlent de décisions humaines. […] les autorités de Los Angeles ont massivement bâti dans des zones sujettes aux incendies, avec des maisons construites à l’orée de la forêt, et souvent en ossature bois. […] » (Audrey Garric)
C’est pourtant tout aussi clair qu’évident, non ? Eh ben non !
La Preuve, les commentaires débiles de ces misérables anti-écolos.
Mais nom de dieu comment faut-il leur dire les choses… dans quelle langue… pour qu’ils comprennent !!?? Maintenant s’ils sont incapables, de comprendre… parce que trop sourds, trop aveugles, trop cons, ce que je pense… mais nom de dieu comment faut-il faire… pour leur fermer leur pauvre gueule !!?? C’est désespérant !
Modération à Michel C.
Ce n’est pas en traitant des adversaires en idée de débile, misérable, con, sourd, aveugle et trop cons qu’on les mène à considérer ses propres arguments. Au contraire vous entraînez l’effet inverse, rigidifier leur pensée. Il faut combattre des arguments par des arguments, et si cela n’a pas d’impact visible, au moins on sera resté courtois et bienveillant.
Question insultes , il ne se défend pas mal le pire enéen mais on attend la réaction de la modération.
@ Modération : Avant que vous n’interveniez, et fassiez un peu de ménage, j’ai eu le temps de lire l’intégralité du brillant commentaire de notre tout aussi brillant et très cher Marcel.
Marcel alias Methode Duterte ; Major d’Aubuisson… À chacun ses modèles, ses références, ses pseudos, son et ses points de vue, sa et ses méthodes, son style etc. etc.
Je prends acte de vos conseils, et/ou recommandations. Seulement (et vous le savez) je ne pense absolument pas que votre méthode (arguments contre arguments, courtoisie, bienveillance…) puisse être d’une quelconque efficacité avec ce genre de personnages.
J’essaierais toutefois de m’appliquer, de faire de mon mieux… en ne perdant jamais de vue l’intelligence collective, si chère à ce blog. Maintenant ne m’en veuillez pas trop si le naturel revient vite au galop. 🙂
Les incendies de forêts ont toujours existé et cela bien avant l’usage des énergies fossiles, et cela depuis plusieurs millénaires ! Lire article sur Science & Vie intitulé : « La nature se réinvente : Après l’incendie du siècle, Jasper voit naitre une nouvelle forêt ». Voici le paragraphe « Un écosystème en transformation » : » Cet, incendie bien que destructeur a ouvert la voie à une transformation positive de l’écosystème local. Le feu en brûlant la végétation ancienne a laissé place à un environnement propice à l’émergence d’une nouvelle biodiversité. De nombreuses espèces animales qui dépendent de JEUNES forêt pour leur habitat devraient y trouver refuge dans les décennies à venir. Selon Sheperd cette nouvelle forêt sera non seulement plus diversifiée mais également plus résistantes aux futurs incendies.
(suite du paragraphe)
Le rôle du feu dans les écosystèmes n’est pas uniquement destructeur. Au contraire les incendies lorsqu’ils surviennent de manière naturelle jouent un rôle clé dans le maintien de la santé des forêts. En réduisant la densité des vieux arbres et en simulant la croissance de nouvelles plantes, ils permettent à l’écosystème de se renouveler et d’évoluer »
Un peu plus loin dans l’article je cite « Les experts prévoient que cette régénération se poursuivra pendant les 25 à 30 prochaines années. Ils s’attendent à une dynamique plus équilibrée au sein des forêts et à une biodiversité renforcée.
Donc voilà, il y en a marre que des écologistes viennent culpabiliser les populations à chaque fois qu’il y a une catastrophe naturelle ! Surtout que c’est pour matraquer de taxes et impôts les classes populaires et moyennes mais sans toucher aux riches millionnaires et milliardaires.
Perso, j’ opterais ici pour les actes de pyromanes cinglés .
N’ oublions pas que les réchauffistes mondilaistes sont des hystériques en charge de maintenir un climat de peur artificiel dans la population après la pseudo épidémie covidienne
@ Methode Dutertre
C’est une hypothèse qui est fort probable aussi. Les promoteurs immobiliers et le BTP se disent que les classes moyennes n’ont plus les moyens de construire et d’emprunter auprès des banques, et les riches ne dépensent plus car ils ont tellement accumulé, alors en brûlant les maisons des riches, ils veulent les forcer à dépenser leur argent. Il y a aussi la volonté d’étendre la surface de la ville par davantage de constructions, alors ils brûlent les forêts avoisinantes. Il n’en demeure pas moins que la forêt de Los Angeles était vieillissante pour brûler aussi vite, et que même si l’incendie a été déclenchée de manière criminelle, ça aurait tout de même fini par brûler à terme par une catastrophe naturelle !
Le problème étant que dans la mentalité des européens (tant qu’en Europe qu’aux Usa) c’est tabou de brûler volontairement des forêts de manière organisée pour brûler les vieux arbres comme le faisaient les indiens ! Puis aux Usa, tout est privatisé il n’y a pas vraiment de service publique pour entretenir les forêts. Aux Usa c’est chacun pour soi, pompiers privés, personne pour se charger de l’entretien des forêts, car personne ne veut mettre la main à la poche pour financer un tel service pourtant d’utilité et de sécurité publiques. Il n’y a pas de normes publiques non plus pour imposer l’entretien des jardins aux habitants, notamment en coupant la vieille végétation et végétions asséchées dans leurs jardins.
La semaine dernière j’avais lu un autre article que je ne retrouve pas pour le moment, car l’article est noyé parmi tant d’autres qui sont apparus entre temps. Mais cet article expliquait qu’à Los Angeles, avant l’urbanisation, les indiens habitaient justement là ! Cependant ces indiens devaient faire face eux aussi à ces incendies. Or les indiens brûlaient par eux mêmes les portions de la forêt chaque année, ils brûlaient les vieux arbres afin que de jeunes arbres repoussent !!! Les indiens connaissaient le processus naturel que j’ai présenté lors des précédents commentaires. Autrement dit les indiens organisaient les incendies par eux-mêmes avant que ce ne soit la nature qui s’en charge de manière chaotique, ils le faisaient de manière contrôlée pour éviter les désastres que l’on connaît aujourd’hui à Los Angeles. Il faut savoir que les vieux arbres brûlent plus facilement que les jeunes, alors les indiens euthanasié ces vieux arbres.