Nous mangerons bientôt du krill, des insectes, nos déchets

Le krill, nourriture des baleines, est le nom générique de 85 espèces de petits crustacés qui grouillent dans l’océan austral. Le krill antarctique représente 500 millions de tonnes de matière vivante, c’est-à-dire environ 5 fois le volume total des poissons péchés et élevés chaque année dans le monde. L’article de l’Ecologiste* pose la question du krill comme réponse aux besoins alimentaires de la population mondiale en forte augmentation. Malheureusement les progrès technologiques permettent à l’industrie de la pêche d’armer des bateaux capables de capturer des proies aussi petites. Et bien sûr nous visons au gigantisme. Un chalutier norvégien de 135 mètres de long peut déjà prélever et transformer jusqu’à 250 tonnes de krill par jour. L’objectif global était de 400 000 tonnes d’Euphausia superba pour la campagne de pêche 2011-2012. Il en sera du krill comme de nos autres conquêtes alimentaires, à commencer par les baleines, surexploitées, amenées au bord de l’extinction. L’article le dit, « aucune ressource n’étant inépuisable, s’annonce le risque d’un pillage incontrôlé, comme l’ont connu certains gros poissons aujourd’hui menacés de disparition ».

Si l’article pose la question d’une pêche respectueuse  des capacités de reproduction naturelle de l’espèce krill (un vœu pieux), il ne pose pas la question de la démographie humaine. Anne Noury et Pierre Mollo ne soulèvent pas le cercle vicieux qui fait qu’en nourrissant plus de monde, le krill semble nous donne autorisation de procréer encore plus. C’est le même genre d’article que ceux qui nous disent qu’il va bientôt falloir manger des insectes pour survivre. Mais quand nous aurons gratté les ressources ultimes de la planète, quand notre biosphère sera transformée en poubelle géante dans laquelle nous mangerons nos déchets, il ne sera plus question d’une vie véritablement humaine.

Une information complémentaire sur la capacité humaine à la pullulation extrême : « Quelle est la durée de l’intervalle de temps séparant deux grossesses consécutives ? Chez l’humain, le retour de couches peut se produire de trois à quatre mois après la naissance d’un enfant si la mère l’allaite, et au bout de seulement six à huit semaines dans le cas contraire. Ce délai est bien supérieur chez les grands singes, où il peut atteindre 5 à 6 ans chez les chimpanzés, de 2 à 6 ans chez les gorilles et au moins 2 à 3 ans chez les gibbons. » **

* L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Krill : la dernière ressource naturelle encore intacte

** L’Ecologiste n ° 42, avril-mai-juin 2014, Peut-on comparer l’homme et l’animal ?