Nous ne faisons nullement confiance aux Roses « verts »

François Hollande imagine un retour au gouvernement des écologistes après les départementales (22 et 29 mars). « Sur la question du climat, nous devrions avoir un rassemblement très large », veut croire le chef de l’Etat*. Mais d’un autre côté Manuel Valls explique que « Le plus important est de garder la cohérence de la ligne du gouvernement ». Ce gouvernement croissanciste qui a déjà amplement démontré le mépris dans lequel il tenait l’écologie en virant deux ministres (socialistes) de l’écologie qui faisaient bien leur travail ne comprendra jamais ce que veut dire « la planète brûle ». Dans l’esprit du couple Hollande/Valls, avoir des écolos au gouvernement, c’est surtout une tactique politicienne pour empêcher une candidature écologiste à la présidentielle de 2017. Il faut des Verts qui deviennent roses. Pas difficile, des gens comme Jean-Vincent Placé ou de Rugy piaffent d’impatience. Qu’en penser ?

A part noyauter ce parti et distribuer postes et prébendes, quelle est la ligne politique de JVP (Jean-Vincent Placé) ? JVP, c’est un carriériste, un pur professionnel de la politique qui n’a jamais travaillé. JVP avait organisé avec Jean-Marc Brulé une négociation secrète avec le PS pour préparer les sénatoriales de 2011 ; il s’était « placé » en pôle position. Il avait aussi négocié avec le PS un groupe parlementaire au parlement pour 2012. Il s’agit seulement pour lui d’organiser un syndicat d’éluEs, c’est un fanatique de la carte électorale. Cela lui suffit, JVP ne parle jamais d’écologie. Même quand il est interrogé pendant deux heures par un journal de référence : c’est un requin chez les écologistes (LE MONDE du 8 décembre 2011). JVP dans une interview dans « Reporterre » expliquait sans fioritures en octobre dernier pourquoi l’avenir de l’écologie passe par le PS, rien que le PS, tout le PS. JVP défend l’idée idiote d’une « majorité » qui pourrait aller jusqu’au centre et serait rassemblée autour du chef de l’Etat. JVP menaçait en novembre d’une scission d’EELV en cas d’alliance avec le Parti de gauche. JVP pensait sans sourciller qu’il fallait voter dans discussion le budget présenté par le tandem social-libéral Valls/Macron. Il s’est séparé de la ligne Duflot après la sortie de Cécile du gouvernement : « Je ne cherche pas à scinder pour rassembler, mais je souhaite un pôle écologiste réaliste, pas un pôle écologiste gauchiste ». Placé joue placé, toujours allié au PS pour s’assurer de son avenir institutionnel : il vise un ministère d’ici la fin du quinquennat et demain il sait que ce sera trop tard. Mais l’image de JVP est à juste titre très mauvaise dans l’opinion publique. On ne donne pas un ministère à un perdant.

François de Rugy se positionne clairement contre l’idéal écolo au nom de l’efficacité. Mais à force de faire du pragmatisme, l’écologie politique ne devient-elle pas une course aux postes en laissant ses convictions au vestiaire ? L’argumentaire** de François de Rugy permet de cerner deux conceptions différentes de l’engagement écologiste : « Il y a une sensibilité plus radicale, mais que je pense moins efficace en matière de participation aux politiques publiques : c’est les fondamentalistes. Et puis il y a celles et ceux qui ont une approche plus pragmatique, les réalistes. J’assume pleinement mon appartenance à cette deuxième branche de l’écologie politique. » En conséquence François de Rugy, député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Loire-Atlantique depuis 2007, cultive l’écologie superficielle, anthropocentrique. Il s’attaque aux « catastrophistes », comme le font les intellectuels libéraux qui pourfendent les « fanatiques de l’apocalypse ». Il privilégie l’emploi et la préservation du niveau de vie des Français, ce qui nécessairement détériore les conditions de vie dans d’autres pays ainsi que les perspectives pour les générations futures. Il oublie qu’il faudrait aller moins loin, moins vite et moins souvent : « Mon goût pour le TGV, tout à la fois mode de transport écologique, de masse, confortable, n’a jamais été altéré par ses défauts. Or certains écologistes dénoncent les TGV et se lancent dans un éloge de la lenteur. On se dit que soit des rendez-vous ne les attendent pas, soit ils ne prennent jamais le train. » Les prises de position de François de Rugy sont tellement proches de la vulgate socialiste que son positionnement d’écologiste est toujours resté imperceptible. Il pourrait être choisi par Hollande si EELV rentrait dans le rang !

* LE MONDE du 6 février 2015, Des Verts au gouvernement, mais à quel prix ?
** A quoi peut bien servir un député écolo de François de Rugy (2012, éditeur Les petits matins)

2 réflexions sur “Nous ne faisons nullement confiance aux Roses « verts »”

  1. Pascal Durand, ex-secrétaire national d’EELV
    « L’écologie politique est manifestement instrumentalisée. Quand je lis dans la presse qu’au plus haut sommet de l’État, il y aurait des rencontres pour savoir si telle ou telle personnalité pourrait rejoindre ou pas le gouvernement, je suis effondré. Effondré que le Président de la République se préoccupe davantage de savoir si on peut saucissonner le parti Vert pour l’aider en 2017, plutôt que de savoir comment on réussit la transition énergétique… Que certains chez nous participent de cette dégradation du débat public, cela relève de leur responsabilité individuelle. Il faudrait que toutes ces personnes se demandent, en conscience, ce qu’ils apportent à l’écologie politique en ce moment… Je n’entends de la part, ni du Président de la République, ni du Premier ministre, ni de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, une volonté réaffirmée et claire de travailler en bonne intelligence avec les écologistes dans le cadre d’un véritable partenariat. C’est plutôt : « Si vous voulez continuer à être les supplétifs des politiques que nous décidons seuls, vous êtes les bienvenus. » Cela ne s’appelle pas du partenariat, mais de la soumission. »
    (JDD du 11 mars 2015)

  2. Barbara Pompili, coprésidente du groupe Europe Ecologie-Les Verts à l’Assemblée nationale
    « Contrairement à Cécile Duflot, je ne partage pas cette volonté de faire un nouveau parti à la gauche de la gauche ».
    Au contraire, elle s’est déclarée favorable à un retour des Verts au gouvernement. « A condition bien sûr que les écologistes puissent jouer un rôle et réellement peser » sur la politique. A condition aussi que « le président de la République le demande. On a un besoin urgent de l’écologie pour changer la politique économique du pays », a insisté Barbara Pompili.
    (Le Monde.fr | 12.03.2015, Barbara Pompili ne croit pas à une union de la gauche face au PS)

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