Nous sommes ce que nous sommes, on n’y changera RIEN

Nous le savons. La famine s’installera, des migrants climatiques ne sauront plus où aller, des guerres éclateront pour les dernières gouttes de pétrolela planète nous sera devenu invivable. Nous le savons. Mes élèves sont aujourd’hui excédés par Descartes écrivant que la technique doit « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Foutaises. L’appel des quinze mille scientifiques, « Demain, il sera trop tard », ne nous a pas choqués. On le savait déjà. Ça fait plus de trente ans que demain il sera trop tard. Et rien ne change. Ainsi s’exprimait Thomas Schauder dans LE MONDE*.

« Nous sommes ce que nous sommes, on n’y changera RIEN. » C’est un commentaire trouvé sur lemonde.fr, désespérant, glaçant. Nous répondons qu’il faut admettre nos imperfections personnelles et celles de la communauté humaine tout en essayant de faire quelque chose. C’est un peu ce qu’écrit Michel Sourrouille dans un livre qui vient de sortir en librairie, « On ne naît pas écolo, on le devient ». Voici quelques extraits de son introduction :

Toi et moi, nous sommes tous écolos… par définition. Je suis, tu es, nous sommes des êtres vivants concernés par la sauvegarde du milieu en dehors duquel aucune poursuite de la vie, y compris la nôtre, n’est envisageable. Tu peux être chrétien ou musulman, français ou étranger, urbain ou paysan, sociologue ou artisan. Tu ne peux pas ne pas être écologiste, parce que tu es comme moi usagers de la maison Terre, notre maison commune. Nous sommes complètement dépendants de cette planète, en interdépendance avec toutes les autres espèces, les abeilles comme les vers de terre, avec tout ce qui nous entoure, les océans et les nuages, tout ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes. Le sang de la Terre coule dans nos veines. Nous devons tous respirer et manger, nous pouvons agir et rêver, nous retournons tous à la terre un jour ou l’autre. Il n’y a pas de reproche à faire à une personne qui ne se croit pas écolo. Moi-même je me considère comme un écologiste imparfait, incomplet, en devenir. Nous sommes tous à des étapes différentes sur le chemin qui mène vers un comportement à 100 % écologique. D’ailleurs, la perfection est-elle possible à atteindre ? A chacun son chemin, sachant que la situation dramatique d’une planète que nous laisserons exsangue pour les générations à venir exigerait un réel effort de nous tous sans exception.

* LE MONDE du 30 novembre 2017, Climat : « Ça fait plus de trente ans que “demain, il sera trop tard”, et rien ne change »

5 réflexions sur “Nous sommes ce que nous sommes, on n’y changera RIEN”

  1. Ah ben bravo! L’appel des 15000 scientifiques sur Bioscience est payant…33 euros pour 24 heures.
    Trêve de plaisanterie, j’aime bien Descartes. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal a dire qu’il faut se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Si je suis au volant de ma voiture, j’arrive généralement a éviter le mur au bout de la rue. Je sais en effet ou sont les freins et comment tourner le volant fait aussi tourner la voiture. Je pense qu’on leur a juste mal explique ce qu’il voulait dire. Dommage car il faudrait qu’ils reprennent tout au début, exactement comme il le dit. Mieux vaut une petite connaissance assurée et bien organisée, qu’un grand bric-a-brac douteux dont la plupart se satisfont.
    Il me semble qu’il commence par « Je pense donc je suis », mais après ça, il ne dit pas « Je suis ce que je suis », car la on tourne en rond, et surtout pas « je n’y changerai rien ». Ça serait capituler directement. A la place, je vois qu’il définit dieu comme tout ce qui lui est apparemment étranger, un grand tout indéniable, qu’il s’agit de comprendre, et pour cela, il faudrait traquer l’erreur dans ses moindre recoins et il explique comment lui s’y prend. C’est quand même plus excitant.
    A part ça, tout a fait d’accord avec Michel C, il faut comprendre que c’est la vie qui pour elle même et sa propre croissance (et nous n’échappons pas a ce désir de croître, bien que de manières différentes suivant les individus) transforme la Terre.
    Par contre, elle a déjà emprunté des voies sans issues qui ont résulté en des décroissances apparentes. Est ce que de doter des créatures d’un entendement lui permettra d’éviter ces écueils? C’est bien sur loin d’être assuré…A l’échelle des temps géologiques, on sera vite fixé.

  2. Attention, si l’appel des 15000 est vital et leur solutions certainement correctes, la cosmovision qu’ils nous demandent de suivre est complètement fausse. Ils la dévoilent en fin d’appel. Ils nous demandent de reconnaitre que la Terre est notre foyer. Si cette demande ne provenait pas de scientifiques, on comprendrait de suite qu’elle est fausse de part son cote burlesque (sérieusement, combien sur Terre reconnaisse en ce moment une autre planète comme foyer?!).
    En fait, pour sortir de la crise, il nous faut renverser ce mythe de la Terre mère, bienfaitrice pour la vie. Cela semble contre intuitif mais ce n’est pas la Terre la chance pour la vie mais l’inverse.
    Si les 15000 veulent vraiment avoir un impact et changer le cours des choses, c’est à eux d’abord de reconnaitre que la Terre n’est pas notre foyer. Seul le vivant et sa production l’est. La Terre, elle, est aussi toxique que tout autre planete… sauf que la vie la terraforme.

  3. Une petite précision: je voulais dire que produire de la dissonance cognitive est à rapprocher des névroses que Pavlov induisait expérimentalement chez les animaux. Ce qui rend l’individu bien plus malléable; celui-ci, tiraillé entre des valeurs contradictoires, perd ses valeurs repères, et c’est l’expérimentateur qui peut choisir alors la tendance.

  4. Dire que nous sommes ce que nous sommes, c’est oublier un peu vite la Blitzkrieg idéologique à laquelle se livrent les médias en tant que représentants du modèle que veut imposer notre société. Et ce qu’Orwell n’avait pas prévu – en sciences aussi, on commence par des modèles simples – , c’est que ces moyens de propagande entretiendraient la confusion en passant sans transition d’une culpabilisation avec un sujet sur les océans de plastique, à un éloge à peine voilé des résultats du fameux « Black friday », sans bien entendu aucune analyse du lien de causalité fort entre les deux.
    Le succès du produit Nicolas Hulot démontre que la machine a été particulièrement bien pensée.

  5.  » Je suis comme je suis, tu es comme tu es, il est comme il est, nous sommes ce que nous sommes …  »
    Déjà, il ne s’agit-là que d’un lieu commun, et même d’une simple lapalissade.
    Qui pourrait-dire qu’il sait ce qu’il est ? Cette question renvoie à l’injonction des Anciens : « Connais-toi toi-même ».
    Au niveau de l’individu pensant, la connaissance de soi n’est déjà pas une mince affaire. Alors pensez donc pour dire ce que ce « nous » ou ce « on » est en réalité. La fameuse notion de « nature humaine » n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre.
    Nous sommes ce que nous sommes, soit … mais rajouter « on n’y changera RIEN » est plus que hasardeux. Ceci dit, je (ou tu, ou nous, ou on) ne peux pas non plus en rester là, ce serait trop facile.Dire qu’on n’y changera rien, cela veut dire que l’avenir est tracé … et par qui ? serait-ce par « nous » ? bref. Cela voudrait dire aussi que ce « on » (je, tu, il, nous) n’est pas libre. Que nous traînions tous nos chaînes c’est un fait, mais la liberté commence avec la prise de conscience, la connaissance et l’acceptation de ces chaînes.(Connais-toi toi-même !)
    Voir et savoir que nous sommes limités, imparfaits, que nous allons tous mourir un jour… ce n’est là que du réalisme. Et voir que nous allons à la catastrophe n’est que la moindre des lucidités. Maintenant il reste la question  » Que faire ?  »
    Et lorsqu’on est à la conviction qu’il est trop tard pour éviter la Catastrophe (l’iceberg etc.) la question devient :  » Que pouvons-nous encore sauver ? Comment faire pour limiter les dégâts ? « 

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