Une filière nucléaire hors sol

Dans un entretien au « Monde », l’auteur du « Nucléaire imaginé. Le rêve du capitalisme sans la Terre » analyse la façon dont la relance de la filière nucléaire puise dans le récit construit dans les années 1950-1970 autour d’une énergie autonome, minimisant les difficultés techniques et humaines.

Ange Pottin : « L’imaginaire construit dans les années 1950-1970 trouve aujourd’hui une nouvelle vie chez les promoteurs de la filière nucléaire : une technologie de pointe qui va rétablir la souveraineté nationale, une formidable quantité d’énergie immédiatement disponible, une énergie indépendante des rythmes de la Terre contrairement aux énergies fossiles et renouvelables.

En réalité, le nucléaire est une énergie déconnectée de l’emprise terrestre qui relègue dans l’ombre les problématiques liées à l’extraction et l’importation minière, la construction et l’entretien de kilomètres de tuyauteries soumises à la corrosion, les conditions de travail et les risques auxquels sont exposées les personnes. On fait l’impasse sur le traitement des déchets dans l’attente d’une solution technique dont la crédibilité n’est pas assurée. Le démantèlement des centrales est renvoyé dans un avenir lointain... »

Le point de vue hors sol des nucléocrates

Commentateur du dimanche : Quelle grandiloquence pour enrober, en substance, quelques poncifs bien connus et d’ailleurs applicables pour la plupart à n’importe quelle activité industrielle. Quant on a usé jusqu’à la corde tous les pseudos arguments scientifiques contre le nucléaire, il ne reste qu’à convoquer des concepts aussi évanescents que « l’emprise terrestre » les « rythmes de la Terre » etc.

munstead : C’est devenu ça la philosophie ? Un discours niais, obsolète, sur une technique que l’auteur ne connaît pas à partir d’une formule a priori comme « le nucléaire français est pensé comme une énergie déconnectée de l’emprise terrestre. ». Comme si les ingénieurs des années 50 n’avaient aucune idée des problèmes industriels, de recyclage des déchets du nucléaire !

G RICH : Article « orienté ». La France mettait Superphénix (qui était destiné à brûler les déchets des PWR en particulier le Plutonium) en route quand Jospin est arrivé au pouvoir. Les 35 heures de triste mémoire et cette autre mesure démagogique qui a consisté à arrêter Super Phénix a permis à la gauche « plurielle » d’arriver au pouvoir. Un désastre pour le pays.

Le point de vue des Terriens

Philémon Frog : Je fais partie de la génération qui était étudiante dans les 1980’s et à laquelle on présentait encore l’énergie nucléaire comme une énergie quasi éternelle par le recyclage infini de ses déchets et surpuissante qui permettrait d’atteindre la vitesse de la lumière ! Comme tous mes congénères, j’ai été enthousiaste jusqu’à ce que je comprenne que l’on nous servait là, sous la pression d’EDF, une véritable idéologie de l’indépendance qui, effectivement, devient un objet abstrait, totalement déconnecté des réalités de son approvisionnement (limité : 2100)), de son exploitation (mal maîtrisée, accaparant 52 % de l’eau, productrice de déchets qui eux seuls sont quasiment éternels à l’échelle humane), de sa sécurité (vulnérable aux guerres et même aux simples attentats), etc.

Zarathoustra : Le nucléaire, c’est de l’uranium qui vient du Kazakhstan, de l’Australie, du Niger, de l’Ouzbékistan… et de Russie : et on parle de souveraineté énergétique ? La bonne blague ! Le nucléaire, ce sont les accidents de Three Miles Island, Tchernobyl, Fukushima… et le chantage de guerre sur Zaporija : et on parle d’une énergie sûre ? La bonne blague ! Le nucléaire, c’est l’omerta sur les maladies (cancers, leucémies infantiles…) à proximité des sites de production : et on parle de confiance ? La bonne blague ! Le nucléaire, c’est l’absence de solutions de stockage pour des montagnes de déchets à longue durée de vie et haute dangerosité : et on parle d’énergie propre et verte ? La bonne blague ! Le nucléaire, c’est un coût de production du MWh qui dépasse celui des renouvelables, qui met en faillite EDF, et dont aucun assureur n’accepte d’assurer les risques (terroriste…) : et on parle de compétitivité énergétique ? La bonne blague !

Jacques Py : Le nucléaire vu comme une énergie centralisée dans des enceintes protégées quasi militairement, potentiellement très dangereuses, hyper technologique, exigeant de maintenance pour une sécurité toujours aléatoire, produisant des déchets qui seraient une menace pour des millénaires, ce nucléaire est effectivement un défi à la conscience humaine. D’autant qu’il s’oppose aux renouvelables, l’énergie du soleil, du vent, de l’eau, continuité d’avec notre passé de toujours, du simple, du technologique a minima, du décentralisée, du risque inexistant, de l’accessible pour chacun sur son toit.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Relance du nucléaire, B. Le Maire exulte

extraits : « N’en déplaise aux écologistes, 2024 sera une “année atomique” ». Avec un pilote unique, Bruno Le Maire, avocat sans faille du nucléaire : « Ce programme est une nouvelle épopée industrielle pour notre pays, qui renoue avec l’esprit de la France des bâtisseurs » Déjà nanti d’un vaste portefeuille, le ministre de l’économie et des finances vient de récupérer l’énergie, pourtant rattachée depuis 2007 au ministère de l’environnement.

Les déchets nucléaires à Bure, validé ?

extraits : Une quinzaine d’associations et plusieurs riverains du site à Bure estimaient que le stockage des déchets méconnaît la Charte de l’environnement, annexée en 2005 à la Constitution. En particulier, l’absence de réversibilité du stockage au-delà d’un siècle après la mise en service du site était critiquée par les requérants. Le délai considérable, jusqu’à des centaines de milliers d’années, durant lequel les déchets les plus toxiques doivent être conservés avant que les radiations ne retombent à des niveaux sûrs, excède largement 100 ans et hypothèque le droit des générations futures…

Présidentiables 2022 et question nucléaire

extraits :

Zemmour : construction de quatorze nouveaux réacteurs, car il estime que le nucléaire permet à la France d’« être le pays qui émet le moins de CO2 »

Macron : Il a décidé début 2022, en exercice de ses fonctions, de faire investir l’Etat dans la construction de 6 réacteurs nucléaires de type EPR2 d’ici à 2050, à mis à l’étude la construction de 8 EPR de plus…

Pécresse : La candidate des Républicains souhaite réinvestir dans les centrales existantes pour en prolonger le fonctionnement, et lancer six nouveaux EPR…

Le Pen : Marine Le Pen souhaite lancer « la construction de trois nouveaux [réacteurs] EPR » en plus de la révision et de la modernisation des centrales existantes…

Roussel : Relancer le projet Astrid visant à fabriquer un réacteur nucléaire de quatrième génération. Le député communiste estime que le nucléaire est indispensable…

Jadot : L’eurodéputé prône une « sortie responsable » du nucléaire, en ne construisant pas de nouvelles centrales et en arrêtant dix réacteurs nucléaires « d’ici 2035 »

Mélenchon : Le candidat « insoumis » propose d’abandonner les projets d’EPR, de planifier le démantèlement des centrales et la reconversion des sites nucléaires, sans avancer de date…

12 réflexions sur “Une filière nucléaire hors sol”

  1. Un article à LIRE absolument sur le site Climato-réaliste, intitulé « Énergie éolienne : le régime des vents permet-il de tenir toutes ses promesses ? » Vous avez un article sourcé et très détaillé (avec graphique) des éoliennes en France par rapport à la vitesse des vents.

    1. Chaque mois, à LIRE absolument la chronique antinucléaire de Stéphane Lhomme.
      En dernière page du journal de la joie de vivre.
      La Décroissance, bien sûr.

  2. Les énergies renouvelables polluent beaucoup plus que le nucléaire. D’abord, les énergies renouvelables sont intermittentes, ce qui implique de coupler les panneaux solaires et éoliennes par des centrales thermiques (gaz, pétrole, charbon) afin d’obtenir de l’énergie pilotable en parallèle pour compenser l’intermittence. Ensuite, les énergies renouvelables sont beaucoup plus gourmandes en métaux, il faut minimum 20 fois plus de métaux avec les éoliennes et panneaux solaires que pour le nucléaire ! Notamment pour le cuivre, puisque le réseau est éparpillé sur le territoire et qu’il faut relier tout le parc. Alors je ne vous dis pas l’activité minière que cela a engendré ! Ensuite, durée de vie d’une éolienne et d’un panneau solaire, pas plus de 20 ans, tandis qu’une centrale nucléaire c’est minimum 60 ans, autrement dit il faut renouveler tout le parc d’éoliennes et de panneaux solaires tous les 20 ans.

    1. Didier BARTHES

      Oui mais beaucoup d’écologistes ne veulent pas l’entendre. Même Daniel Cohn Bendit n’arrête pas de s’inquiéter des émissions de CO2 et en même temps de vanter la politique écologique de l’Allemagne. Or, par kW.h produit l’Allemagne émet beaucoup plus de CO2 que la France du fait de son renoncement au nucléaire, mais certains ne veulent pas l’entendre Ils préfèrent, comme une bonne partie de la gauche, que ce soit l’idéologie qui dicte son comportement à la physique. Contre cette surdité aux réalités on ne sait plus quoi répondre.

      1. Parti d'en rire

        Comme boucs émissaires ON n’a pas trouver mieux, sur ce blog.
        Je vous jure, si les gauchistes n’existaient pas il faudrait les inventer.
        La Surpop, les gauchistes ! Les éoliennes, les gauchistes !
        Le fiasco d’ITER, Le nucléaire en déroute, les gauchistes !
        Le CO2, les gauchistes ! Et Jean Passe !!!
        Et puis vous avez beau leur «démontrer» ils ne veulent pas l’entendre.
        Sale race va !

        1. Didier BARTHES

          Ce que j’ai dit est-il faux ?
          Ne constatez-vous pas que les mêmes qui rejettent idéologiquement le nucléaire et prétendent lutter contre les émissions de CO2 nous vantent un modèle complètement contradictoire. Dans les pays développés le nucléaire permet effectivement de réduire la quantité de CO2 émise pour la production d’électricité. Il ne s’agit pas de dénoncer des boucs émissaires, il s’agit de dire les réalités.

  3. Et ce n’est pas fini ! Les panneaux solaires sont très fragiles, il suffit que de la grêle passe par là, et les panneaux solaires sont detruits ! Alors ce n’est même pas garanti qu’ils puissent tenir leurs 20 ans de service ! Bon les éoliennes commencent à produire de l’électricité à partir de 20 km/h de vitesse de vent et s’arrêtent de produire à 90 km/h ! A noter que la production d’électricité n’est pas la même quand l’éolienne tourne à 20 km/h puis à 30,40,… 80 km/h… Plus l’éolienne accélère et plus elle produit d’électricité, mais sans que ça ne dépasse 90 km / h, et la quantité produite est exponentielle, autrement dit la plupart du temps ça ne produit rien ou pas grand chose, ce n’est pas tous les jours qu’il y a des vents entre 60 à 80 km /h… Depuis que la France est passée aux Energies renouvelables, les français ont vu leurs factures d’électricité augmenter, en 20 ans les factures ont doublé…

  4. Les énergies renouvelables polluent beaucoup plus que le nucléaire. D’abord, les énergies renouvelables sont intermittentes, ce qui implique de coupler les panneaux solaires et éoliennes par des centrales thermiques (gaz, pétrole, charbon) afin d’obtenir de l’énergie pilotable en parallèle pour compenser l’intermittence. Ensuite, les énergies renouvelables sont beaucoup plus gourmandes en métaux, il faut minimum 20 fois plus de métaux avec les éoliennes et panneaux solaires que pour le nucléaire ! Notamment pour le cuivre, puisque le réseau est éparpillé sur le territoire et qu’il faut relier tout le parc. Alors je ne vous dis pas l’activité minière que cela a engendré ! Ensuite, durée de vie d’une éolienne et d’un panneau solaire, pas plus de 20 ans, tandis qu’une centrale nucléaire c’est minimum 60 ans, autrement dit il faut renouveler tout le parc d’éoliennes et de panneaux solaires tous les 20 ans.

  5. Antigauche absolu

    Cette gauche informe et improductive , qui ne sait que critiquer ou alors proposer comme les pastèques , la plantation de millions d’ éoliennes , ces moulins hideux, ou de panneaux photovoltaiques au rendement totalement hasardeux et à la durée de vie très courte .
    Aucune personne sensée n’ aime le nucléaire mais au vu de la quantité d’ énergie électrique à produire , je ne vois guère d’ autre méthode possible .
    On n’ évoquera pas ici le pseudo danger du CO2, créé par les mondialistes pour maintenir la société en état de peur permanent .
    En matière d’ énergie , notre dépendance est quasi totale même pour les moulins à vent ou les panneaux PV : l’ autarcie énergétique semble une illusion .

  6. Esprit critique

    Hier À 20:07 (“Mathilde Gérard n’aime pas la démographie”) il a été brillamment «démontré» que quand 80 milliards de personnes mourront de faim sur la Terre (sic DB) ce sera à cause de Lyssenko et du Communisme. Ben voyons, c’est bien connu la Gauche en veut toujours plus.
    La «preuve», voyez Roussel, ce coco qui veut relancer Astrid. Bref, n’importe quoi !
    En attendant, l’idée (le rêve) de se déconnecter de l’emprise terrestre (sic Ange Pottin), de s’affranchir des limites, toutes les limites, de leur dire merde… ça c’est bien au Capitalisme que nous le devons. Et d’une manière générale c’est à lui que nous devons cet imaginaire construit dans les années 1950-1970 (sic Ange Pottin).
    ( à suivre )

    1. (suite) Cet imaginaire qui nous a mené où nous en sommes aujourd’hui.
      3G ; 4G ; 5G demain la 6G etc. Et un jour… la Téléportation !
      Réacteurs de 1ère, seconde, 3ème, 4ème etc. etc. générations !
      Et pour tout et n’importe quoi comme ça. Toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort ! Vive les J.O, vive le Tour, vive le Grand N’importe Quoi ! Misère misère !
      Cet imaginaire incrusté dans les cerveaux, de droite comme de gauche, la preuve voyez ce pauvre Roussel. L’imaginaire de tous ces pauvres diables en manque d’imagination. L’imaginaire de tous ces fatigués, morts de peur, jeunes et vieux (le temps ne fait rien à l’affaire) qui croient au Père Noël, à la Poupée qui tousse, à toutes sortes de lois et de théories à la con. Et qui a grand besoin d’être déconstruit, dépollué, décolonisé !
      Seulement voilà… dis Papa, ça veut dire quoi «décoloniser l’imaginaire» ? Misère misère !

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