pacte anti-Hulot, manipulation de la démocratie

En ce moment même ont lieu les primaires de l’écologie dont Hulot est un des candidats.  La campagne de dénigrement à son égard va-t-elle réussir ? Ce dénigrement remonte bien loin, le 1er juin 2007. Ce jour-là, le journal La Décroissance lançait médiatiquement une pétition – Pacte contre Hulot – « pour sauver la planète, mais surtout ses habitants ».

Motif réel : « En faisant ratifier un programme minimal par la quasi-totalité des candidats, Hulot a commis un second faux pas : il a déminé toute polémique, anéanti tout débat et fait de l’environnement une sorte de grosse chose molle et consensuelle dans laquelle tous les prétendants élyséens font mine de se retrouver. Terre d’asile pour hypocrites, le pacte écologique sert de faux nez aux zélateurs du libéralisme le plus débridé, et donc le plus pollueur. » Donc raisons politiciennes !

En novembre 2007, déjà plus de 5 000 signatures pour le « Pacte contre Hulot ». Le 1er juillet 2010, La Décroissance revendique 10 000 signatures du « Pacte contre Hulot ». Passons sur le fait que les rédacteurs de La Décroissance » s’appuient sur des « écologistes » comme Eric Zemmour, Claude Allègre ou l’anti-ours Jean Lassale. Listons simplement les mots même de Nicolas Hulot tel que repris par leur site Internet consacré à cette campagne de dénigrement. A chacun de juger ce que dit Nicolas Hulot :

24.05.2009 : « Il faut tout oser. Aller au-delà des frontières de l’utopie. »

25.05.2009 : « Je n’arrive pas à donner plus. J’aimerais bien être plus efficace, ou être moins seul. J’aimerais bien être relayé par les leaders politiques. De temps en temps, je trouve que c’est très lourd. Parfois, je me dis que garder l’espoir devient un acte de bravoure. Les tentations de désespoir sont légion. Il y a une telle inertie et une telle pyramide de complexité ! Quand on voit toutes les crises se rejoindre, la tentation de repli sur soi… On se dit : comment y arriver ? »

26.05.2009 : « Je ne donnerai pas de noms mais il y a des entreprises avec lesquelles je refuse de travailler. Je pense qu’il y a des entreprises qui évoluent dans leurs pratiques et qu’il y en a qui sont dans un cynisme absolu. »

07.09.2009 : « Ça fait des années que j’assume: pour agir, il faut des moyens. Plutôt que d’aller les chercher seulement auprès des particuliers, je souhaite aussi me tourner vers les entreprises, pour nouer un dialogue. À la condition expresse que mon indépendance de parole ne soit jamais prise en défaut. On est dans une forme de guerre. Je me refuse à me tenir à l’écart dans une attitude de puriste. Ne diabolisons pas les entreprises. »

16.09.2009 : « Je suis contre la construction de nouvelles autoroute »

17.09.2009 : « Une certitude : il serait grand temps que nous passions du siècle des vanités au siècle de l’humanité ».

27.09.2009 « Si j’étais vraiment désespéré, je resterais avec les miens, à profiter d’eux avant que tout ne bascule. Mais je ne le suis pas. » ; « Il y a une autre énergie qui est renouvelable, qui est inépuisable, c’est l’énergie de l’amour (…) On est condamnés à s’aimer ou on va mourir comme des imbéciles. » ; « Je ne suis pas contre le libéralisme par principe mais par réalité ».

01.10.2009 : « Notre liberté éditoriale [à la Fondation Nicolas Hulot] ne dépend que de nous. Ce serait faire injure que de penser le contraire. »

05.10.2009 : « EDF, Orange et la SNCF font partie des partenaires de mon film le syndrome du Titanic. Ont-ils eu une influence ?
Aucune. C’est une règle d’or chez moi. Je n’ai pas une vision machiavélique ou binaire du monde de l’entreprise, qui est par ailleurs le monde du travail. Je ne suis pas non plus un naïf.»

06.10.2009 : « Ils [les multinationales sponsors de Nicolas Hulot] ne peuvent pas utiliser mon image. Le mécénat c’est encadré par la loi. (…) Il peuvent pas utiliser la bobine de Nicolas Hulot pour faire de la pub, pour vendre, bon ben voilà. Je crois que c’est assez clair. » ; « Je n’ai pas une vision diabolique du monde économique. Je les mets pas tous évidemment  au même niveau. C’est aussi le monde du travail. (…) Je vais pas aller prioritairement  demander des sous aux citoyens qui sont déjà exsangues ou à l’Etat dont le budget à pas besoin de ça, le déficit budgétaire. Ça me paraît normal qu’on aille chercher de l’argent là ! Que ce soit à ces groupes-là de nous permettre d’agir. »

06.04.2010 : « Nous sommes sept milliards sur Terre, bientôt neuf, et nous n’avons d’autre choix que de changer de logiciel économique, en produisant et en consommant à la fois mieux et moins. »

2 réflexions sur “pacte anti-Hulot, manipulation de la démocratie”

  1. Lettre ouverte à Vincent Cheynet et au journal La Décroissance
    « Nous pouvons avoir des différends politiques, mais les anathèmes entre objecteurs de croissance nous desservent collectivement. »
    Paul Ariès, Geneviève Azam, Jean-Claude Besson-Girard, Agnès Sinaï, Jacques Testart, Jean Gadrey, Serge Latouche, Bertrand Méheust – 19 mai 2011

    Un journal appartient aussi à ses lecteurs et à ses auteurs. Surtout lorsque le titre a choisi de porter le porter le nom générique d’un mouvement d’idées ambitieux. Nous pouvons avoir des différends politiques entre nous et avec des représentants d’autres sensibilités proches, mais les anathèmes entre objecteurs de croissance nous desservent collectivement. Cette forme de violence n’appartient pas à la culture de la décroissance.

    Nous nous déclarons donc solidaires des compagnons de route de la décroissance qualifiés d’écotartuffes. Non, Patrick Viveret et Fabrice Nicolino ne sont pas des écotartuffes. Ces deux dernières affaires ne sont pas isolées.

    Combien reste-t-il des fondateurs initiaux de La Décroissance ? Le mensuel La Décroissance, qui peut apporter encore beaucoup, doit accepter le débat avec et entre toutes les sensibilités de l’objection de croissance et de l’écologie anti-productiviste.

  2. Lettre ouverte à Vincent Cheynet et au journal La Décroissance
    « Nous pouvons avoir des différends politiques, mais les anathèmes entre objecteurs de croissance nous desservent collectivement. »
    Paul Ariès, Geneviève Azam, Jean-Claude Besson-Girard, Agnès Sinaï, Jacques Testart, Jean Gadrey, Serge Latouche, Bertrand Méheust – 19 mai 2011

    Un journal appartient aussi à ses lecteurs et à ses auteurs. Surtout lorsque le titre a choisi de porter le porter le nom générique d’un mouvement d’idées ambitieux. Nous pouvons avoir des différends politiques entre nous et avec des représentants d’autres sensibilités proches, mais les anathèmes entre objecteurs de croissance nous desservent collectivement. Cette forme de violence n’appartient pas à la culture de la décroissance.

    Nous nous déclarons donc solidaires des compagnons de route de la décroissance qualifiés d’écotartuffes. Non, Patrick Viveret et Fabrice Nicolino ne sont pas des écotartuffes. Ces deux dernières affaires ne sont pas isolées.

    Combien reste-t-il des fondateurs initiaux de La Décroissance ? Le mensuel La Décroissance, qui peut apporter encore beaucoup, doit accepter le débat avec et entre toutes les sensibilités de l’objection de croissance et de l’écologie anti-productiviste.

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