Pandémies mortelles, SRAS, H5N1, H7N9

Contagion, le film de Steven Soderbergh, cartographie la propagation mondiale d’un virus qui tue rapidement ses victimes*. Très réaliste, trop ! En juin 1918, 70 % de la population madrilène fut contaminée en l’espace de trois jours par la grippe espagnole. De 1918 à 1919, ce virus de type H1N1 a fait mondialement entre 30 millions et 100 millions de morts. Comme si la contamination virale naturelle ne suffisait pas, James Howard Kunstler envisage que des régimes submergés par les pressions démographiques utilisent des virus « fabriqués »  contre les populations (après avoir bien sûr vacciné une élite présélectionnée !). C’est tout-à-fait dans l’ordre des possibles, une série d’expérimentations a cherché à rendre contagieux des virus grippaux mortels. Les deux pathogènes soumis à expérience, le H5N1 et le H7N9, sont extraordinairement meurtriers. Les malades, après une brutale poussée de fièvre, développent généralement une pneumonie, puis une grave détresse respiratoire à l’issue souvent fatale. Ces grippes ne parviennent pas encore à passer d’un homme à un autre. Mais quelques mutations suffisent pour que ces virus grippaux deviennent transmissibles par « aérosolisation », voyageant dans les gouttelettes émises par la toux et les éternuements entre humains.

La réalité dépasse la fiction. La Chine vient d’annoncer le 20 janvier un troisième mort et près de 140 nouveaux cas du mystérieux virus, analogue au SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère ou pneumonie)**. A Wuhan, 11 millions d’habitant, 136 nouveaux cas ont été répertoriés durant le week-end. S’y ajoutent des nouveaux cas à Pékin, en Thaïlande, au Japon. Les déplacements de population multiplient les risques de contagion. Et l’épidémie survient à l’approche des festivités du Nouvel An chinois, période durant laquelle des centaines de millions de personnes profitent de l’occasion pour voyager, dans le pays et à l’étranger.

La fin des épidémies explique pour une part l’explosion démographique, mais la surpopulation implique des risques croissants d’épidémies. C’est ce qu’on appelle une causalité circulaire. Wuhan, 11 millions d’habitants, la folie. La Chine, 350 millions de porcs tués pour juguler une épidémie de peste porcine. L’élevage en batterie des humains et des animaux ne présagent rien de bon… La concentration humaine accentue les risques de contamination. « Quand l’épidémie de peste noire éclata en 1347, on vit disparaître les deux tiers de la population européenne. La cause apparente, ce sont les rats qui ont transporté le bacille. Mais en y regardant de plus près on s’aperçoit que dans les deux siècles qui précédent l’épidémie, une expansion fantastique des villes avait eu lieu sans que soient préservées les nécessités hygiéniques minimales dans un espace au peuplement dense. Le bacille de la peste trouva ainsi un terrain favorable dans une situation de saturation urbaine. L’événement « rats » fut l’effet de seuil qui déclencha la catastrophe. Or on se réjouit de nos jours d’une population urbaine qui atteindrait bientôt plus de 80% sur l’ensemble de la planète, avec des mégalopoles de plus de 20 millions d’habitants. Ne peut-on penser que nous sommes, au niveau mondial, dans une situation assez proche de celle du XIVe siècle en Europe ? »***

* La fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler (2005)

** LE MONDE du 21 janvier 2020, En Chine, la mystérieuse pneumonie fait un troisième mort

*** Moins nombreux, plus heureux (livre collectif aux éditons Sang de la Terre, 2014)

8 réflexions sur “Pandémies mortelles, SRAS, H5N1, H7N9”

  1. J’apprends que la ville de Wuhan, 11 millions d’habitants, et épicentre d’un début d’épidémie de coronavirus similaire au SRAS, a été mise en quarantaine jeudi 23 janvier 2020. La transmission de personne à personne a été établie. L’ensemble des moyens de transports publics, trains, avions, et bus et métros, ont été suspendus et les autoroutes menant à la ville ont été coupées. Les habitants ne peuvent plus voyager en dehors de la ville, « sans autorisation spéciale ». Misère, misère…
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/23/nouveau-virus-en-chine-avec-la-mise-en-quarantaine-de-wuhan-la-population-s-organise_6026929_3244.html

  2. Encore bravo aux asiatiques pour avoir laissé croître leur population humaine largement au – delà du raisonnable : seuls les chinois ont réagi (de façon dictatoriale) avec la politique de l’ enfant unique , les autres pays se contrefichant de réguler leur population , obnubilés par la croissance économique !
    Qu’ ils ne viennent pas pleurnicher le jour où dame nature enclenchera le plan Malthus qui leur pend au nez ( fonction régulatrice) : ils auront bien mérité leur sort (terrible) !
    On pourrait en dire autant des Africains dont le lapinisme est bien connu !
    Vae cuniculis !!!

    1. Sauf que dans le cas d’une pandémie à l’échelle mondiale, vous serez vous aussi logé à la même enseigne que tous ces gens que vous détestez tant. Et là non plus il ne faudra pas venir pleurnicher. :'(

  3. Bonjour Michel C,
    Il me semble très difficile de s’appuyer sur les études des populations animales pour analyser l’évolution de la population humaine
    D’une part, celle-ci dépasse d’un facteur 1 000 à 2 000 (oui !) les effectifs d’un animal de sa taille et donc les possibilités de son biotope, ce qu’aucune population animale n’a jamais connu (même les populations à variation rapide comme les couples lemmings-renards dans l’Arctique qui répondent au modèle dit de Lotka – Volterra ne connaissent pas de telles pointes et ces dernières durent en plus beaucoup moins longtemps.
    D’autre part, (et ce n’est pas tout à fait indépendant du premier point) l’homme s’est pour l’instant quasi complètement libéré des mécanismes de sélection naturelle (il le paiera sans doute fort cher quand les conditions redeviendront plus dures)

    1. Bonjour Didier Barthès.
      Vous avez raison, la dynamique des populations animales reste probablement plus facile à cerner que celle de la population humaine. Le modèle de Lotka-Voltera reste dans le cadre de l’étude de ces populations animales, mais qui plus est en compétition (proies-prédateurs). Or les interactions entre espèces vivantes ne se limitent pas à la compétition. Nous avons également le parasitisme … mais aussi la symbiose, le commensalisme, le mutualisme…
      Ceci dit, il est vrai que «l’homme s’est pour l’instant quasi complètement libéré des mécanismes de sélection naturelle». Comme vous dites, pour l’instant. Seulement je ne crois pas que l’homme soit plus fort que la nature (ou La Nature).
      Quant à dire qu’ «il le paiera sans doute fort cher», je n’en sais rien. En fait ça dépend de ce qu’on entend par «cher». Ce qui me parait évident, c’est que la population humaine va décroître fortement, avec tout ce que ça laisse entendre. Et ceci non seulement à cause du nombre, mais surtout à cause de l’énorme impact que ce nombre inflige à son environnement. Nous sommes 8 milliards certes, mais ce serait la même chose si nous étions 2 milliards avec le même impact (du fait de la croissance économique). En ce qui nous concerne, nous les hommes, la question du seuil (2 ou 8 ou X milliards ?) devient alors secondaire, ce qui prime c’est l’impact. Une chose est certaine notre impact va décroître. Et pas seulement du fait de la chute de la population, mais aussi du fait de la raréfaction des ressources, dont l’énergie.
      Maintenant, on peut toujours espérer que cette étape sera un gain pour la suite. Je veux dire, pour ce Sapiens enfin digne de ce nom. A ce moment là, on pourrait même dire que c’est le prix à payer. Je crois tout simplement en l’évolution.

  4. La dynamique des populations est depuis longtemps un vaste sujet d’études, qui d’ailleurs représente une branche de l’écologie. Ce domaine dépasse bien sûr la seule étude de la dynamique des populations humaines. D’une part on observe qu’une population a tendance à croître naturellement, bien évidemment dans les limites de son milieu (capacités nourricières, espace etc.), et d’autre part on observe que lorsque la population se rapproche d’un certain seuil (quantité max), il y a alors une régulation naturelle de cette population. Plusieurs théories ont été élaborées, ainsi que divers modèles.
    La « théorie des épidémies » (propagation des épidémies) est une des théories expliquant ce mécanisme de régulation naturelle. Parce qu’en effet, tout porte à croire que la nature a ses lois, et que finalement la nature est bien faite. Les épidémies jouent donc un rôle dans cette régulation. Et là encore plusieurs théories et modèles se font concurrence.

    Biosphère dit : « La fin des épidémies explique pour une part l’explosion démographique, mais la surpopulation implique des risques croissants d’épidémies. C’est ce qu’on appelle une causalité circulaire. »
    Oui, en effet. En vaccinant, en éradiquant de terribles virus etc. autrement dit en voulant faire le bien… on provoque le mal. Et c’est là encore, le serpent qui se mord la queue. Sauf que dans ce genre de cas, il restera toujours difficile de dire ce qu’est le Bien et ce qu’est le Mal. En tous cas pour moi, le Bien ne peut pas être dans cette idée de diffuser volontairement tel ou tel virus mortel. Surtout quand les tenants d’une telle idée auront pris soin de s’en protéger personnellement. Pas plus qu’il ne peut être du côté de toutes ces expériences menées par ces hommes qui se prennent pour Dieu. Je pense tout simplement qu’il ne nous reste plus qu’à laisser faire les choses. Tout en faisant de notre mieux.

  5. Lundi matin, le cap des 200 cas officiellement diagnostiqués dans tout le pays a été dépassé. Même si au départ le virus passe d’un animal à l’homme, la transmission par contagion entre personnes était dorénavant « avérée ». Mais pas de panique, l’épidémie du SRAS en 2002-2003 n’avait fait que 774 morts dans le monde sur seulement 8 096 cas.
    On sait que le virus actuel est cousin de celui responsable du SRAS. On ne connaît toutefois ni l’origine précise, ni la durée d’incubation, ni le mode de propagation du nouveau coronavirus. Juste pour rappeler : il meurt, dans les pays pauvres, plus de 900 000 enfants par année de pneumonie selon l’OMS.

    1. Et aussi pour rappeler que la pollution de l’air cause 7 millions de morts chaque année dans le monde, si ce n’est pas 9 millions … (nous ne sommes pas à 2 millions près).

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