Hallucinant, la Commission européenne a un service scientifique dénommé JRC (Centre commun de recherche)*. Personne n’était au courant ! Ils font la promotion d’un Atlas mondial de la désertification, publié une première fois en 1992 lors Sommet de la Terre de Rio. Moins connue que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et que celle sur la diversité biologique (CDB), la Convention sur la lutte contre la désertification fait pourtant partie du triptyque imaginé au sommet de Rio. Vingt satellites d’observation scrutaient la planète en 1992, ils sont près de cent aujourd’hui.
Chaque année, une surface équivalente à la moitié de la taille de l’Union européenne (UE) – soit plus de deux millions de kilomètres carrés – est dégradée, l’Afrique et l’Asie étant les deux continents les plus touchés ; plus de 50 % de la surface terrestre est aujourd’hui affectée par ce mécanisme lié aux variations climatiques et aux activités humaines. Au rythme actuel de l’expansion agricole, industrielle et minière, les forêts primaires auront, d’ici 2030, disparu au Paraguay, mais aussi au Laos ou en Guinée équatoriale. Les forêts de Centrafrique, du Nicaragua ou du Cambodge pourraient subir le même sort d’ici 2040.A l’horizon 2025, près des deux tiers de la population mondiale pourrait être confrontée à une situation de stress hydrique. Constatons que les migrants originaires d’Afrique subsaharienne viennent de zones rurales dégradées et qu’une bonne partie de la consommation des pays riches est produite à l’étranger. Tous responsables, tous coupables. Il n’est plus possible raisonner en silo, abordant d’un côté la question de l’usage de terre, de l’autre celle du changement climatique, du déclin de la biodiversité, de l’expansion démographique ou de l’urbanisation. Le rapport du JRC indique que l’augmentation attendue de la population mondiale, 9 milliards d’humains au milieu du siècle, rendra la pression sur les ressources naturelles quasi insupportable.
Catastrophe n’est pas un mot d’ordre, c’est une réalité. Mais il est vrai que commenter les résultats du Mondial de foot est beaucoup plus excitant que prévoir pour les décennies qui viennent famine mondiale, déplacements massifs de populations (700 millions d’ici 2050, agrandissez votre logement pour les recevoir) et conflits en tous genres (qui se multiplient déjà un peu partout) .
* LE MONDE du 4 janvier 2018, Dégradation massive des terres à l’échelle planétaire
D’un côté la dégradation des terres, le déclin de la biodiversité … et tout le reste.
De l’autre la Coupe du Monde de foot, le Tour de France… et tout le reste.
D’un côté la réalité, catastrophique… de l’autre le déni de réalité.
Ce déni nous concerne tous, plus ou moins bien sûr. Même pour les plus lucides la vie continue, il y a encore milles raisons de ne pas avoir envie d’en finir. Et heureusement il n’y a pas que les jeux du cirque, dont personnellement je n’ai rien à foot.
« Le journal de la joie de vivre » (La Décroissance) de juillet-août est titré : « Bien vivre sa fin du monde ». Bien sûr, j’en conseille la lecture. Ne serait-ce que pour revigorer cette joie de vivre qui manque tellement à certains écolos.
Nous avons tous participé à un jeu de chaises musicales un jour ou l’autre, mais en général le nombre de participants diminuait avec l’avancement du jeu
Nous avons tous participé à un jeu de chaises musicales un jour ou l’autre, mais en général le nombre de participants diminuait avec l’avancement du jeu