Un débat après lequel chacun reste sur ses positions n’a pas été démocratique. L’intérêt de converser est de faire bouger les consciences pour arriver à un consensus. Voici une présentation d’un débat sur le foie gras qui devrait vous amener à ne plus manger les obèses.
Claude Laberdesque* : En 2005, l’Assemblée nationale déclarait le foie gras « patrimoine culturel et gastronomique » français. Cette déclaration s’accompagnait d’une préoccupation partagée par ceux qui, chaque jour, vivent au contact des animaux : veiller au « respect du bien-être animal ». On nous accuse de gaver les canards à trop haute dose. Ce que nos détracteurs ignorent, c’est que ce procédé est la reproduction d’un phénomène naturel.
Christian Scholtès : Qui accepterait d’être gavé avec un entonnoir et de souffrir d’une cirrhose graisseuse… personne. Alors pourquoi infliger ce traitement inhumain aux pauvres oies ou canards. Etre un fondamentaliste des droits de l’homme, c’est aussi être un fondamentaliste des droits des animaux.
Laurimont : L’expression » cirrhose graisseuse » n’est pas correcte puisqu’il s’agit d’une « stéatose hépatique », d’une particularité du métabolisme des oiseaux migrateurs, qui leur permet d’accumuler une source d’énergie pour effectuer leurs longues migrations.
Frank Corsiglia : la production de foie gras en France est dominée à 95 % par le canard mulard (hybride donc stérile comme le mulet) qui est obtenu par le croisement d’une cane commune type Pékin et d’un canard de Barbarie : malheureusement, aucune de ces deux espèces n’est un oiseau migrateur dans son milieu d’origine, Asie et Pérou. Contrairement à l’oie grise…
Un agronome : La cane Pékin n’est qu’une variété d’élevage du canard commun qui est bien migrateur, elle a donc bien les gènes qui favorisent la stéatose hépatique.
Pierre Guillemot : J’ai travaillé dans un élevage de canards gras (pas au gavage, il faut un tour de main). Les canards se pressaient autour de la gaveuse dès qu’elle entrait dans leur enclos, très pressés de se faire remplir de grains de maïs amollis dans l’eau tiède. Ensuite ils faisaient passer les derniers grains en secouant la tête avant d’aller cuver leur ventrée.
Michel Sourrouille : Les obèses de l’espèce humaine se pressent autour des plats (de foie gras), pressés d’enfourner des contenus si appétissants. Ensuite ils secouent la tête, ils en redemandent… Mais l’obésité, humaine ou non humaine, est-elle l’état normal d’un être vivant qui peut voler de ses propres ailes ?
* Claude Laberdesque, président de l’association des producteurs de canards d’Euralis
in LEMONDE.FR | 30.12.11 | Foie gras : pour rétablir la vérité sur une part essentielle du patrimoine gastronomique français
Il existe au moins un foie gras qu’on puisse manger la conscience tranquille
http://imago.hautetfort.com/archive/2011/07/13/foie-gras-le-retour.html
Un très bon billet.
Mais quel est le degré de sensibilité chez les consommateurs.