Personne ne nous oblige à rester esclave de l’énergie

En 1957 l’amiral Rickover, père du sous-marin nucléaire, fit un discours qui donne à réfléchir. Il encouragea ses auditeurs à réfléchir sérieusement à leurs responsabilités envers « nos descendants », ceux qui sonneront la fin de l’âge des combustibles fossiles :

« L’immense énergie fossile aux USA alimente des machines qui font de nous le maître d’une armée d’esclaves mécaniques… Chaque conducteur de locomotive contrôle l’énergie équivalente de 100 000 hommes, chaque pilote de jet celle de 700 000 hommes… Nous dilapidons les ressources naturelles. Une bonne partie des étendues sauvages qui ont nourri ce qu’il y a de plus dynamique dans le caractère américain est désormais enfoui sous les villes, les fenêtres panoramiques ne donnent sur rien de plus inspirant que la fumée d’un barbecue… Quelle assurance avons-nous que nos besoins en énergie continueront d’être satisfaits par les combustibles fossiles ? La réponse est : à long terme, aucune… Un parent prudent et responsable utilisera son capital avec parcimonie, afin d’en transmettre la plus grande part possible à ses enfants. Un parent égoïste et irresponsable le dilapidera pour mener une vie dissipée et se moquera complètement de la façon dont sa progéniture s’en sortira… Vivre de façon responsable signifie économiser l’énergie et développer une culture de l’abnégation. »

Partout dans le monde des citoyens en quête de liberté font déjà revivre l’artisanat, mangent plus lentement, voyagent localement, cultivent des jardins, travaillent avec un souci de l’éthique, partagent leurs outils, bâtissent des communautés, et se gardent de la folie des grandeurs en matière économique et politique. Personne ne nous oblige à rester esclave !
Source : L’énergie des esclaves (le pétrole et la nouvelle servitude) d’Andrew Nikiforuk
Editions Ecosociété 2015, 282 pages, 20 euros
Edition originale 2012 (The Energy of Slaves : Oil and the New Servitude)