L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié son rapport sur les perturbateurs endocriniens – ces substances chimiques interférant avec le système hormonal. L’article de Stéphane Foucart dans le Monde-papier reste ambigu : « Les perturbateurs endocriniens sont suspectés de jouer un rôle important dans l’augmentation d’incidence d’une variété de troubles et de pathologies. »* Le même Stéphane Foucart est au contraire affirmatif dans son dernier livre : « La science sait avec certitude (depuis 1991) que les composés organochlorés, du fait de leur persistance, sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux… Les effets se manifestent surtout sur la génération suivante, et non sur les parents exposés… Les humains sont également affectés par ces composés. (in chapitre Une bombe à retardement). »**
Son article du Monde-papier insiste aussi sur la position discutable de l’EFSA : « La distinction entre un effet acceptable et un effet indésirable des perturbateurs endocriniens devra être jugée pour chaque substance, au cas par cas… L’agence juge aussi qu’il existe une absence de consensus international sur l’existence et/ou la pertinence des effets dits à faible dose. » Stéphane Foucart aurait pu ajouter qu’il est impossible d’évaluer les effets délétères d’une substance au cas par cas ; les effets se cumulent, le résultat final peut être plus important que la sommes des parties. De plus on a abandonné l’idée simpliste, remontant à Paracelse (1493-1541), que la dose fait le poison de façon linéaire. Enfin Stéphane montre aussi clairement dans son livre que l’EFSA est un organisme complètement soumis au lobby industriel. Cette officine fait semblant de croire à la controverse là où il n’y en a pas.
Il y a donc une nette différence d’approche entre le journaliste scientifique Stéphane Foucart et l’écrivain Stéphane Foucart. D’un côté un homme qui ménage la chèvre et le chou, de l’autre un lanceur d’alerte. Stéphane nous éclaire sur cette schizophrénie à la fin de son livre : « Le système médiatique peut-il cesser d’être le simple relais de l’ignorance construite à dessein par les industriels ? Le plus important des rouages journalistiques à fabriquer de l’ignorance n’est pas le mal-journalisme mais bien plutôt la volonté de neutralité. Il faut confronter les opinions. Le problème est que cette confrontation détruit de la connaissance plus qu’elle n’en crée. »
Sur les perturbateurs endocriniens, Stéphane est donc tombé dans le piège médiatique dont il connaissait pourtant parfaitement l’existence… Qu’il est difficile aujourd’hui de faire triompher la vérité alors que l’avenir de nos enfants est en jeu !
* LE MONDE du 21 mars 2013, Perturbateurs hormonaux : l’EFSA ne tranche pas
** La fabrique du mensonge (comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger) – éditions Denoël, 17 euros
la composition du panel d’experts sur les perturbateurs endocriniens :
« Mise en regard de l’énormité des enjeux, la composition du groupe d’experts de l’EFSA ne peut raisonnablement susciter qu’une seule chose : une profonde inquiétude. Sur les 18 experts choisis par l’EFSA, 8 ont des liens contractuels ou scientifiques avec l’industrie et notamment l’ILSI, Nestlé, Unilever… Ce n’est pas tout : 11 des 18 experts n’ont aucune publication à leur actif sur la question des perturbateurs endocriniens. La présence d’un toxicologue, Joseph Schlatter, défend clairement l’intérêt des industriels ; il a bénéficié des subsides des cigarettiers entre 1972 et 1985. Il assurait en 1986 qu’il est « douteux que la preuve exacte soit jamais apportée que le tabagisme passif soit une cause de cancer du poumon ».
Source : livre de Stéphane Foucart, La fabrique du mensonge (comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger)
la composition du panel d’experts sur les perturbateurs endocriniens :
« Mise en regard de l’énormité des enjeux, la composition du groupe d’experts de l’EFSA ne peut raisonnablement susciter qu’une seule chose : une profonde inquiétude. Sur les 18 experts choisis par l’EFSA, 8 ont des liens contractuels ou scientifiques avec l’industrie et notamment l’ILSI, Nestlé, Unilever… Ce n’est pas tout : 11 des 18 experts n’ont aucune publication à leur actif sur la question des perturbateurs endocriniens. La présence d’un toxicologue, Joseph Schlatter, défend clairement l’intérêt des industriels ; il a bénéficié des subsides des cigarettiers entre 1972 et 1985. Il assurait en 1986 qu’il est « douteux que la preuve exacte soit jamais apportée que le tabagisme passif soit une cause de cancer du poumon ».
Source : livre de Stéphane Foucart, La fabrique du mensonge (comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger)