Fin novembre 2005, le gouvernement suédois a nommé une « Commission contre la dépendance pétrolière » qui était chargée de présenter un programme stratégique d’ici à l’été 2006. Car, si les Suédois ont investi, comme la France, dans le nucléaire après la première crise pétrolière, il a toujours été clair que ce n’était pour eux qu’une solution de court terme.
Lors du référendum de 1980, les Suédois ont en effet voté à 58 % pour l’abandon de l’atome. La conversion de l’économie aux énergies renouvelables a donc commencé très tôt ; en 2004, elles apportent 35 % de l’énergie produite en Suède, mais 41 % des ressources proviennent toujours du pétrole. C’est particulièrement dans le secteur des transports que réside le plus grand défi, plus de 95 % du parc automobile fonctionne toujours au diesel ou à l’essence. Pourtant le pays est parvenu à généraliser l’E5 (95 % d’essence et 5 % d’éthanol), à faire rouler les bus aux biocarburants et à booster les ventes de « voitures propres », qui représentaient 15 % des nouvelles immatriculations en mars 2006. Dans l’habitat, la consommation de pétrole a diminué de 80 % depuis 1970. Aujourd’hui, 14 % seulement des maisons individuelles sont chauffées au fuel, contre 70 % en 1978. On compte aussi supprimer le chauffage électrique d’ici 5 ans. Mais les Suédois ne devront pas seulement se convertir aux biocombustibles et autres systèmes plus ou moins solaires, il faudra aussi qu’ils réduisent leur consommation totale d’énergie : s’il s’agit de conserver encore le mode de déplacement individuel motorisé et le chauffage central, le pari de l’indépendance pétrolière est irréaliste.
Le seul réalisme, du point de vue de la Biosphère, consiste à limiter ses besoins, à aller vers la simplicité volontaire. Car qui dit baisse de la consommation de pétrole dit diminution de gaz à effet de serre…
(écrit le 24.07.2006 par Michel Sourrouille) Ere post-pétrolière en Suède ?