A la veille de la conférence mondiale sur le climat, organisée du 30 novembre au 11 décembre à Paris, banquiers et industriels font assaut de zèle environnemental, multipliant les annonces pour prouver aux gouvernements et à l’opinion qu’eux aussi prennent leur part dans la lutte contre le réchauffement de la planète.* Tous disent partager l’objectif des Nations unies de maintenir la hausse de la température moyenne du globe sous les 2 °C. Tous ou presque ont la conviction que l’activité humaine en est responsable, ils disent maintenant ne plus être climato-sceptiques. Ils se sont engagés à « optimiser leurs opérations » pour plus d’efficacité énergétique. Ils veulent pousser plus loin la Recherche&Développement pour réduire les rejets de GES dans l’atmosphère, favoriser le déploiement de la capture-stockage du CO2, contribuer à l’accroissement de la part des énergies renouvelables.
Efficacité énergétique, mix énergétique, rien pour dire qu’il va bien falloir un jour ou l’autre se passer complètement des ressources fossiles non renouvelables. Aucune pensée pour la redéfinition de nos besoins en terme de sobriété carbone. Au contraire le lobby carboné postule que le monde a « besoin de plus d’énergie » pour accompagner la croissance économique et démographique. Malheur, « des centaines de millions d’êtres humains n’ont toujours pas accès à l’électricité ». Rien pour une société post-carbone, décroissanciste. Au nom de la compétitivité et du libre marché, ces lobbies se livrent à une « obstruction systématique » pour éviter la mise en place d’un « prix significatif » de la tonne de CO2. Les pétroliers sont accusés par des organisations non gouvernementales d’œuvrer en coulisses pour que rien ne change.
Rappelons ces fortes paroles de Pablo Solon a été négociateur en chef sur le changement climatique au nom de la Bolivie : « Avant les négociateurs (des conférences internationales) étaient des gens qui se préoccupaient d’environnement, maintenant la majeure partie se préoccupe surtout de business. Pour le capital, l’idéal est que les négociations aboutissent à un accord qui ne limite pas le commerce, qui ne limite pas l’extraction de matières premières, qui ne réduise pas le niveau de consommation… Exactement le type d’accord auquel les COP aboutissent ! Tout est laissé à la bonne volonté des pays, et aucun mécanisme ne contraint ou ne sanctionne réellement ceux qui ne respectent pas leur engagements. Les COP n’affectent pas les accords de libre-échange, au contraire ils ouvrent la voie à de nouveaux marchés. »
* LE MONDE ECONOMIE du 17 octobre 2015, Avant la COP21, pétroliers et banquiers s’affichent en vert
** Crime climatique STOP ! L’appel de la société civile
éditions Anthropocène Seuil 2015, 316 pages, 15 euros
Il me semble clairement que nous entrons, non dans un combat contre les émissions de gaz à effet de serre, mais dans un concours à qui aura la meilleure image en la matière. Le vrai combat, il est vrai, supposerait de mettre à bas les moteurs de nos sociétés, c’est à dire les différents volets de la croissance.