Mon quotidien préféré, à nul autre pareil, pratique à nouveau la rénovation. Ayant opté en novembre 2005 pour un journal de l’essentiel, il préfère depuis cette époque « la hiérarchie de l’information à la confusion de l’exhaustivité ». A partir du lundi 26 janvier, vous allez même voir ce que vous allez voir, ils vont « revaloriser l’économie » ! Malheur à nous, c’est la valorisation de l’économie qui nous a coulés, et Le Monde revalorisait encore plus l’économie ? Parlons plutôt des pics pétroliers, car ce sont les contraintes géophysiques qui vont renverser l’économisme régnant.
LeMonde du 25-26 janvier nous parle bien du pic pétrolier, mais celui de la demande, qui va baisser pour la première fois depuis un quart de siècle. Pour le pic de production, « ce futur plus ou moins proches où l’épuisement d’une partie des gisements pétrolifères rentables se traduira par un déclin de la production », pas besoin de s’inquiéter : « Le pétrole irriguera encore l’économie pendant des décennies, comme il l’a fait sans discontinuer depuis cent ans ». Le chroniqueur du Monde, Jean-Michel Bezat, est vraiment nul. Ce n’est pas avec de tels journalistes que nous sortirons de notre dépendance envers le pétrole, l’économie reste pour lui dominatrice, et la planète ressemble à cette bonne mère qui nourrit des serpents en son sein.
Qu’est-ce que l’économie des hommes ? Rien d’autre que la transformation des ressources naturelles, qui sont apparues sous nos pieds sans que nous ne fassions rien pour cela. La clé de cette transformation est l’énergie, qui est, par définition, l’unité physique de transformation du monde. Dès lors, la baisse tendancielle du prix réel de l’énergie depuis deux siècles a permis de transformer le monde à moindre frais. Inversement toute hausse suffisante de son prix freinera le système, et se traduira par la récession et une inflation généralisée. Il existe un signal fort pour les spécialistes de l’économie actuelle, trop dépendante des ressources physiques : la multiplication, depuis deux ans, de déclaration de la part des dirigeants du monde pétrolier sur le prochain pic pétrolier, et donc chacun aurait mérité de faire la une d’un grand journal. Le fait est que, en 2007, la production mondiale de pétrole conventionnel a diminué de 0,15 % par rapport à celle de 2006 après avoir augmenté de seulement 0,5 % l’année d’avant (in C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde au Seuil, 2009.