Pierre Rabhi est une personnalité admirable. Auteurs de nombreux livres, praticien de l’agroécologie, candidaté aux présidentielles de 2002, sa parole est sage et ses actions écologiquement valables… sauf en matière démographique. Il écrit : « Les arguments démographiques que les repus exhibent sans cesse pour justifier l’inanition des pauvres, sont fallacieux et ne résistent pas à un examen attentif. Accuser le million de ventres vides d’être responsables du fléau dont ils sont victimes relèvent du cynisme que la raison et le cœur ne peuvent que récuser. Pour contribuer à réduire ou à supprimer ce terrible fléau, l’agroécologie est souveraine. »*
Nous reconnaissons là le bréviaire des anti-malthusiens : les riches n’ont rien à reprocher à la fécondité des pauvres, notre humanisme à nous est le plus grand, les performances agricoles sont LA solution à la famine. Sauf que sur la planète, il n’y a pas un million, mais un milliard de ventres vides, sauf que les enfants des riches sont aussi trop nombreux, sauf que l’agriculture industrielle n’arrive pas à nourrir le monde et que l’agroécologie ne ferait pas mieux. Pierre pense qu’en améliorant la fertilité (des sols), « j’augmente la capacité de la terre à nourrir un nombre croissant de personnes sur une surface donnée** ». Sans s’en rendre compte, Pierre définit ainsi la course sans fin qu’il y a entre amélioration des méthodes agricoles et explosion démographique. Il ne se pose pas la question d’une capacité de charge limite de la biosphère à supporter les humains. Il ne semble pas connaître la loi des rendements décroissants en agriculture, loi absolue quelle que soit la méthode d’exploitation des sols utilisée. Il dit : « La démographie n’est qu’un prétexte, pas une cause. Ce ne sont pas les nombreux affamés qui épuisent les ressources.*** » Cette phrase ne serait juste que s’il ajoutait « seulement ». En effet, ce sont à la fois les riches et les pauvres qui épuisent les ressources. Et l’état de pénurie absolue fait en sorte que les pauvres en arrivent même à manger les semences qui devraient servir pour l’année suivante et à détériorer durablement leur écosystème proche. Pierre pense encore que l’émigration est une solution : « Les êtres humains se sont spontanément réunis en clans et en tribus, mais au-delà d’un certain nombre, lorsqu’ils n’étaient plus à même de se nourrir sur un territoire, ils essaimaient pour survivre*** . » Il devrait se rendre compte que sur une planète close et saturée d’hommes, la fin des migrations est proche. D’ailleurs il reconnaît que les humains sont heureux jusqu’à une certaine densité ; quand elle devient excessive, ils sombrent dans l’anonymat des cités…, « La ville est incompatible avec la nature de l’humain.*** » Or l’urbanisation résulte pour une grande partie de la paupérisation des paysans qui n’arrivent plus à vivre de leurs terres, même si elles sont cultivées en agroécologie.
Pierre Rabhi avec sa femme Michèle a fait cinq enfants. Si tous les couples faisaient comme eux, cela correspondrait à une multiplication par deux de la population mondiale tous les 40 ans environ. Nous sommes 7 milliards, en 2100 nous serions plus de 28 milliards. Pierre devrait étudier les évolutions exponentielles et leur course folle. Pierre devrait étudier Malthus, la progression arithmétique de la production alimentaire et la progression géométrique de la population humaine.
* Kaizen, hors série n° 1, janvier 2013 : « Il était une fois, Pierre Rabhi » p.121
** Kaizen p.33
*** Kaizen p.12
La position de Pierre Rahbi est parfaitement représentative de l’évolution des mouvements écologiques à propos de la croissance démographique. Alors que celle-ci était au premier plan des problématiques écologiques dans les années 60/70, cela n’est aujourd’hui plus le cas, sauf pour quelques individus isolés. Que s’est-il passé ?
Toutes les projections relatives à la croissance de la population mondiale ont été régulièrement révisées à la baisse pendant ces dernières décennies et les démographes nous affirment qu’elle [la population] va se stabiliser à l’horizon de la fin de ce siècle. La grande « peur » d’une croissance démographique incontrôlée n’étant plus à l’ordre du jour, il ne resterait donc plus qu’à gérer une situation présente et future qui nous est régulièrement présentée par moult experts agronomes et autres, comme soutenable.
Nous en sommes là. Beaucoup estiment que le pire ayant (peut-être) été évité, il convient maintenant d’être « constructifs » et d’abandonner tout alarmisme. Cela fait bien longtemps que sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, la majeure partie des écologistes ont abandonné tout radicalisme, je veux dire par là qu’ils ont renoncé à interroger les racines de la crise écologique quasi-continuelle dans laquelle se débat l’humanité depuis le néolithique.
@biosphere: je parlais de l’attaque ad-hominem, inutile Par ailleurs, je soulignais que le débat sur la démographie est légitime. Votre petit jeux question-réponse me semble donc peu appropriée.
@Ludvigvonprinn: non l’ami, ravalez votre venin, j’ai dit « s’exciter de cette manière ».
le terme « haine » est l’ argument majeur des bisounoursogauchistes à défaut d’ arguments valides et valables .
Il faut au contraire « s’ exciter » sur ce sujet car la situation est calamiteuse pour la biodiversité .
Julien, Où vois-tu de la haine dans les citations suivantes ?
« La Terre peut nourrir 30 milliards d’individus s’ils devaient vivre comme les habitants du Bangladesh, et seulement 700 millions s’ils devaient tous vivre comme des Européens. » Le Quid 2001
« Une étude des Nations unies (1970 !) pose la question suivante : Étant donné la capacité agricole et industrielle mondiale, le développement technologique et l’exploitation des ressources, combien de personnes pourrait-on faire vivre sur Terre avec le niveau de vie actuel de l’Américain moyen ? La réponse est : cinq cents millions tout juste. » Arne Næss
« S’il y a déjà des hommes de trop sur cette Terre, ces hommes de trop sont ceux qui se montrent exigeants, autrement dit ce sont des gens de l’Occident. » Albert Jacquard
« La surpopulation entraînée par les progrès de la médecine engendre le danger de famine qui peut être résolu par des techniques biologiques et chimiques miracles, mais au prix de la nécessité d’apprendre aux gens à manger n’importe quoi. » Serge Latouche
Biosphère, ne soit pas haineuse, car Gaia ne l’est pas.
Ecrire sur la natalité est légitime mais, rien ne justifie de s’exciter de cette manière, ou d’exécuter froidement un des plus holistes d’entre nous.
« Le Tout est dans chaque partie » ou dit autrement, « chacune des parties contient le tout. » Il serait judicieux que tu médites sur cette affirmation si tu veux un jour vivre une révolution positive des consciences.
L’argumentaire de certains décroissants concernant l’augmentation incontrôlée de la population repose sur trois choses:la population va se stabiliser autour de 9 millions en 2050, il y aura assez d’espace pour la nourrir si l’on prend soin des sols et surtout contrôler la population surtout des plus pauvres fait le jeu des dirigeants des nations « riches » pour qui les déshérités sont une charge qui obligerait à revoir le partage des richesse puisque le but est que tout le monde accède au niveau de vie occidental (la fameuse globa-mondialisation); d’ou un risque d’eugénisme plus ou moins déguisé envers les plus démunis (seul un nombre restreint d’individus, les plus « éclairés », auraient le droit de se reproduire). Cet argumentaire est aussi soutenu par la branche libertaire-féministe pour qui le droit de disposer de son corps est un droit inaliénable, en gros la suite de « il est interdit d’interdire ». Certes tout cela est recevable si l’on ne se place pas à l’échelle du temps et de l’urgence dans un système fini (quelles devront être les vrais priorités dans peu de temps?) , et que l’on n’est pas regardant sur la plausibilité des prédictions (la stabilisation de la population si elle arrive reposera plus sur un effondrement que sur une supposée volonté collective dictée par une loi économico-arithmétique). A vouloir trop jouer sur la stratégie (faire le jeu des riches), une partie des décroissants oublie plusieurs points essentiels: de même qu’une future vie harmonieuse sur la terre reposera sur une bien meilleure répartition des richesses et une sobriété retrouvée, de même des limites devront être posées dans certains domaines cruciaux tels que la natalité notamment . Cela va de paire. J’aimerais croire que la lutte contre le système destructeur actuel sera facile, simple et sans douleur; malheureusement ce chemin est loin d’être pris, raison de plus pour ne pas oublier toutes les « entrées » possibles.
Les pauvres sont parés de toutes les qualités et malgré leur très large prédominance
démographique n’ occupent que peu d’ espaces , ne déboisent pas , ne liquident pas la biodiversité , ne polluent pas .
Ils ne contribuent en rien à l’ extension démentielle des villes , c’est bien connu !
Quand j’ entends ces zozos appelés Rabhi (ou rabbit?) ou Ziegler , pleureuse professionnelle et grrrrrrand humaniste devant l’ éternel, qui parie sur le potentiel potentiel agricole planétaire pour nourrir plus de 12 milliards d’ habitants , je suis écroulé de rire devant tant de niaiserie et de naiveté !
A t-on jamais établi le cadastre « de fertilité » de chaque terre agricole de la planète ?
Ceci en réponse aux critiques sur les prédictions du Pr Ehrlich .
Il est pour le moins étonnant de voir que certaines personnes peuvent ici prendre l’exemple de l’Inde pour écarter la question démographique du champ écologique.
Il faut tout d’abord savoir qu’en 2050, ce pays comptera, à lui-seul, le même effectif de population que la planète TOUTE ENTIÈRE au début du XXème siècle, à savoir entre 1,6 et 1,7 milliards de personnes : excusez du peu…
Ensuite, il se trouve que la densité de population de l’Inde est aujourd’hui de 380 hab/km² (plus de trois fois la nôtre!) et qu’elle devait être de 515 hab/km² en 2050 (c’est-à-dire demain). Avec une telle densité de population nous serions 284 millions de français au milieu du siècle, soit plus de 200 millions que prévus. A ce niveau d’entassement, de problèmes écologiques, économiques et sociaux, on se demande s’il existerait encore un seul nataliste dans notre pays…
En tout cas, au niveau où en est leur pays actuellement, il ne subsiste guère de dirigeants indiens qui ne soient conscients de la gravité de la question. Si les choses continuent cependant à évoluer dans le mauvais sens, c’est en partie du fait des pesanteurs sociales, mais aussi à cause du manque d’investissement de la communauté internationale.
Tant que l’ONU ne décrétera pas l’urgence démographique mondiale et laissera chaque pays seul face à cette question, la maîtrise de la natalité ne se fera qu’avec lenteur : tel est du moins le sentiment de l’association Démographie Responsable.
Dautres predictions d’Ehrlich qui se sont averees etre completement a la masse. Je vous laisse commenter sur le serieux des principes sur lequelles elles sont basees et la solidite des predictions qui en decoulent (traduit par moi-meme de: « Cracked Crystal Ball: Environmental Catastrophe Edition », par Ronald Bailey.
Lors du premier « Earth Day » en 1970, il predit que « dans 10 ans la plupart de la vie animale marine aura disparue. De large regions cotieres devront etre evacuees a cause de la puanteur degagee par les poissons morts. »
Lors d’un conference en 1971, il predit que: « Aux alentours de l’an 2000, le Royaume Uni ne sera qu’un petit group d’iles appauvries, habitees par environ 80 millions d’affames. Si j’etais parieur, je parierais meme que l’Angleterre n’existera plus en l’an 2000 »
Brilliant, Dr. Ehrlich !!
(suite) En science (la vraie) on juge de la qualite d’un modele a la realisation de ses predictions. Et le modele Malthusien donne des predictions fausses depuis 1826, depuis la campagne Anglaise du XIX siecle jusqu’au Etas-Unis du XX siecle et l’Inde et la Chine du XXIe siecle. Les neo-Malthusiens continuent de dire que l’agriculture technique n’est pas soutenable, que dans le futur telle catastrophe va arriver ou telle ressource ne sera plus la, c’est a dire qu’ils repoussent dans la theorie et dans le futur la confirmation d’une theorie du passe. Les malthusiens hard-ecolos, opposes a la techique et a la science, pourraient effectivement si ils etaient aux commandes freiner le developpement humain et faire en sorte que leur prophecies de malheurs soit « self-fulfilling », ils seraient alors responsables des catastrophes qu’ils auraient eux-memes provoques . Mais comme heureusement les ecolos ne seront pas au pouvoir, les faits qui sont tetus et etablis dans la longeur continueront : la realite a demontre depuis bientot 200 ans que le modele malthusien est faux.
Le predictions catastrophiques malthusiennes et neo-malthusienes n’ont jamais cesse de se voir prouver fausses. Malthus lui-meme prevoyait une catastrophe imminente qui ne s’est pas produit. Ehrlich, dans « The Population Bomb », ecrivait en 1968 que « L’inde ne pourra jamais nourrir deux cent millions de personne en plus d’ici a 1980 », ce qui bien sur s’est trouve etre completement faux, grace a la Revolution Verte qui avait commence en 1965. L’Inde est devenue auto-suffisante en production cerealiere dans le premiere moitie des annees 70. Le Malthusianisme est aussi inadapte a l’epoque moderne que le Marxisme: extrapolations theoriques de la situation de siecles precedants qui n’est pas plus pertinente au XXIe siecle que le serait dans le domaine de la defense nationale une discussion sur l’interet d’envoyer Alcibiade commander l’expedition de Syracuse.
Le predictions catastrophiques malthusiennes et neo-malthusienes n’ont jamais cesse de se voir prouver fausses. Malthus lui-meme prevoyait une catastrophe imminente qui ne s’est pas produit. Ehrlich, dans « The Population Bomb », ecrivait en 1968 que « L’inde ne pourra jamais nourrir deux cent millions de personne en plus d’ici a 1980 », ce qui bien sur s’est trouve etre completement faux, grace a la Revolution Verte qui avait commence en 1965. L’Inde est devenue auto-suffisante en production cerealiere dans le premiere moitie des annees 70. Le Malthusianisme est aussi inadapte a l’epoque moderne que le Marxisme: extrapolations theoriques de la situation de siecles precedants qui n’est pas plus pertinente au XXIe siecle que le serait dans le domaine de la defense nationale une discussion sur l’interet d’envoyer Alcibiade commander l’expedition de Syracuse.