La crise des conditions de vie sur Terre peut nous aider à choisir une nouvelle voie. Nous, qui sommes responsables de cette situation, nous avons la capacité intellectuelle de réduire notre nombre consciemment et de vivre dans un équilibre durable et dynamique avec les autres formes de vie. A la fin des années 1970, Arne Naess a formulé avec George Sessions une offre de « plate-forme de l’écologie profonde » en huit points. Voici le premier, explicité lors d’une conférence* prononcée en 1986 :
1/8) Le bien-être et l’épanouissement des formes de vie humaines et non-humaines sur Terre ont une valeur en elle-même (intrinsèque). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité du monde non-humain pour les besoins humains.
Le terme écosphère est préférable au terme de biosphère, pour bien insister sur le fait que nous ne prenons pas seulement en compte les formes de vie au sens étroit du terme. Nous n’utilisons pas le terme de « vie » au sens technique, et nous l’employons aussi pour désigner des éléments que les biologistes considèrent comme non vivants : les rivières, les paysages, les champs, les écosystèmes, la terre vivante. Des slogans tels que « laissez vivre la rivière » illustrent bien cet usage du mot « vie », si répandu dans différentes cultures. Il n’y a que dans nos écoles occidentales que le terme « vivant « est exclusivement associé à la science de la biologie.
* in Arne Naess, la réalisation de soi (éditions wildproject 2017, 314 pages pour 22 euros)
Je ne vois pas en quoi ce point 1/8 nous avance réellement.Déjà nous avons le problème de la définition de » la vie « . Qu’est-ce qu’un système vivant ? Au fur et à mesure des découvertes, la science empile les définitions.
Ensuite nous avons le problème de la valeur suprême… celle du sacré. La Vie semble être quelque chose d’universellement sacré, probablement du fait du mystère de son origine. Suivant les régions, nous avons des vaches sacrées, des arbres sacrés, des rivières et des fleuves sacrés etc.
Enfin nous avons le problème plus général de l’ordre des valeurs. Parmi cette multitude de formes de vie que compte notre planète, y aurait-il une hiérarchie ? Ou pas ? La vie d’un homme a t-elle plus de valeur que celle d’une baleine ? Ou bien l’inverse (Watson). Quelle est alors la forme de vie qui se situeraient « en haut » ? Et là selon les croyances, les religions, les propriétaires des cerveaux (humains) se posant ces questions … nous avons des tas de réponses, qui valent ce qu’elle valent.
Quoiqu’il en soit ce sont bien les sciences (biologie, mais pas que) qui nous expliquent l’interdépendance de toutes les formes de vie présentes sur notre planète. Ce sont bien les sciences qui nous font comprendre l’intérêt de conserver cet indispensable équilibre. Et étant donné que ces sciences émanent de cerveaux humains, il me semble évident que cet intérêt est d’abord le notre.
@ Didier Barthès. Tout à fait !!
Variante : il faut protéger les baleines ou autres pour que nos petits enfants puissent encore les admirer.. etc…
Toujours l’intérêt de l’homme, qui prime, et l’homme au centre de tout. C’est également pour cela que je m’inscris en faux contre ce terme d' »environnement », utilisé à toutes les sauces même par les écologistes les plus convaincus, et même lorsqu’ils parlent des milieux naturels à proprement dit.
Ce point (1/8) est absolument essentiel.
Je n’en peux plus d’entendre certains écologistes dire qu’il faut protéger l’Amazonie parce qu’on trouvera des plantes susceptibles de nous procurer les principes actifs de nouveaux médicaments, ou qu’il faut protéger les abeilles parce qu’elles sont « utiles » (comme si le couple de concepts « utile-nuisible » avait le moindre sens dans la nature.
L’épanouissement des différentes formes de vie a une valeur intrinsèque, oui, voilà, tout est dit.