La gauche du PS espère tirer parti de la conjoncture (LeMonde du 1er novembre). Porté par le tsunami financier, Benoît Hamon se sent des ailes car beaucoup soutiennent sa ligne politique, la motion C. Mais si on regarde attentivement son programme, il nous faut déchanter. C’est un programme keynésien classique de relance de la demande. Cette gauche-là pense toujours que la croissance économique grâce aux dépenses étatiques va résoudre tous les problèmes de notre société. Mais si Benoît Hamon faisait face à un baril à 200 dollars, quelle serait sa réaction ? Nous en avons un avant-goût car sa motion réclame « l’accès de tous à une énergie à prix modéré » et compte d’abord sur les trois piliers d’un pôle public de l’énergie : électro-gazier, nucléaire et pétrolier. Il s’agit donc d’un gauche traditionnelle, productiviste et centrée sur la croissance des besoins.
Si on rentre dans le détail de cette motion « plus-à-gauche », nous trouvons juste après son premier point « Sortir du libre-échange généralisé », la thématique « Répondre à l’urgence écologique ». C’est uniquement un leurre, du greenwashing ! La contribution générale (texte antérieur à la motion) Hamon-Emmanuelli ne donnait absolument aucune place à l’écologie, si ce n’est quelques phrases dans le sous-sous chapitre de « Imaginer de nouvelles socialisations et développer les services publics ». Il n’y a donc pas de discours durable de Benoît sur l’écologie. Si on rentre dans le détail de sa motion, l’erreur suivante est significative de la fragilité des analyses d’une gauche qui ignore encore la complexité du monde actuel : « Il faut changer notre évaluation du développement en adoptant l’indice de développement humain ». Signalons aux camarades plus-à-gauche que l’IDH est déjà calculé, c’est un indicateur de l’ONU (PNUED) qui agglomère PIB par habitant, santé et éducation. Mais dans les pays riches, nous sommes au score maximum possible, l’IDH en France n’a donc aucun intérêt. De plus cet indicateur ignore complètement la relation entre social et écologie. Il faudrait plutôt parler d’IDD (indicateurs de développement durable) qui sont actuellement en construction au niveau européen et mondial. Benoît va faire sans doute un gros score au vote socialiste du 6 novembre, mais il ne nous prépare nullement aux krachs écologiques dont on entend les craquements sinistres dans les banquises.