plus de TGV en 2050

En 2050, il n’y aura plus de TGV, trop vite, trop inadapté. On a jugé que tout maintien de lignes protégées rendait impossible les corridors écologiques. On a jugé que le réseau classique des trains de proximité était un atout indispensable face à la disparition programmée de la voiture individuelle. On a jugé que relier les petites villes était beaucoup plus important que le fait de privilégier les grandes métropoles. On a jugé qu’envoyer des pommes de terre belges se faire conditionner en Italie n’avait aucun sens. Le pétrole est devenu rare et cher, le climat s’est  dégradé ostensiblement, il y a eu un report autoritaire du fret routier vers le rail. La mobilité géographique n’est plus l’alpha et l’oméga de la réussite, la psychologie a changé et les jeunes préfèrent maintenant s’enraciner dans leur territoire d’origine. Ces questions d’un avenir probable commençaient déjà à être abordées par LeMonde du 23-24 août 2009 (Des écologistes critiquent le développement du train à grande vitesse). Les minoritaires à une époque deviennent majoritaires à une autre quand ils ont saisi le sens de l’histoire.

Mais en 2009, l’illusion de la puissance technologique et le vertige de la vitesse faisaient encore tourner la tête des grands politiques qui voulaient de grands projets. Même le « Grenelle de l’environnement » voulait ses 2000 km de lignes à grande vitesse. Comme la France a voulu à une époque le supersonique Concorde. Comme les Américains voulaient leur petit voyage vers Mars. Il n’empêche qu’en 2050, le mot d’ordre est devenu : moins vite, moins loin, moins souvent et beaucoup plus cher. On ne peut aller contre le sens de l’histoire…

10 réflexions sur “plus de TGV en 2050”

  1. Feri = Franck Moulin

    @ JPS

    Merci pour ces informations. On n’a pas forcément les mêmes infos (et sources) mais cela me fait réfléchir, merci!

    Je suis un peu débordé pour argumenter ces jours-ci mais j’ai marqué cette page. j’y reviendrai, promis. Ce serait bien que notre ami blogueur participe. (Ou il est déjà passer à autre chose?)

    Bonne continuation.

    FM

  2. Certes, la famine a été grandement éradiquée d’Europe grâce à l’utilisation d’énergie à outrance dans les fermes. On dirait que ce constat doit nous éviter de voir les problèmes immenses que nous pose le système agricole actuel: il sous-emploi, il pollue localement (pesticides, engrais) et globalement (1er poste de Gaz à Effet de Serre en France! http://www.manicore.com/documentation/serre/GES.html)

    1) Prenons par exemple le blé: si, nous admettons, qu’aujourd’hui, 80Q/ha est nécessaire pour éviter la famine. Oui mais:

    -Quel est le rendement de la chaîne alimentaire jusque dans nos gosiers? Il est faible! En Grande Bretagne, une étude a mesurée que 1/3 des produits alimentaires achetés partent à la poubelle alors que l’occident possède des frigos, des packagings efficaces; la proportion est d’ 1/4 dans le monde alors qu’une grande partie se passe de nos moyens techniques de conservation. N’y a t-il pas une marge de manœuvre immense?
    http://www.ddmagazine.com/265-Halte-au-gaspillage-alimentaire.html

    Et hop! On n’a plus besoin plus que 53Q/ha!

    2) Le régime occidental est extrêmement carné: on a triplé notre consommation de viande depuis le début du 20e siècle! Ce régime a ses conséquences: 65% de la SAU française sert à nourrir des bêtes et non les gens. De plus, la production de viandes est très émetteur de GES: en moyenne, produire 1 Kg de bœuf émet autant que 80km en voiture!!
    Il serait stupide de tomber dans l’extrême inverse, mais n’y a-t-il pas de l’abus, là?
    http://www.manicore.com/documentation/serre/assiette.html

    Donc on a tout intérêt à réduire la production de viande en incluant dans son prix le coût de ses conséquences. On peut gagner jusqu’à 50% de SAU en France.
    http://www.manicore.com/documentation/manger_bio.html

    On arrive donc bien en deçà des 40Q/ha atteints par le blé Bio en Beauce pour éviter la famine…

    Sachant que le bio et surtout le biodynamique ne profite que depuis récemment de recherches de la part de l’INRA, on peut espérer sans crainte que ce mode de culture progresse vers de forts potentiels.

    A noter que le bio n’est pas la panacée: il demande plus de mécanisation (pour le piochage des choux-gras, notamment;) ), donc plus d’énergie. D’après différentes études, il est quand même au final moins énergivore que le modèle actuel et il permet de nous résoudre déjà quelques petits problèmes.

    Quant à la forêt française, elle est sous-exploitée, ce qui veut dire qu’une part de stocke pas de carbone. Néanmoins, son avenir énergétique prometteur peut nous inciter à ne pas trop la réduire.

  3. jean-Philippe Simand

    Depuis que le TGV existe, le réseau ferroviaire n’ai jamais été aussi mal réparti. La population rurale n’a jamais été aussi loin d’une gare. Il n’y a qu’à regarder le réseau de 1937, ça laisse rêveur: http://www.laviedurail.com/culturerail/histoire/chronologie/chronologie_03.php#ancre10.
    il y avait 43000km de voie ferrée uniformément réparti alors qu’en 2009, il nous reste moins de 30000km, dont beaucoup sont redondantes, à cause d’une concentration de la population dans les villes. Mais ce n’est la faute au TGV, c’est un choix d’aménagement. Les années après guerre ont été mortelles pour beaucoup de lignes secondaires, notamment celles du plan Freycinet, qui visaient à desservir un maximum de sous-préfectures et de chef-lieu de cantons.

    De plus, je ne vois pas comment on peut persévérer dans la direction actuelle de l’aménagement du territoire français. Les enjeux de ce siècle demandent un rapprochement de la population de son lieu de travail, une meilleure répartition des chaines de distribution pour une meilleure efficacité énergétique… Nous aurons certainement des réseaux physiques à une échelle plus réduite, et c’est dans ce contexte que le train évoluera en 2050.

    En attendant, avec la future taxation de la pollution des aéronefs, le TGV a encore de beaux jours devant lui.

    Pour la concurrence étrangère du télétravail, son effet est dur à évaluer. Par exemple, la sous-traitance d’études industrielles est déjà bien difficile entre français; porter son choix sur une société de proximité est encore judicieux car, malgré les visioconférences, il reste difficile de se passer de quelques réunions techniques ou commerciales.

    Pour Disclaimer, merci de nous informer de façon un peu plus argumentée, je serai heureux d’avancer dans le débat.

    +1 pour l’identité du blogueur
    jps

  4. Avant de se focaliser sur les nouveaux démons de la société moderne : voiture, TGV, Avion et de parier sur une économie de la connaissance dont on minimise grandement la pollution (un ordinateur est un bien industriel comme la voiture, avec son lot de pollution et d’émission à la fabrication, le développement d’internet c’est le développement des fermes de serveurs -entre autre-, grosses consommatrices d’énergie), on devrait parler d’un problème plus banal mais tout aussi problématique : l’alimentation.

    Si demain on ne roule plus en voiture, on mangera difficilement…
    Ce problème moins médiatique est reflété maladroitement par l’insatisfaction des agriculteurs.
    Apparemment peu de gens ont travaillé dans des exploitations agricoles modernes, sans parler même de super exploitations, et d’agriculteurs en 4×4.
    Ces exploitations qui permettent à des populations complètes de manger à des prix abordables, pas des exploitations BIO ou artisanales qui ne peuvent constituer dans l’état actuel des choses qu’un approvisionnement symbolique.

    Dans ces exploitations pourtant, des tracteurs de taille encore raisonnables avalent 300 litres de fioul dans leur réservoir, voir 800 litres pour les moissonneuses batteuses. Qui peuvent les vider en travail dur, (labour, herse), dans une journée de 8 heures…
    200 litres de fioul à l’hectare n’est pas chose rare pour une récolte…En ne parlant que des engins agricoles. Les engrais pourtant utiles en consomment encore plus.
    Certaines estimations donnent 1000 litres d’équivalent pétrole pour produire sur un hectare de terre…
    Un bon rendement de blé commence à 80 quintaux/hectares : ce qui fait 8 tonnes : pas une grosse benne….

    Alors certains diront que l’agriculture d’aujourd’hui marche sur la tête, mais qu’ils se souviennent qu’il y a à peine 50 ans, l’Europe souffrait encore fréquemment d’un manque de denrées agricoles. L’agriculture d’aujourd’hui n’est pas là par hasard…
    40 millions d’habitants en France en 1900… On veut aussi garder nos forêts…

  5. @ Henri

    Je constate que votre blog fait réagir, bien, bien … Ceci dit:

    – Sources de l’Electricité, TGV vs Autre lignes: Désolé, mais on ne peut pas bâtir un argumentaire sur des théorèmes faux. Parler du coût des energies fossiles pour justifier votre argument dans ce cas, c’est léger …
    1: Vous dites: Plutôt que le TGV, investissons dans des lignes de ferroutages (NB: Aucun effet sur la nature ??? Comment vont voyager les personnes quand l’essence sera chère mais qu’il n’y aura pas d’alternatives voyageurs (car tt le monde ne va pas rester dans « son coin » (voire mon cas plus loin)???). Conclusion: Vous réglez encore moins le pb. Logique: En appliquant la logique du « Last mile », on peut déjà régler le 20/80. En développant le TGV puis en utilisant les capacités libérées pour le ferroutage, on est plus efficace. Qui plus est, plus d’utilisateurs de TGV + de meilleurs jonctions (là il y a à dire) = meilleur dessertes des villes « secondaires » (Tier 2 & 3, comme on dit dans les économies où on plannifie un minimum) ET donc … cela va dans le sens de votre « rève ».

    2: Quand au web (développement, administration) et au travail à distance (recrutement, formation)… c’est mon métier. Je suis à l’étranger. Mes clients sont en France. J »en vis mais … j’en connais les limites et contraintes. Cela Quand à avancer cet argument à vos lecteurs pour défendre votre post et de ce fait faire croire que c’est LA solution (sous entendu pour tt le monde) c’est au mieux un rève ou un aveuglement et au pire … (je vous laisse remplir). Qui plus est, n’oubliez pas que « The world is flat » et que par conséquent, plutôt que de confier du travail à Lacépède, on peut tout aussi bien le confier à Bir-Gandouz ou Chandigahr (nonobstant la barrière de la langue, même si les alliances françaises font un superbe travail).

    Et que fera notre jeune revenu de la ville et dont le télétravail aura été pris par un autre jeune exigeant un salaire 4 fois moindre? Et bien il pourra toujours élever ses chèvres … et vendre ses fromages … sur internet 😉

    PS: J’aimerais beaucoup savoir qui se cache derrière ce blog. Car nous devons donner notre email et notre avatar

  6. Le grand retour de Paco Rabanne qui prend ses rêves de tyrannie post communiste aromatisée artificiellement à l’ écologie décroissante bourrée de colorants collectivistes , pour réalité exaucée.

    Les minoritaires d’une époque peuvent devenir majoritaires à une autre, toutefois s’ils n’ont pas analysé correctement la situation ils sont simplement devenus plus nombreux à être dans l’erreur.

  7. jean-Philippe Simand

    Bonjour,

    Je suis d’accord sur les doutes concernant la disparition de la GV: énergétiquement, la différence avec un train normal ne parait pas énorme. De plus, les lignes LGV, bordées de grillages et équipées de passages à animaux, sont-elles pires que les lignes classiques, à trafic équivalent, où les trains écrasent les bêtes sur la voie?

    L’électricité nucléaire sera chère; elle ne peut que suivre le prix de l’énergie dominante, le pétrole. Et seulement 16% de l’énergie finale française est issue de l’atome: http://www.manicore.com/documentation/equivalences.html

    Outre le fait que l’énergie nucléaire produit, certes peu, des gaz à effet de serre (6g de CO2/KWh) une grande majorité de l’énergie utilisée en France est fortement émettrice de GES. Malgré un taux d’électricité atomique record, le nucléaire en France ne fait de des petites miracles. Réduire le problème climatique entraine donc une réduction de la consommation énergétique.

    Concernant le développement du fret, une baisse de consommation énergétique entrainera une baisse de tous les trafics. Deux raisons à cela: le prix de l’énergie et les efforts souhaités pour le climat. Donc des voies ferrées seront plus disponibles. Le prix de l’énergie entraînant les prix des transformation des métaux, on arrive à un système où le transport se voudra économe en machines, donc plus collectif… On va réinventer le plan Freycinet et ses lignes locales aujourd’hui disparues: http://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Freycinet

    Ensuite, la mobilité de 2050 sera différente d’aujourd’hui, pour des raisons d’énergie, encore. Sans parler de la trame bleue et verte. Et de quoi vivront les ruraux? De l’agriculture, qui se passe actuellement de bras grâce à une énergie peu chère, car elle ne paye pas les coûts de ses conséquences à venir. Du bois, qui sera exempté de la taxe carbone omniprésente pour les énergies carbonées et les plastiques.

    Pour la suite, lire « C’est maintenant ! » de JM Jancovici http://www.manicore.com/documentation/articles/maintenant.html

    Jean-Philippe Simand

  8. « On ne peut aller contre le sens de l’histoire…  »

    Cette phrase est généralement utilisée pour illustrer l’impossibilité de lutter contre les évolutions découlant du progrès des sciences et techniques.
    Elle sous-entend alors une logique historique de courbe ascendante continue vers le progrès :L’homme maîtrise de mieux en mieux la nature et exploite aux mieux ses ressources.

    Cette phrase s’accorde mal avec votre philosophie historique.
    « On ne peut retenir la roue de l’histoire …  » eut mieux convenu…

    Il me semble que votre philosophie historique sous-entend un temps cyclique : Après une phase d’expansion , la civilisation « technico-industrielle » amorce une phase de repli, les ressources terrestres n’étant plus suffisante pour maintenir le même rythme de consommation.
    Cette phase de « chute après l’expansion » se calque sur celles qu’ont connu toutes les grandes civilisations anciennes : Empire Egyptien, Romain, Aztèque etc…

    Je pense néammoins que ce raisonnement confond civilisation et progrès technique.
    Je ne connais pas beaucoup de retour en arrière technologiques. Les cas de régression de l’âge du Fer vers celui du Bronze sont rares.
    Si les invasions barbares en Europe ont entrainé des modifications sociales radicales, elles n’ont pas entraîné de réels reculs techniques.
    Les invasions barbares ont entrainé la disparition de quelques savoirs scientifiques, car ces savoirs étaient théoriques et n’avaient pas – encore – d’applications techniques intéressantes.

  9. @ feri

    « je réagis … donc je lis » (en l’occurence votre post):

    – « 80% de l’électricité française est d’origine nucléaire ??? C’est contradictoire. » ça n’a rien de contradictoire : il reste de toute façon 20 % qu’il faut bien produire d’une façon ou d’une autre. Et puis, l’uranium aussi aura son pic (surtout, si par manque de pétrole, tout le monde se met/remet au nucléaire, c’est une tendance qui se dessine déjà)

    – « Plus de lignes TGV permettraient de dégager des lignes pour le ferroutage. Contre-argument » : je pense que l’auteur du blog n’a rien contre la création de nouvelles lignes. Le problème est qu’actuellement on favorise celles à grande vitesse au détriment des autres, en particulier celles qui conviennent au fret.

    – « Super … et pour vivre de quoi? De l’élevage de chèvres? » puisque vous persiflez, je me permets d’être ironique moi aussi : vous avez déjà entendu parler d’internet ? visio-conférence, télé-enseignement, e-marketing, web-radio, ça vous dit quelque chose ?

    Cordialement,

    H.

  10. C’est bien beau de rêver … encore faut-il proposer des alternatives:

    Le pétrole est devenu rare et cher, le climat s’est dégradé ostensiblement: 80% de l’électricité française est d’origine nucléaire ??? C’est contradictoire.

    « il y a eu un report autoritaire du fret routier vers le rail »: Plus de lignes TGV permettraient de dégager des lignes pour le ferroutage. Contre-argument.

    « La mobilité géographique n’est plus l’alpha et l’oméga de la réussite, la psychologie a changé et les jeunes préfèrent maintenant s’enraciner dans leur territoire d’origine ». Super … et pour vivre de quoi? De l’élevage de chèvres?

    Je ne dis pas que ce la n’est pas un beau projet, mais tant qu’on en reste au niveau de « y a ka, faut k’on » … on est dans le domaine de l’utopie.

    Je ne dis pas que mes rèves vont dans ce sens, mais je n’anime pas de blog. Au moins j’aimerais avoir des pistes de réflexion. Mais là … j’ai plutôt l’impression de brasser du vent (oui, mais produit par des éoliennes).

    Sans rancune, je réagis … donc je lis 😉

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