« La procréation est par nature liée à la différence sexuelle puisque nous sommes tous issus de gènes masculins et féminins. Je fais donc partie de ceux qui s’interrogent sur la manière dont le projet de deux femmes, et même d’une seule femme, de devenir parent(s) devient progressivement, à lui seul, la justification de l’accès à la procréation. La question n’est pas celle de l’existence d’enfants sans père connu et élevés par une femme seule ou un couple de femmes : il en existe déjà. Mais avec la PMA (procréation médicalement assistée) s’affirme la volonté de permettre à chacun de maîtriser totalement le cours des événements de sa vie, selon son désir individuel. Ce désir justifierait une forme de « droit créance » sur la société pour réaliser leur projet : il ne s’agit plus de prendre acte de situations existantes, mais de les créer. La différence avec les situations actuelles d’enfant sans père, c’est qu’à l’avenir on ne lui dira plus que les circonstances en ont décidé ainsi, mais que c’est ainsi que la société l’a décidé pour lui.
« Si le curseur principal de ce qui doit être autorisé est la force du désir d’avoir un enfant, où nous arrêterons-nous ? Quel sera le seuil de déclenchement du refus de satisfaire tout désir sincère ? Si le droit à l’enfant est reconnu à toutes les femmes, au nom de quoi sera-t il demain dénié aux hommes ? Je ne vois pas comment la société pourra s’opposer durablement à ces aspirations d’hommes à devenir pères sans mère. Déjà aujourd’hui, des voix s’élèvent pour proposer la gestation pour autrui (GPA) au nom du dépassement définitif de tout lien entre sexe et procréation. Où l’homme mettra-t il une limite philosophique à ce qui est techniquement possible ? Peut-on toujours appeler la technique en renfort pour contrer la nature ? Je ne partage pas cette vision de l’humanisme, pour ne pas dire de ce transhumanisme. De la même manière que son aspiration à profiter, à l’excès, de ce que la Terre lui prodigue semble être irrépressible, son exigence qu’il soit répondu à ses aspirations personnelles semble sans limites. C’est aussi ce que voulait Icare, s’envolant aussi haut que possible au-dessus du monde jusqu’à se croire l’égal des dieux. On sait ce qu’il en est advenu. »
propos de Jean-François Debat (secrétaire national à l’environnement et à la transition énergétique du Parti socialiste) in LE MONDE du 22-23 septembre 2019, « L’extension de la PMA à toutes les femmes gomme l’altérité parentale »
NB : Le projet de loi prévoyant de supprimer le critère d’infertilité et d’ouvrir la PMA aux couple de lesbiennes et aux femmes célibataires est en examen à l’Assemblée nationale ce 24 septembre. Lire sur notre blog biosphere nos articles antérieurs :
28 juin 2019, PMA, le débat censuré par Macron
25 janvier 2019, PMA, un débat qui se révèle anti-démocratique
28 décembre 2018, pas de PMA, pas de GPA, pas d’enfant !
11 juillet 2017, PMA, une horrible histoire de science-fiction
2 juillet 2017, PMA, une fécondité sans père et sans repères
21 mars 2016, Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants
11 août 2014, sexe et PMA, la reproduction artificielle de l’humain
22 décembre 2012, Critiquer la PMA pour respecter les cycles naturels
@ BGA
– » personne n’a peur de la mort, mais tout le monde a peur de la souffrance que peut entraîner la mort, c’est différent. »
Bien sûr qu’il s’agit là de deux choses (deux peurs) différentes. La peur est un mécanisme de survie. La souffrance, on connait. LA mort, on ne connait pas, la mort c’est l’inconnu. Faute d’expérience, l’inconnu engendre la peur, c’est naturel. Quant à dire que PERSONNE n’a peur de la mort … mais d’où tiens-tu ça ? (Seulement le nom du penseur, ou du « penseur », ou du scientifique ou autre.)
– » Les individus recherchent une béquille (travail, sexe, drogue, etc) pour échapper à l’idée de souffrance dont celle de la mort. »
Là pareil, d’où tiens-tu ça ? Selon moi… si les individus recherchent une « béquille » , autrement dit un échappatoire (dans la drogue, le sexe, le travail, la conso, les jeux etc.) c’est tout simplement parce qu’ils ne se sentent pas bien. Dans leur tête d’abord et par conséquent dans leur corps. (rappel lire Henri Laborit. L’éloge de la fuite)
Comme je dis souvent, à chacun sa came ! Et pas nécessairement la drogue, ni le sexe, ni le travail etc.
D’où je tiens ça ? Ben c’est simple de la bouche des gens en général, et tous les individus, sans exception, et peu importe le sujet que tu abordes, ils parlent de la souffrance = souffrance au travail, souffrance de grossesse, souffrance liée à la guerre, bref ce mot intervient dans tous les sujets ! Souvent même, il s’agit d’une souffrance supposée, c’est à dire ce n’est même pas certaine que la souffrance va intervenir va avoir lieu, mais les gens appréhendent la souffrance comme une conséquence possible d’un échec (échec dans le couple, échec au travail, échec d’un spectacle pour les artistes, etc), ça peut aussi être une souffrance économique comme le fait de pouvoir finir à la rue, alors que ce n’est même pas encore arrivé et peut être même que ça n’arrivera pas, ben les gens appréhendent déjà de souffrir à la rue. D’ailleurs au travail, souvent tu peux entendre lorsque quelqu’un se plait, un autre lui répondre « mais moi aussi je souffre ! » D’ailleurs, d’où le proverbe chrétien qui dit que chacun porte sa croix ! Donc oui, beaucoup trop de monde sont obnubilés à l’idée de souffrir, et cherche une béquille morale pour supporter l’idée (réelle ou supposée) de souffrir, soit par la clope, l’alcool, le travail, le sexe, les jeux, les films fantastiques (films fantastiques aux super-pouvoir qui ont plus de succès que des films d’auteurs à l’instar des films français qui sont qualifiés de chiant car se rapportant au quotidien réel accompagnée de cette dite supposée ou réelle souffrance)
Donc, oui je sors ça de toutes les bouches, je n’ai JAMAIS entendu un sujet où ce mot n’intervenait pas !
Tu me parles là de la peur de souffrir. Je t’ai dit que tout le monde connaissait la souffrance. Comme il s’agit d’une expérience douloureuse personne (sauf les masos) ne souhaite la renouveler.
Je te demandais d’où tu tenais ton affirmation selon laquelle PERSONNE n’a peur de la mort. Et là ça m’étonnerait que ce soit « de la bouche des gens en général ».
« »Je te demandais d’où tu tenais ton affirmation selon laquelle PERSONNE n’a peur de la mort » »
Par exemple, dans les maisons de retraite, je parle avec des personnes âgées, et certaines me disent j’en ai marre d’avoir mal j’aimerai partir. Parfois mêmes, certaines personnes âgées m’ont déclaré qu’elles étaient à 2 doigt de partir mais qu’hélas on les avait soignées à temps.
Autre exemple; à l’armée, tous les hommes savent qu’en faisant carrière, ils risquent de mourir en mission, pourtant ils ne renoncent pas à poursuivre leur carrière, ce n’est pas la mort qu’ils redoutent le plus. Pourtant, en parallèle, une culture dite de la virilité est inculquée pour apprendre à ne pas se plaindre de ses souffrances ! Et d’apprendre à surmonter ses souffrances afin de poursuivre ses missions et sa carrière ! C’est bien ces histoires de souffrance dont les militaires doivent apprendre à faire abstraction pour maintenir leur équilibre mental et non la mort !
A titre personnel, j’ai aussi mon expérience, j’ai des douleurs chroniques au niveau cérébral et cervical, les douleurs ne s’estompent jamais ! (même avec du tramadol et monocrixo en combiné), seule l’intensité des douleurs fluctuent d’une journée à l’autre, et je te promets que lorsque c’est en crise et que les douleurs sont intenses, je n’ai envie que d’une chose d’en finir ! D’ailleurs, avec le temps, les douleurs s’étalent au niveau du corps car plus grande surface de douleur, les crises surgissent de plus en plus souvent, et là je peux te dire que je n’imagine pas endurer ça jusqu’à 70/80 ou encore 100 ans. Surtout que la médecine ne m’a pas encore trouvé de solution à part me proposer du tramadol… Déjà, me dire qu’endurer ça jusqu’à 60 ans, ça me paraît déjà un effort insurmontable…. Donc oui ce n’est pas la mort qui ‘m’inquiète, mais plus le fait que de devoir continuer à vivre avec des douleurs de plus en plus intense, progressivement je perçois la mort comme une libération.
Nos citoyens devraient se rendre compte que faire des enfants à n’importe quel prix dans un monde surpeuplé n’est pas un signe de liberté, mais une soumission à la tradition qui fait de l’enfant à naître un épanouissement de soi.
D’autre part vouloir contourner la stérilité relève d’une volonté de toute puissance de l’homme, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes.
Soulignons enfin que la rigueur morale ne peut reposer sur le fait que d’autres pays (ou d’autres personnes) ont mis en place des systèmes qui mettent à mal la filiation.
Cet éloignement croissant des lois de la nature m’effraie,
C’est un pas de plus de la volonté de toute puissance de l’homme et de sa technique. Tout cela bien sûr sera balayé par l’effondrement général qui nous menace. Pour autant, que nous ne soyons pas capables de voir que nous allons là dans la mauvaise direction, rend plus pessimiste encore sur notre avenir et sur nous-mêmes.
Oui Didier Barthes, d’autant plus qu’il ne faut même plus compter sur les comités de bioéthique pour nous montrer où sont les limites de l’acceptable.
Il est étonnant que la jonction féminisme/homosexualité, mouvements contre le sexisme ordinaire, en arrive à une volonté de fécondité à tout prix pour des enfants qui vont arriver sur une planète dévastée. La démesure de notre empreinte écologique humaine, qui dépasse déjà la capacité de charge de la biosphère, nous incite à accepter une stérilité, qu’elle soit masculine ou féminine, naturelle ou forcée (couple homosexuel).
Il ne faudrait pas considérer socialement le fait de ne pas avoir d’enfant comme une damnation, mais comme une juste limitation par la nature de notre pouvoir de désirer.
Quand on a pris conscience de « la grande confusion » qui règne (La Décroissance de cet été) il n’y a finalement rien d’étonnant.
Volonté de fécondité à tout prix, ou alors volonté de prolonger la vie à tout prix, comme volonté de jouir à tout prix … c’est finalement toujours le même genre de volonté qui opère. Probablement ce que certains nomment « pulsion de vie ».
Après nous en revenons là encore au problème de la juste mesure. Jusqu’où pouvons-nous et devons-nous ACCEPTER ? C’est déjà une question de capacités personnelles. Ce qu’Untel peut accepter, Ontel ne le pourra pas forcément. D’un percheron on ne fera jamais un cheval de course. D’autre part c’est une question de morale, chacun a sa propre idée du bien et du mal. Celle qui l’arrange le mieux, évidemment.
Qui par exemple est disposé à renoncer à des soins en cas de maladie ou d’accident ? Et ce quel que soit son âge. Qui est disposé à accepter qu’on ne soigne pas un malade, un blessé ? Qui voudrait vivre sans père ?
« »comme volonté de jouir à tout prix … c’est finalement toujours le même genre de volonté qui opère. Probablement ce que certains nomment « pulsion de vie » » »
–> Dit autrement, ça s’appelle l’expansion de plaisir non ?
Expansion = toujours plus. Ce que tu nommes « expansion de plaisir » se rapproche plus de l’addiction. L’addiction s’observe dans la consommation de drogues mais aussi dans diverses activités (travail, sexe, sport, jeux, shoping…) Tout le monde n’est pas addict et heureusement. On connait assez bien les mécanismes qui font que le junky en a BESOIN de toujours plus (de drogue, de sexe, de sport etc.) Cela relève de la neurobiologie.
Maintenant, selon les psys … la toxicomanie a plus à voir avec la pulsion de mort qu’avec la pulsion de vie. Mais ce ne sont là que des théories…
« »Maintenant, selon les psys … la toxicomanie a plus à voir avec la pulsion de mort qu’avec la pulsion de vie. Mais ce ne sont là que des théories… » »
Ni l’un ni l’autre, personne n’a peur de la mort, mais tout le monde a peur de la souffrance que peut entraîner la mort, c’est différent. Les individus recherchent une béquille (travail, sexe, drogue, etc) pour échapper à l’idée de souffrance dont celle de la mort. Pendant les effets de la drogue, tu obtiens un bien-être intense qui te permet d’échapper à la souffrance, d’ailleurs aussi bien souffrance que peut entraîner la mort mais aussi souffrance que peut engendrer les aléas de la vie.