Post-croissance, l’idée fait son chemin…

A l’occasion de la conférence «Post-Growth» qui se tenait à Bruxelles les 18 et 19 septembre 2018, un groupe d’universitaires de toute l’Europe appelait à revenir sur le dogme de la croissance, devenu incompatible avec la contrainte écologique et le bien-être des peuples. A l’occasion de la conférence « Beyond Growth 2023 », un appel de 18 eurodéputés sur le même thème : « Nous devons sortir du dogme de la croissance ».

Tribune de 18 députés : En tant que députés européens issus de différents groupes politiques, nous sommes tous d’accord sur l’urgence et l’importance de ce débat, et sur la nécessité de sortir du dogme de la croissance. Plus de cinq mille personnes participeront à la conférence « Beyond Growth 2023 » [Au-delà de la croissance], du 15 au 17 mai, une initiative transpartisane qui se déroulera au Parlement européen. L’objectif est de questionner la doctrine dominante qui sous-tend les politiques publiques de l’Union européenne (UE) et de redéfinir nos objectifs communs dans tous les domaines, en s’éloignant de la focalisation néfaste sur la croissance économique comme seule base de notre modèle de développement.

Pourquoi ? Tout d’abord, une croissance économique perpétuelle, basée notamment sur la consommation de combustibles fossiles, entraîne des dérèglements climatiques catastrophiques. Ensuite, la poursuite illimitée de la croissance repose sur l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de la biodiversité et l’accumulation de déchets et de pollutions. Par ailleurs, le modèle économique actuel contribue aux inégalités et à l’exclusion sociales. Enfin, le modèle économique actuel est intrinsèquement instable et sujet aux crises, comme l’ont démontré, par exemple, la crise financière de 2008. Nous devons développer une nouvelle stratégie globale pour une économie européenne postcroissante. Concevoir des voies politiques n’est pas seulement souhaitable, c’est aussi une nécessité absolue.

Le point de vue des écologistes décroissants

Claude Danglot : Enfin un appel au bon sens et à la raison des 18 députés qui rappellent que le PIB n’a aucun intérêt lorsqu’on est mort noyé, desséché ou brûlé par le soleil à cause du dérèglement climatique en cours.

PIER A. : La nouvelle stagflation va réaliser leurs rêves les plus fous.

Gbouvier : « Beyond growth », c’est mal nommé, on devrait parler de « bye bye growth ». Arrêtons de leurrer les gens : la décroissance, c’est moins de niveau de vie, moins d’espérance de vie, moins de services publics, plus d’inégalités. Pourquoi pas, mais la démocratie, c’est de permettre des choix éclairés.

Michel SOURROUILLE : Même l’écologie politique n’assume pas clairement la rupture avec le dogme de la croissance. C’est ce que regrettait, dans une autre tribune au « Monde » (06.12.2022), la députée Delphine Batho de Génération écologie : « Les options du présidentiable Mélenchon, visant une augmentation du produit intérieur brut de 2 % par an, sont contraires aux objectifs écologistes. » De toute façon la décroissance (économique ET démographique) ne relève pas d’un choix. Que ce soit de gré ou que ce soit sous la contrainte de la nature et de l’épuisement des ressources fossiles, la sobriété est déjà notre ligne d’horizon. Reste deux possibilités : soit on l’embrasse, soit on la repousse le plus tard possible… sachant que plus on attend plus ce sera brutal et douloureux.

Quincampoix : Et logiquement baisse de la natalité et l’immigration aussi…

Lire aussi sur notre blog biosphere

Jean-Luc Mélenchon entre productivisme et décroissance (2012)

EELV face au concept de « décroissance »

5 réflexions sur “Post-croissance, l’idée fait son chemin…”

  1. De mon point de vue, l’idée de post-croissance masque en partie l’idée de décroissance.
    Du moins elle la dénature, elle la brouille. Nous savons que chez les écolos (?), et notamment chez les objecteurs de croissance, il y a eu des débats pour tenter de savoir quel était le mot le plus approprié pour désigner cette utopie (au sens premier du terme).
    Alors “décroissance“, “post-croissance“, ou encore “acroissance “ (avec un a privatif) ?

    Le mot “décroissance“ est un «mot obus». Un mot qui percute les esprits, assumé comme tel. Les mots “post-croissance“ et “acroissance“ sont plus softs. Peut-être plus politiquement corrects, disons qu’ils sonnent peut-être mieux aux oreilles sensibles, et qu’ils sont donc plus vendables. C’est quand même dommage d’en être arrivé là, mais bon. ( à suivre )

    1. La post-croissance (comme l’acroissance) porte l’idée que de toute façon nous sommes condamnés à vivre dans une société sans croissance. De la même façon qu’avec 2 ou 3 degrés de plus et tout ce que ça implique. Même si elle est encore loin d’être admise (déni de réalité etc.) cette idée est juste, seulement elle fait disparaître l’utopie.
      Nous nous en remettons alors à la seule force des choses.
      Le mot est important certes, mais l’idée qu’il est sensé traduire encore plus.
      Faisons alors attention à ce qu’un cercle ne devienne pas un carré (Voir la célèbre citation du sinistre Goebbels). Pensons à ce qu’ON a fait de l’écologie, et de tant de belles idées. Regardons ce que Macron fait de la sobriété, entre autre.
      En ce qui me concerne le mot “décroissance“ me convient très bien.

      1. Les appels se suivent et se ressemblent. C’est tout frais ça vient de sortir :
        – « Une réduction démocratiquement planifiée et équitable de la production et de la consommation est nécessaire, prône un collectif de plus de 400 chercheurs et ONG, dont Timothée Parrique, Dominique Méda, Vincent Liegey et Eloi Laurent. » ( Une Europe post-croissance indispensable pour survivre et prospérer – 15 mai 2023 – blogs.mediapart.fr)

        Je conseille de lire également les 4 commentaires.
        Notez dans le titre de cet appel le mot “prospérer“ (synonyme de s’enrichir, se développer, croître…) Ce qui renvoie à ce que disais ci-dessus À 13:13.
        Vive donc la post-croissance prospère ! Prosper yop la boum !

      2. Mieux que la post-croissance prospère … la décroissance prospère !
        – « la décroissance prospère c’est l’idée que la sobriété heureuse et la gestion en commun de certains bien sont des solutions pour les humains d’atteindre le bien-être de manière pérenne, c’est à dire en s’inscrivant les limites planétaires.» (La décroissance prospère : seul moyen de rendre le futur désirable ? 18 novembre 2021 – Usbek & Rica )

        Celui qui connait les idées de la décroissance peut se demander ce que vient faire “prospère“ là-dedans. En fait il faut juste comprendre que cet oxymore vise à rendre l’idée désirable (ou à «vendre» l’idée).
        Comme si la sobriété heureuse ne l’était pas assez, désirable. Voilà donc à quoi nous en sommes rendus. Je me demande seulement si ce petit jeu intellectuel en vaut la chandelle.

  2. Nous rappelons que les commentateurs/trices n’ont droit qu’à un seul commentaire en principal, trois maximum en commentaires de commentaire, qu’ils doivent traiter du sujet posé, et qu’attaquer notre blog pour l’attaquer n’est pas fair-play.
    La modération est faite a posteriori, cela prend du temps de bénévole et nous n’avons pas que cela à faire…
    Merci de votre attention

Les commentaires sont fermés.