Pour l’autolimitation de la fécondité

Le fait d’inciter, comme le demande l’association Démographie Responsable, à la diminution sur le long terme de la population humaine, implique de déterminer les moyens à utiliser. Comme l’exprime le principe démocratique d’une « l‘autolimitation de la natalité », il s’agit de valoriser tout ce qui a trait à la libre détermination des personnes. En conséquence cela implique un soutien aux différentes méthodes de maîtrise de la fécondité humaine, la contraception, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et la stérilisation librement choisie. L’idée générale, c’est de respecter la liberté d’une femme ou d’un couple de procréer (ou non) en toute connaissance de cause.

On peut donc juger du caractère plus ou moins démocratique d’un pays en regardant son évolution juridique en matière d’avortement. Même aux Etats-Unis, pays qui se dit libéral, une dizaine d’Etats ont aujourd’hui interdit l’avortement, obligeant des cliniques à fermer ou à déménager. Les pro-life ont un tempérament de type dictatorial. De leur côté les pro-choice, en faveur de l’IVG, n’empêchent pas les croyants de s’interdire pour eux-même l’avortement.

L’exemple de la loi « incroyablement extrême » de l’Idaho en 2020 sur l’avortement est un cas d’école. Avant même la décision de la Cour suprême de mettre fin à la protection constitutionnelle de l’IVG en juin 2022, les conservateurs de cet Etat du nord-ouest avaient fait adopter une loi interdisant tout avortement … sauf dans le cas où la mort de la mère est une certitude absolue. Si vous avez un fœtus qui n’a ni cerveau, ni aucune chance de survie, la loi de l’Idaho vous oblige à le porter pendant neuf mois ! Les médecins risquent cinq ans de prison et la suspension de leur autorisation d’exercer s’ils pratiquent un avortement. Beaucoup préfèrent partir. L’Idaho a perdu un quart de ses gynécologues et plus de la moitié des spécialistes des maternités à risque. Les élus sont confrontés aux conséquences de leur intrusion législative dans le domaine médical : dans certaines parties de l’Etat, les femmes doivent parcourir 250 kilomètres pour consulter un gynécologue, non pas pour un avortement mais pour une visite de routine !!!

Fortement remis en cause aux Etats-Unis depuis l’annulation par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade – qui accordait aux Américaines un droit d’avorter au niveau fédéral –, l’accès à l’IVG est devenu l’un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle actuelle. Bien que catholique pratiquant, Joe Biden est devenu l’un des plus vigoureux défenseurs du droit à l’interruption volontaire de grossesse. Le 23 avril 2024, il a attaqué son rival à la présidentielle de novembre, Donald Trump : « Une personne est responsable de ce cauchemar, ramener les Américaines cent soixante ans en arrière. Elle le reconnaît et s’en vante. C’est Donald Trump. L’électorat va lui demander des comptes. Il ne s’agit pas des droits des Etats, mais des droits des femmes… »

La position démocratique est claire, laisser la liberté de choix ! L’IVG sécurisée sauve des vies. Si un gouvernement interdit l’avortement, des femmes le font quand même, mais de façon clandestine. Chaque année dans le monde selon l’OMS, 585 000 femmes meurent de complications liés à la grossesse, à l’accouchement, aux suites de couche et à l’avortement (ce dernier contribuant pour 13 % des décès maternels). Trop de pays et trop de croyants interdisent encore de différentes manières l’avortement. Ce sont des natalistes qui n’ont aucune conscience de ce que veulent dire des mots comme surpopulation ou malthusien. Ce sont des barbares qui ne respectent ni les choix individuels, ni le bien commun. Notre niveau de population est si élevé (8 milliards depuis 2022) qu’un État éclairé devrait nécessairement favoriser l’IVG pour diminuer la pression du nombre.

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IVG, la démocratie impose des contraintes

extraits : Souvenons-nous , pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Avortement et même contraception étaient interdits par une loi de 1920 démocratiquement votée en France. Depuis 1967 pour la contraception et 1975 pour l’IVG, c’est l’inverse, c’est autorisé. Or avec 10 ou 11 milliards d’humains prévus en 2100, il est fort possible que la situation devienne alors ingérable et qu’on en arrive démocratique à formuler des contraintes du types stérilisation obligatoire des femmes ayant déjà eu un enfant…..

la « liberté » de recourir à l’IVG

extraits : Le Sénat à majorité de droite s’est prononcé mercredi 1er février 2023, par 166 voix contre 152, pour inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG, une formulation qui abandonne la notion de « droit » chère à la gauche. Le texte vise à compléter l’article 34 de la Constitution avec cette formule : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ».

C’est donc à la loi de déterminer les modalités de l’IVG, mais on ne voit pas la différence avec la situation actuelle sauf à croire faussement que l’inscription dans la constitution » protège le droit à l’avortement. Mais si l’Assemblée nationale décide plus tard de restreindre l’accès l’IVG en y mettant des « conditions », on sera toujours dans le nouveau cadre constitutionnel…..

Une femme sur trois choisit l’IVG (avortement)

extraits : Une femme sur trois en France connaît dans sa vie une interruption volontaire de grossesse. C’est un choix, mais plus encore une liberté, et pourtant cela est encore et partout un droit fragile. S’attaquer à l’avortement n’est pas une exclusivité américaine. Dans la France des années 1950-1960, les avortements clandestins étaient synonymes de souffrances, voire de morts. On se souvient aussi de la Roumanie, lorsque le président Nicolae Ceausescu a interdit l’avortement : entre 1966 et 1989, plus de dix mille femmes ont trouvé la mort lors d’interruptions de grossesse clandestines et de nombreux enfants ont été abandonnés dans des orphelinats surpeuplés…..

L’IVG est plus qu’un droit, c’est un devoir

extraits : D’un point de vue éducatif et démographique, faire en sorte de mettre au monde un enfant non désiré est une atteinte aux droits de l’enfant à vivre dans une famille aimante et attentionnée alors que la planète subit une surpopulation humaine impressionnante : 8 milliards d’être humains à l’heure actuelle, soit 8 000 000 000 personnes à comparer à l’unicité de chaque nouvelle naissance supplémentaire. Un humain est devenu un simple pion, qu’est-ce alors qu’un embryon ? Pourtant les natalistes font encore la loi dans trop de pays, voulant restreindre ou même supprimer le droit à l’avortement….

Tout savoir sur l’avortement, l’IVG

extraits : Les gouvernements, ivres de chair à canon ou de main d’œuvre servile, ont mené toutes étiquettes politiques confondues une lutte anti-malthusienne qui s’est traduit par la loi de 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdit, le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. La contrainte n’est donc pas du côté des malthusiens, mais des natalistes. Pour un néo-malthusien, la liberté de contraception (loi de 1967) et d’avortement (loi Veil de 1975) sont des avancées sociales qui permettent le libre choix entre faire l’amour par plaisir ou faire l’amour pour procréer. Voici l’état actuel de la législation française…..

4 réflexions sur “Pour l’autolimitation de la fécondité”

  1. – « La position démocratique est claire, laisser la liberté de choix ! »

    Tout ça est bien joli, mais ! Déjà je pense à l’épisode 2020-2022 qui restera gravé dans ma mémoire. Privé de ma liberté d’aller à la pêche, au restau, de boire une bière au bistrot !
    Ah mais j’avais le choix… et ça ON me l’a assez dit. Et comme je n’ai pas voulu… eh ben les conséquences c’est moi qui les ai voulues. Bien fait pour ma gueule !
    Bref, je veux juste dire que nous ne faisons que tourner en rond.
    ( Michel C 14 mai 2023 sur “IVG, la démocratie impose des contraintes”)
    Que ce soit pour l’IVG comme pour l’IVV, ou encore la SLC (stérilisation librement choisie), il suffit de repérer et compter les mots pour voir que l’argumentaire s’appuie sur la démocratie, la liberté, le choix. Très bien. Sauf que : ( à suivre )

    1. ( suite )
      1/ Déjà cette démocratie qui n’en a que le nom : démocrassie !
      (oligarchie, aristocratie, sondocratie, ochlocratie… peu importe)
      2/ «Ne surtout pas confondre liberté (encadrée par une loi) et droit.»
      (Biosphère : “la « liberté » de recourir à l’IVG“)
      3/ Et en même temps, ne surtout pas con fondre liberté et « liberté ».
      (Non, la liberté ce n’est pas l’esclavage ! Non, le Canada Dry ce n’est pas de l’alcool !)
      4/ « C’est mon choix ! Parce que je le veau bien ! » (ON me le dit à la Télé)
      5/ Et en même temps, le choix entre la peste et le choléra. (Tromp ou Bidon)
      6/ Et finalement retour à la case Départ => 1/

    2. (et fin) D’un côté Biosphère invoque la démocratie et la liberté, notamment pour vendre ses idées. Après tout pourquoi pas. De l’autre il fait comme moi, il s‘applique à nous faire comprendre que les dés sont pipés.
      Et encore s‘il n’y avait que ces deux dés de pipés. Par exemple, si j’évoque les dérives de l’IVV, Biosphère m’accuse d’(ab)user du sophisme de la pente glissante. Alors qu’et en même temps il nous abreuve d’articles qui parlent justement de ces dérives de tous les côtés. Comme là avec cette marche arrière aux USA.
      Or … « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances » … dixit Malthus (article suivant).
      Bref, comment sortir de ce paradoxe (antinomie) ?
      De toute façon la liberté a toujours fait couler beaucoup d’encre. Et de sang et de larmes aussi.

  2. rapporterre

    Restée en sommeil pendant des décennies, une loi très restrictive sur l’avortement va finalement être abrogée dans l’Etat américain de l’Arizona. Le Sénat de cet Etat a voté, mercredi 1er mai 2024, l’abrogation de ce texte datant de 1864, qui interdisait toute interruption volontaire de grossesse dès le moment de la conception, sauf si la vie de la mère est en danger ; ni le viol ni l’inceste n’étaient considérés comme des exceptions valables. Le 9 avril 2024, la Cour suprême de l’Arizona avait suscité une vive controverse dans le pays, en jugeant cette loi « désormais applicable ».
    Réimposer une loi datant d’une époque où l’Arizona n’était pas un Etat, où la guerre civile faisait rage et où les femmes ne pouvaient même pas voter, ce n’est pas cela la démocratie !

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