Pour respecter les êtres sensibles… et tous les autres

Alors que le Code civil considérait les animaux comme « des biens meubles », les animaux seront désormais considérés en France comme des « êtres vivants doués de sensibilité »… comme le faisait déjà code rural et code pénal. Autrefois la femme était à peu près considérée comme un « bien meuble », il en était de même des esclaves et des noirs. Et puis ce fut la fin du sexisme dans beaucoup du pays, la fin du racisme dans beaucoup de têtes. Aujourd’hui cette ouverture d’esprit se porte sur certaines espèces vivantes, nous nous dirigeons vers la  fin du spécisme. Demain marquera peut-être la grande réconciliation de l’espèce humaine avec toutes les autres formes de vie  et la fin de l’anthropocentrisme… Voici quelques commentaires avisés sur lemonde.fr* :

Champollion : Il faudrait peut-être préciser qu’il s’agit, si je ne m’abuse, des animaux domestiques et non des animaux sauvages – puisque l’amendement en question modifie le livre II du code civil qui traite de la propriété. Non ?

Etlès : Quels animaux ?!? Le règne animal c’est large, très large ….Entre notre chien-chien adoré et le moustique qui nous empêche de siroter notre pastis sous le soleil du midi il y a tout un monde, non ? Adieu les bombes insecticides et autres horreurs !

Anima : Dommage que l’on assiste encore au concert des pseudo-comiques qui font semblant de ne pas voir la différence entre un poux et un chien. Entre des êtres vivants primitifs et des êtres vivants dits supérieurs, à savoir des mammifères, des oiseaux ou des reptiles. Pour faire simple, plus ça vous ressemble et plus c’est sensible comme vous. De manière générale, ôtez la vie d’un être vivant ne devrait jamais être considéré comme un geste anodin.

Grouic : Le Monde illustre cet article avec deux photos de jolis minous. C’est sans doute pédagogique, mais ça permet d’encore « oublier » que l’immense majorité des animaux en France sont des animaux d’élevage industriel, qui vivent une (courte) vie qui n’est faite que de souffrance : leur bien-être est soigneusement minimisé pour que trop n’en meurent pas avant d’arriver à l’abattoir. Espérons que ceux-là seront un jour aussi reconnus comme animaux sensibles.

Lucine : Essayez de vous souvenir que votre tranche de jambon était, trois jours plus tôt, un être vivant et sensible. Que par ailleurs l’élevage est fortement responsable de la hausse des émissions de gaz à effets de serre du secteur agricole. Et qu’enfin toutes les protéines nécessaires à l’alimentation humaine sont présentes dans les plantes, à condition d’associer céréales et légumineuses (lentilles, pois chiches).

Gilles : Je ne partage pas la vision de Lucine. Ma mère élève pour ses besoins propres poules et poulets. Et bien ces bestioles sont heureuses (et en plein air), bien nourries, jusqu’au jour où elles finissent à la casserole sans guère sans apercevoir et sans souffrance inutile. L’alternative c’est quoi ? mort naturelle et bouffé par les vers ? Oui les animaux sont des être sensibles, mais non à la sensiblerie. Le vrai problème c’est l’élevage industriel.

Taxalot : Souvenez-vous également qu’un animal, être sensible, bouffera à la première occasion le premier animal comestible et sensible qui se présente.

* Le Monde.fr | 15.04.2014, La France reconnaît aux animaux la qualité d’« êtres sensibles »

2 réflexions sur “Pour respecter les êtres sensibles… et tous les autres”

  1. Jean-Claude Neumann, juriste, auteur du blog Animaletdroit.com
    « C’est totalement symbolique, il s’agit juste d’une harmonisation du code civil. Cela ne changera pas les comportements envers les animaux, qui pourront toujours être vendus, loués, exploités… Les pratiques les plus choquantes, comme la corrida, la chasse à courre, les combats de coq, certaines formes de pêche ou d’élevage, ne sont pas du tout remises en cause. Le code civil continuera d’exclure de son domaine les animaux sauvages. La sensibilité de l’animal serait donc reconnue tant qu’il est tenu captif, dans un zoo ou un cirque par exemple, mais si le même animal s’enfuit, il n’existe plus juridiquement. Quant aux animaux d’élevage, ils sont régis par le code rural, qui est le véritable code animalier, celui qui détermine la façon de les entretenir, de les élever, de les soigner, etc. Or ce dernier reconnaît déjà l’animal comme être sensible depuis 1976. Pour autant, ça ne l’empêche pas de considérer, en gros, que leur souffrance est utile car nécessaire à l’alimentation de la population. En pratique, l’effet que cet amendement pourrait avoir, c’est de clore le débat pour les années à venir, sans apporter de réponse complète au problème du statut des animaux. »

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