A la sortie de l’hiver des colonies entières d’abeilles mortes un peu partout en France. Dans l’attente d’une statistique nationale, les professionnels évoquent des taux de perte dépassant les 80 % dans certains territoires. Dans le viseur des apiculteurs français, les néonicotinoïdes qui s’attaquent au système nerveux des insectes. Avant la mise sur le marché des néonicotinoïdes, dans les années 1990, le taux de mortalité des colonies tournait aux alentours de 5 %. Face à l’ampleur du désastre, les apiculteurs ont organisé le 7 juin une journée nationale de mobilisation.* Au soir de cette mobilisation, le ministère de l’agriculture a annoncé dans un communiqué que ses services allaient « établir un état des lieux précis des mortalités [d’abeilles], sur l’ensemble du territoire, via les services déconcentrés de l’Etat », état des lieux auquel seront associés des apiculteurs.** Spécialiste des abeilles, Gérard Arnold a été membre de l’un des premiers groupes d’experts chargés d’étudier les causes du déclin des abeilles : « Dans une situation normale (qu’on ne connaît plus depuis une trentaine d’années), les taux de pertes hivernales ne devraient pas excéder 5 %. Actuellement, c‘est plutôt 30 %. Les populations d’abeilles domestiques sont en déclin rapide. Difficile de déterminer la cause précise de cette surmortalité, différents facteurs peuvent entrer en synergie. Les insecticides néonicotinoïdes sont parmi les plus susceptibles d’affecter les abeilles. Ces substances sont persistantes et sont toujours largement présentes dans l’environnement. De plus s’ajoute quantité de molécules dans l’environnement qui peuvent affecter les colonies par effet cocktail. »***
Biosphere : Des restrictions sont dorénavant imposées à trois néonicotinoïdes sur le territoire européen, mais cela ne veut pas dire interdiction. L’interdiction en France de toutes les molécules de cette famille est prévue en septembre, mais avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. Toujours des demi-mesures ! Dans le même temps, le modèle agricole intensif en vigueur génère des conditions qui ne sont plus propices à l’apiculture. On arrache les haies, on retourne les prairies, on supprime les arbres champêtres, on pollue l’eau, l’air, la terre… En attendant que vous adoptiez une ruche, voici quelques commentaires sur lemonde.fr :
PAOL RIOU : Parmi les causes du déclin des abeilles, l’article ne cite pas la loque américaine.
anti-septique @PAOL RIOU : Vous avez raison: la loque américaine est classée en maladie de catégorie 1 en France. Elle est extrêmement contagieuse pour les colonies d’abeille, ce qui justifie que les colonies touchées (y compris les abeilles) soient détruites et brûlées. De simples analyses en laboratoire permettent de l’identifier. Ce n’est pas le cas pour les mortalités constatées ici…
Behair : Les sources largement dominantes de perte des colonies sont les parasites (Varroa destructor en premier) et des pratiques apicultrices visant à augmenter les rendements.
J’AIME LE MONDE @ Behair : Vos affirmations sont très peu convaincantes, les varroas pressurent les colonies en été et non à la sortie de l’hiver où l’on constate les destructions de colonies. La cause la plus vraisemblable de la mortaltié est la consommation en hiver d’un miel qui a été empoisonné alors que le renouvellement des abeilles est beaucoup plus lent.
Jiembé : Comme toujours les apiculteurs et le Monde Planète focalisent sur les seuls pesticides synthétiques pour expliquer le syndrome d’effondrement des ruches. Le citoyen éclairé sait qu’il y a un consensus scientifique sur le fait que ce problème est multifactoriel avec comme causes principales les parasites comme le varroa, ou la nosema, les mauvaises pratiques apicoles, le manque de nourriture et en 4ème les pesticides. Parmi ces derniers on trouve presque autant de produits utilisées en AB.
kickaha @Jiembé : Oui surement le manque de nourriture… Cela fait des centaines de millions d’années qu’elles sont là (avec leurs parasites)… voila qu’on arrive et hop la… elles disparaissent, meurent de faim… Et encore plus fort : les mauvais pratiques apicoles… Là si elles meurent en masse c’est carrément de la faute des apiculteurs… Il faudrait tous les enfermer et leur interdire d’approcher les abeilles à moins de 10 km…
Basco : Entendu ce matin l’interview d’un entomologiste sur France-Info : en résumé, « cela fait 30 ans que nous alertons sur la diminution voire la disparition de certains insectes. Enfin les médias s’y intéressent. La principale cause est le manque de diversité de la flore dû aux formes d’agriculture actuelles. Et les neocotinoïdes ? Une goutte d’eau, une grosse goutte d’eau.
Kobold : On s’inquiète des abeilles pour des raisons évidentes, mais d’autres insectes disparaissent aussi, et avec eux toute une partie de la faune aviaire. Je ne vois plus les cotonéasters en fleur attirer une véritable tribu de cétoines (coléoptères). Les papillons sont rares, vraiment très rares, d’année en année j’en vois de moins en moins.
* LE MONDE du 8 juin 2018, Mobilisation nationale des apiculteurs face à l’hécatombe des abeilles
** LE MONDE du 8 juin 2018, En détresse, des apiculteurs rendent hommage aux abeilles perdues
*** LE MONDE du 8 juin 2018, « En hiver, les taux de pertes des abeilles ne devraient pas excéder 5 %