Nous sommes presque tous désolés de la disparition prochaine des Tuvalu* pour cause de réchauffement climatique. Mais personne ne croit plus sérieusement à la signature d’un accord contraignant fin novembre sur les émissions de gaz à effet de serre lors du sommet de Cancun. La question de fond se pose : la démocratie représentative est-elle maintenant suffisante pour prévenir les risques écologiques majeurs ? Le livre récemment paru de Dominique Bourg et Kerry Whiteside, « vers une démocratie écologique », pose sérieusement le problème :
« Tout le monde sait qu’il y a péril en la demeure, mais personne ne semble déterminé à agir. Au cœur de ce paradoxe se trouve notre façon de décider collectivement. Et si notre incapacité d’agir nous renvoyait aux imperfections de notre système politique ? Protéger la biosphère exige de repenser la démocratie elle-même. Il est de plus en plus évident que les problèmes écologiques auxquels nous sommons confrontés ne peuvent être résolus par le gouvernement représentatif classique. » En conséquence, Dominique Bourg et Kerry Whiteside proposent d’adjoindre au système représentatif classique d’autres processus institutionnels : bio-constitution, bio-sénat, Académie du futur, ONGE. Autant dire que cette réforme institutionnelle n’aura lieu que trop tard, après l’émergence de millions de réfugiés climatiques et/ou les effets socialement funestes du pic pétrolier.
Nous proposons plus simplement de changer le mode de réflexion des élus. Il suffit pour instaurer une démocratie écologique que les élus, quel que soit le territoire d’appartenance dans lequel ils sont désignés, tiennent compte dans leurs décisions non seulement de leurs administrés, mais aussi des tiers, absents par définition lors des délibérations démocratiques (ce qu’on appelle les acteurs-absents) : c’est-à-dire les individus des autres territoires, les générations futures, les non-humains. Alors les élus feront preuve d’une conscience élargie dans le temps et dans l’espace qui leur permettra de démontrer aux yeux de leurs concitoyens qu’ils agissent dans le bon sens. Agir dans le bon sens, c’est savoir se démarquer des intérêts corporatistes et à court terme, du profit immédiat, des lobbies, etc. Agir dans le bon sens, c’est montrer qu’un élu n’est pas seulement l’avocat des intérêts présents, mais des intérêts futurs de la communauté biotique au sens large, humanité comprise. Agir dans le bon sens, c’est faire preuve de courage politique et ne plus penser constamment à sa prochaine réélection.
* LeMonde du 13 octobre, Ian Fry, l’homme qui négocie pour que les Tuvalu ne finissent pas sous la mer
Notre gouvernement actuel ne tient déjà pas compte dans ses décisions des intérêts de ses électeurs. Les intérêts des copains et des coquins étant prioritaire.
Alors espérer qu’ils prennent en compte les intérêts des tiers !
Notre gouvernement actuel ne tient déjà pas compte dans ses décisions des intérêts de ses électeurs. Les intérêts des copains et des coquins étant prioritaire.
Alors espérer qu’ils prennent en compte les intérêts des tiers !