pourquoi le parti socialiste va mal

Le parti socialiste est au plus mal parce qu’il avance à grands pas vers le service gériatrie ; c’est un vieux parti de plus d’un siècle avec de vieux militants dont la moyenne d’âge est celui de la retraite. Les nouveaux adhérents, un temps appâtés par une promo à 20 balles, repartent aussi vite qu’ils apparaissent… à moins de briguer un poste. Car le deuxième symptôme de ce parti est la valse des ego ; de l’élection municipale à la présidentielle, la soif du pouvoir voit s’affronter des ambitions démesurées, certainement pas des camarades socialistes. Et quand le poste convoité est conquis, l’élu devient un petit potentat qui n’accepte que les courbettes du militant de base. Ainsi le plus sûr moyen de devenir député, c’est d’être le porte-flingue du député qu’on veut remplacer. Le PS est un parti d’élus, pas de militants.

Pourquoi le PS va mal ? Parce qu’il est encore obnubilé par la croissance économique comme source d’emploi. Or la croissance économique est manifestement destructrice d’emploi : soixante ans de croissance en France et le chômage est devenu structurel. Pourtant pour les socialistes, la bonne santé écologique et sociale est déterminée par la croissance économique, il suffit d’écouter les discours de Dominique Strauss-Kahn et des autres prétendants aux primaires. Car modifier ses paradigmes de référence est toujours difficile, surtout dans une société croissanciste qui vous ressemble. Le socialisme productiviste n’a pas encore compris que c’est l’état des ressources naturelles qui conditionnent les performances économiques, et non l’inverse. Et comme la santé de la biosphère est de plus en plus défaillante, le social risque fortement d’en souffrir.

Alors, l’unité par la pensée ? Même les vénérables du parti constatent une culture militante de plus en plus faible ; encore faudrait-il d’ailleurs que les socialistes aient une véritable doctrine qui puisse les différencier de la droite libérale. Construire un aéroport tout neuf ou exporter une centrale nucléaire (ça on ne le dit pas, mais on le fera) reste le leitmotiv de la gauche socialiste. Il faut bétonner, laisser une trace matérielle de sa présence, dépenser plus l’argent qu’on n’a pas gagné ; les élus ont la mentalité de leur fonction. Au moins, le parti socialiste travaillerait-il ? Entre conventions et colloques, il s’agit de faire parler des intervenants dont jamais la parole ne remontera au sommet et encore moins redescendra vers la base. De toute façon le programme du présidentiable 2012 ne relèvera que de quelques scribouillards recrutés pour l’occasion par l’Elu. Pendant ce temps notre planète est dévastée et l’énergie devient de plus en plus chère.

Les socialistes doivent changer et comprendre ce que signifie vraiment une transition social-écologiste. L’heure n’est plus aux effets de manche et à la langue de bois, il est dorénavant impératif de penser en termes de sobriété et de relocalisation. Or ce n’est pas encore la  culture du parti socialiste, tournée vers le passé des lendemains qui chantent.

4 réflexions sur “pourquoi le parti socialiste va mal”

  1. Les écologistes de l’urne connaissent des problèmes similaires au parti socialiste. L’ambiance est actuellement assez tendue au sein d’EE-LV, chacun a son champion médiatique, Hulot ou Joly. Tout le monde a oublié Yves Cochet, le seul candidat qui parle vraiment écolo. Ils doivent se revoir début avril pour rediscuter des primaires, car on vote comme d’habitude le lendemain l’inverse de ce qu’on a voté hier.

    N’oublions pas 2002, Alain Lipietz comme candidat désigné aux primaires des présidentielles, et en fin de compte c’est Noël Mamère qui fera ses 5 % au nom de sa notoriété et malgré sa décision « irrévocable » de ne pas se présenter. Ce n’est pas cette façon de faire de l’écologie politique dont nous voulons.

    En fait ce que veulent les Verts, c’est un petit territoire à côté du PS, avec quelques sièges et postes qu’on fera semblant de lui arracher. Ce n’est pas cette façon de faire de l’écologie politique dont nous voulons.

  2. Bernard Charbonneau en 1980. Rien n’a changé :
    « En principe, la politique reste liée à la volonté du peuple et non au jugement des spécialistes. Mais elle devient de plus en plus une fonction spécialisée gérée par les professionnels des partis qui contrôlent le gouvernement. Ainsi se recrute une classe de professionnels du pouvoir, de droite ou de gauche. Ces spécialistes du pouvoir pour le pouvoir restent enfermés dans leur monde clos, incapable, et d’ailleurs n’ayant pas le temps, de jeter un coup d’oil sur l’en dehors et l’avenir tant soit peu lointain.

    Le politicien est enchaîné à un parti dont le principe n’a rien à voir avec la liberté et l’égalité. La nécessité d’assurer les campagnes et la propagande électorale, la discipline de vote au parlement, figent les tendances. La démocratie électorale où en droit tout va de la base au sommet fonctionne ainsi à partir d’institutions de fait dont le principe est exactement l’inverse. Comme dans l’armée, un chef et ses lieutenants, recrutés par cooptation ou au suffrage restreint, y commandent une troupe disciplinée dont les militaires sont qualifiés de militants. Et comme l’armée le parti n’a qu’un but : la victoire sur l’ennemi. Pour y arriver, tous les moyens sont bons. Les partis, leurs militants et leur général n’ont qu’une fin : leur moyen. Comme pour le parti rien d’autre n’existe que le parti, celui qui mérite son nom tend à devenir totalitaire. »

  3. Bernard Charbonneau en 1980. Rien n’a changé :
    « En principe, la politique reste liée à la volonté du peuple et non au jugement des spécialistes. Mais elle devient de plus en plus une fonction spécialisée gérée par les professionnels des partis qui contrôlent le gouvernement. Ainsi se recrute une classe de professionnels du pouvoir, de droite ou de gauche. Ces spécialistes du pouvoir pour le pouvoir restent enfermés dans leur monde clos, incapable, et d’ailleurs n’ayant pas le temps, de jeter un coup d’oil sur l’en dehors et l’avenir tant soit peu lointain.

    Le politicien est enchaîné à un parti dont le principe n’a rien à voir avec la liberté et l’égalité. La nécessité d’assurer les campagnes et la propagande électorale, la discipline de vote au parlement, figent les tendances. La démocratie électorale où en droit tout va de la base au sommet fonctionne ainsi à partir d’institutions de fait dont le principe est exactement l’inverse. Comme dans l’armée, un chef et ses lieutenants, recrutés par cooptation ou au suffrage restreint, y commandent une troupe disciplinée dont les militaires sont qualifiés de militants. Et comme l’armée le parti n’a qu’un but : la victoire sur l’ennemi. Pour y arriver, tous les moyens sont bons. Les partis, leurs militants et leur général n’ont qu’une fin : leur moyen. Comme pour le parti rien d’autre n’existe que le parti, celui qui mérite son nom tend à devenir totalitaire. »

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