Le quotidien Le Monde en vient-il à l’apologie de la catastrophe ? Son numéro du 22-23 février donne la parole à Hervé Kempf en page 2 : « Nous approchons de la limite de régénération par la biosphère des effets de l’activité humaine. Percuter cette limite nous plongerait dans un chaos écologique et social qui rendrait enviable le sort des chômeurs aujourd’hui ». Cela m’a fait penser irrésistiblement à ma dernière lecture, le livre prémonitoire de Fairfield Osborn, La planète au pillage (1948). Rien n’a changé depuis soixante ans, c’est-à-dire que tout s’est dégradé encore plus vite. Relisons Osborn, prophète des temps modernes :
– L’humanité risque de consommer sa ruine par sa lutte incessante et universelle contre la nature plus que par n’importe quelles guerres.
– Aujourd’hui les villes en ruine de l’Ancien empire maya témoignent avec éloquence que jadis il y a eu là les centres d’une population nombreuse et florissante. Cet épisode des Mayas nous apparaît comme un avertissement, auquel par malheur personne ne prend garde.
– L’homme continuera toujours à être une simple pièce sur le grand échiquier de la nature. Durant de nombreux millénaires, l’homme a adoré le soleil comme un dieu, et certes il a eu raison de la faire. La Nature représente la somme totale des conditions et principes qui influencent ou plus exactement conditionnent l’existence de tout ce qui a vie, y compris l’homme lui-même. Si nous continuons à faire fi de la nature et de ses principes, les jours de notre civilisation sont dès maintenant comptés !
Fairfield vient d’être réédité (Actes sud 2008), il mérite de prendre place dans ta bibliothèque.