L’homme est un grand exterminateur du vivant. Pavan Sukhdev, chargé d’une étude mondiale sur l’économie des écosystèmes, voudrait donc mettre en place une comptabilité verte : « Il faut donner un prix à la biodiversité » (LeMonde du 25.06.2008). C’est une tâche impossible, la Biosphère n’a pas de prix, elle a une valeur intrinsèque, non comptabilisable. En effet le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur en soi qui doit être respectée. La richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l’accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes. Les valeurs portées par la Nature sont donc indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.
Mais Pavan Sukhdev se déclare à l’opposé des valeurs véhiculées par l’écologie profonde. Il ne voit dans le capital naturel que ce qui permet d’assurer notre bien-être et notre santé, et la qualité des écosystèmes n’est mesurable qu’à cette aune. Il regrette la disparition des ressources génétiques liées à la déforestation car elle sont « exploitées par la médecine ». Il attache une valeur à la forêt que parce qu’elle permet de stabiliser les ressources agricoles et permet donc indirectement de « nourrir l’humanité ». Il pense qu’il faut rémunérer le capital naturel uniquement parce que l’industrie ne peut fournir un emploi à tous et que 1,5 milliard de personnes vivent d’un lien étroit avec la nature. Tout la pensée de ce banquier indien sont reliées à l’intérêt pour l’homme d’une sauvegarde de la planète. Il a oublié que si nous en sommes arrivés à cette disparition accélérée du capital naturel, c’est justement parce que nous avons donné un prix à toute chose sans nous soucier que la nature qui nous permet de vivre avait une valeur intrinsèque.
Il ne suffit pas de protéger les dernières baleines ou le dernier Bonobo, il ne suffit pas de changer de mode de vie, il nous faut changer de mentalité et retrouver le respect de la nature.