Dans une tribune au MONDE*, un collectif de 156 députés appelle à mieux encadrer les droits et la liberté de mourir des personnes en fin de vie : « On ne meurt pas bien en France. » Selon eux, il manque dans la loi Claeys-Leonetti une liberté, un droit au choix. Un malade dans une « impasse thérapeutique » peut obtenir une aide active à mourir dans les hôpitaux français… en toute illégalité. Il faut pour cela connaître un médecin compatissant et courageux, ce qui crée des inégalités entre nos concitoyens. Anne Bert [qui, en octobre 2017, a reçu, à sa demande, une injection létale dans un service de soins palliatifs en Belgique] clamait : « Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir. » Le choix de la personne doit pouvoir être respecté, quand il est libre, éclairé, soumis à nulle contrainte ou dépression, exprimé de façon réitérée, et que des médecins ont confirmé l’impasse thérapeutique. Il en va aujourd’hui de cette question comme il en allait de l’IVG au début des années 1970 : des femmes y recouraient en sollicitant les services de la Suisse ou du Royaume-Uni, tandis que d’autres trouvaient des médecins complaisants en France. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :
Chrysippe : Il est regrettable que le projet de loi « Touraine » ne prévoit pas l’assistance au suicide, c’est-à-dire la simple délivrance d’une dose létale de médicament. En exigeant la présence médicale, le projet de loi médicalise complètement la question alors que la loi adoptée en Californie limite le rôle médical : moins de six mois à vivre, avoir refusé les alternatives et avoir passé une expertise psychiatrique ; le malade décide ou non pour lui-même… rassurés 1/3 ne passent pas à l’acte !
Ulysse : J’avoue ne pas comprendre (admettre !) que quiconque s’oppose au droit au suicide assisté (je mets à part l’euthanasie qui sous-entend beaucoup trop de choses pour 500 caractères) ; qu’est-ce qui autorise ces gens (ceux qui sont contre) à décider de ma fin de vie ? qu’est-ce qui les autorise à m’interdire de me suicider, proprement, dignement, lorsque je le voudrai ?
JEAN-PIERRE HUBER : Chacun devrait avoir droit à une mort digne quand il le souhaite à tous les moments de sa vie. Pourquoi attendre d’être complètement handicapé ? Bien sûr, il peut le faire sans l’avis de personnes et de nombreux Français le font dans l’indifférence générale, comme les femmes autrefois avortaient de la même façon. On a régressé depuis l’Antiquité.
CLAUDE STENGER : Seul le suicide médicalement assisté peut donner des chances d’éviter les suicides « sauvages » auxquels recourent trop de désespérés faute d’avoir obtenu l’assistance médicale qu’ils auraient pu obtenir dans des pays plus civilisés en tout cas plus « humanistes » que le nôtre.
LUC GRINAND : la plupart des gens concernés ne sont plus en état de se foutre en l’air eux-même je vous signale. Pour ceux qui sont encore physiquement valides effectivement les solutions ne manquent pas, mais il faut quand même du courage, et certains préféreraient quand même mourir d’une manière « propre » plutôt que se jeter sous un train, en plus c’est pas ce qu’il y a de plus sympa pour les familles (ni pour la SNCF).
Garance : On peut redouter que certains vieux, se sentant inutiles et se vivant comme une charge pour la société, en viennent à demander à mourir pour cette raison et non par conviction. Il faut donc bien encadrer le recours au suicide assisté afin que ça demeure un choix et pas une obligation sociale.
LUC GRINAND @ Garance : et vous êtes qui au juste pour décider si le choix de quelqu’un qui veut se foutre en l’air est une « obligation sociale » et non pas leur volonté libre ? Ma mère est loin d’être grabataire et pourtant elle m’a dit plus d’une fois qu’elle préférerait se foutre en l’air que de devenir un légume qui serait une charge pour moi et mes frères. Pour ses gosses ou pour la société, quelle différence ? Votre hypocrisie est pathétique. Un référendum et c’est réglé.
* LE MONDE du 1er mars 2018, Euthanasie : « Il convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps »
Au l’inverse de Luc Grinand je trouve que le commentaire de Garance soulève une bonne question, et je n’y vois aucune hypocrisie. La liberté est déjà un vaste sujet, comme dit Ulysse « qui sous-entend beaucoup trop de choses pour 500 caractères ».
Nous savons bien qu’une pression sociale (propagande, « air du temps », mode) peut très bien engendrer un sentiment d’obligation. Les exemples ne manquent pas, « obligation » d’accepter le numérique, le Système (TINA), le « vote utile » etc . Sur ce sujet des plus sensibles il n’est pas facile de légiférer, quant à l’opinion populaire qui s’exprime dans les urnes ou les sondages nous savons très bien ce qui la façonne. Bref, ce n’est pas moi qui vous dirait ce que la dignité nous dicte de faire.
C est sur qu une fin de vie en maison de retraite dans un état grabataire est une perspective terrifiante qui laisse perplexe sur l augmentation de la durée de vie.
« Impasse thérapeutique » cela ne cacherait il pas plutôt l impasse de notre mode de vie et de la médecine officiel.
Commençons par vivre dignement « écologiquement » …