Rachel Panckhurst, vivre avec un portable à l’école…

« Je n’approuve pas l’interdiction du téléphone portable dans les écoles et collèges français que le ministre de l’éducation nationale a fait adopter par l’Assemblée nationale (pour la rentrée 2018). »* Rachel Panckhurst mène des travaux mêlant linguistique et informatique et croit indispensable l’usage du portable. Comme beaucoup de mandarins es faculté, elle surfe dans le sens du courant dominant. A l’époque de la généralisation du téléphone fixe dans tous les lieux et demeures, nous n’avions pas besoin de la concurrence entre réseaux téléphoniques différenciés, à plus forte raison pour faire de la linguistique ! Voici l’argumentation de Rachel et notre réponse biosphèrique :

Rachel Panckhurst : « Le mobile est un des outils préférés des jeunes. En l’acceptant en salle de classe, on pourrait privilégier ainsi son utilisation pédagogique encadrée. »

Biosphere : Rachel veut-elle ignorer que le mobile n’est pas un besoin des jeunes, mais une manie nouvelle imposée par un matraquage publicitaire. Celui-ci joue sur les déterminants de base dans notre société marchande : imitation et ostentation. On achète le téléphone que possède le copain ou on veut le dernier modèle pour être à l’avant-garde. L’enfant est devenu un produit marketing. Quand à encadrer yen activité ou les élèves pianotent sur leurs touches, les mains cachés sous le bureau…

Rachel Panckhurst : « Catherine, professeure en histoire-géographie, m’a confiée qu’elle permettait aux élèves, lors de sorties pédagogiques, d’effectuer sur le portable des captations du discours oral de l’intervenant ».

Biosphere : Bénédicte, professeure de français, m’a confié que lors d’une réunion à l’extérieur, certains élèves enregistraient les propos du conférencier, le visage tourné vers d’autres horizons, sans jamais écouté ce qui était dit au moment présent…

Rachel Panckhurst : « Pour notre recherche liant linguistique et informatique, nous avons pu, grâce à l’utilisation de téléphones portables, recueillir plus de 88 000 SMS auprès du grand public. »

Biosphere : Le sigle SMS veut dire « Short Message Service », bravo pour la linguistique française ! Il s’agit de « texto », en fait un « minimessage » qu’on improvise au fil de l’inspiration, type « t’es où ? ». Adieu l’ortograf, Rachel préfère le LOL, nous préférons un raisonnement sur la complexité du langage avec beaucoup plus de caractères que le twit.

Rachel Panckhurst : « Au vu des réponses de l’un de nos questionnaires sociolinguistiques, des collégiens à partir de l’âge de 11 ans ont bel et bien participé à notre enquête et notre collecte. Ils sont donc, au même titre que d’autres, acteurs de cette évolution linguistique. »

Biosphere : Si à onze ans on peut éclairer les connaissances d’un prof de faculté, nous n’avons plus besoin de professeure de faculté !

Rachel Panckhurst : « Le téléphone portable en lui-même est souvent accusé de tous les maux. Cependant, il existe des expérimentations pédagogiques, menées depuis fort longtemps, qui sont concluantes (à en témoigner par la lecture des réponses enthousiastes d’étudiants ayant rempli des questionnaires d’évaluation). »

Biosphere : Une société où on écoute les usagers conditionnés et manipulés qui s’enthousiasment pour la téléphone sans fil n’est plus une société composée de gensi libres et autonomes. On en arrive même aujourd’hui à conseiller aux gens de se « déconnecter » pour retrouver la joie de vivre réellement et non par écran interposé !

Rachel Panckhurst :« Si l’école est insuffisamment équipée en moyens informatiques, le smartphone pourrait prendre le relais. Une intégration judicieuse du smartphone dans le système scolaire permettrait des usages plus nombreux ou plus fréquents, comme ne pas avoir à se rendre en salle informatique pour réaliser certains travaux ou certaines consultations. On réaliserait une économie substantielle de moyens pour l’école tout en multipliant les possibilités d’accès à des ressources numériques. »

Biosphere : Rachel n’a pas encore compris que l’objectif final d’une société « tout informatique » est de se passer de presque tous les travailleurs, y compris les mandarins de faculté, les plus inutiles parmi toutes nos professions. Mais on offrira à Rachel au chômage un revenu inconditionnel à la Hamon…

* LE MONDE du 7 août 2018, Rachel Panckhurst : « Le téléphone portable a toute sa place en classe »

7 réflexions sur “Rachel Panckhurst, vivre avec un portable à l’école…”

  1. J’ai 73 ans et pour parvenir à se former quand on sort de l’école avec le CEP (1959), je peux vous dire que sans moyen audio visuel, se former est vraiment difficile
    Je pense que Rachel a tout à fait raison : Le portable à l’école devrait être encouragé, encadré dans des situations d’apprentissage. Toute ma jeunesse s’est passé en tant que travailleur manuel (chef pâtissier), j’ai pu reprendre des formations supérieures grâces à l’informatique, internet et aujourd’hui le portable (langues, maths), je fais une recherche en autodidacte et grâce aux outils de connection, je peux atteindre en quelques minutes Gallica, la mine d’or de la mémoire dans tous les domaines…

    Continuez et si vous pouvez avoir de l’influence contrecarrez cette ineptie : Mes fils 12 ans et 6 ans joue avec le portable, mais encadrés afin qu’ils en apprennent le maximum de possibilité.

  2. Quand on a le cerveau en forme de portable,
    l’existence n’est-elle pas aussi somptueuse, créatrice, variée qu’un SMS ?…

  3. J’imagine que cette Rachel doit penser que nous vivons une époque formidable. Je l’imagine évidemment super branchée, sur son superbe smartphone elle doit avoir installé tout plein tout plein d’applis aussi indispensables les unes que les autres, comme pour trier plus facilement ses déchets, gérer ses cycles menstruels, etc. etc. etc.
    On n’arrête pas le Progrès ! Il faut vivre avec son temps ! Hi han hi han !!

  4. Séverine Fontan

    Et bien entendu, difficile, pour un ado accro, de passer une heure dans une salle de classe sans envoyer de « short message service » !

  5. Séverine Fontan

    Mon expérience d’ex-enseignante : élèves qui envoient des SMS en cours, qui l’utilisent sous la table ou dans la trousse pour les verbes irréguliers anglais pendant les tests, des élèves qui décrochent pendant le cours d’un collègue etc….
    L’année suivante, dans un autre établissement, satisfaite de savoir à la rentrée que les portables y étaient interdits ..
    Ah ces technophiles imbéciles…

  6. Séverine Fontan

    Mon expérience d’ex-enseignante : élèves qui envoient des SMS en cours, qui l’utilisent sous la table ou dans la trousse pour les verbes irréguliers anglais pendant les tests, des élèves qui décrochent pendant le cours d’un collègue etc….
    L’année suivante, dans un autre établissement, satisfaite de savoir à la rentrée que les portables y étaient interdits ..
    Ah ces technophiles imbéciles…

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