Dans une tribune au « Monde », quatorze représentants de peuples indigènes de différents continents, dont ceux de l’Amazonie brésilienne, lancent un appel à protéger le caractère « sacré » de la nature et à s’opposer aux projets du président du Brésil : « Nous, gardiens et enfants de la Terre Mère, peuples indigènes et alliés, nos prophéties, notre sagesse et nos savoirs nous ont permis de constater que la vie sur la Terre Mère est en danger et que l’heure d’une grande transformation est arrivée. Nous appelons l’humanité à prendre des mesures pour protéger le caractère sacré de l’eau, de l’air, de la terre, du feu, du cycle de la vie et de tous les êtres humains, végétaux et animaliers. Il est vital de transformer notre approche de la nature en l’envisageant non comme une propriété, mais un sujet de droit, garante de la vie… Nous devons évoluer vers un paradigme basé sur la pensée et la philosophie indigènes, qui accorde des droits égaux à la Nature et qui honore l’interrelation entre toute forme de vie. Il n’y a pas de séparation entre les droits des peuples indigènes et les droits de la Terre Mère… Il est plus que jamais urgent que le monde adopte une Déclaration universelle des droits de la Terre Mère… Il est vital de sanctuariser de toute urgence la totalité des forêts primaires de la planète qui sont traditionnellement sous la garde des peuples indigènes, puisque l’Organisation des nations unies a déjà reconnu que leur présence est un facteur garantissant la non-détérioration de ces environnements inestimables… Nous avons la responsabilité de dire à la terre entière que nous devons vivre en paix les uns avec les autres et avec la Terre Mère, pour assurer l’harmonie au sein de ses lois naturelles et de la création… Nous souhaitons qu’il en soit ainsi, avec le soutien de tous les peuples du monde, notamment de tous les citoyens. Rejoignez notre Alliance des gardiens de Mère Nature pour œuvrer et veiller tous ensemble aux générations futures.«
DOMINIQUE GREUSARD sur lemonde.fr : Pas grand-chose à ajouter ou à retrancher à cette tribune. Elle montre que des peuples extraordinairement différents doivent pouvoir s’entendre sur un socle commun pour ce que, massivement, nous percevons désormais comme essentiel : laisser une planète en état de vie à nos enfants. Défendre une Amazonie gravement menacée, ce n’est pas seulement défendre le peu de ses autochtones qui ont réussi à survivre, c’est aussi défendre l’air que nous pourrons respirer demain.
Fantasmes Écolos-Bobos :Pourquoi devrions-nous prendre au sérieux tous ces poncifs pour écolos-bobos: la « Terre-Mère » (mère de quoi? de qui? Avec quel père ? ), le « caractère sacré de l’eau, du feu, du ciel » (vive la religion!) ou encore « les relations interpersonnelles avec la Nature » (n’oublions pas la majuscule, c’est une dame !) ?Et pourquoi devrions-nous accorder du crédit à un anathème envers les entreprises ? Halte aux fantasmes des ONG !
JEAN-PIERRE ROUSSET : Que vous le vouliez ou non, d’un point de vue strictement scientifique la vie est le résultat de l’action du soleil (le père) sur la terre (la mère). Vous n’êtes pas obligé de considérer la vie comme sacrée, ni l’eau que vous buvez, ni l’air que vous respirez, mais quand ils seront devenus toxiques à cause des industries (et c’est déjà le cas un peu partout), vous viendrez pleurer comme ces Indiens dont on vole le territoire ancestral. Mais il sera trop tard.
MARC PIEPLU : Je ne suis ni bourgeois ni bohème. Il est plus que temps de considérer que les humains font partis du vivant qui se trouve sur terre et que nous ne vivons que grâce à l’interaction au sein du vivant. Si nous poursuivons la destruction de ce vivant, y’a pas besoin d’être bobo pour comprendre ce qu’il va se passer.
G F : S’ils espèrent que l’UE va se priver d’un juteux accord de libre-échange, alors que c’est sa raison d’être .. S’ils pensent que les citoyens européens ont leur mot à dire, alors que le CETA est appliqué ´provisoirement’ depuis 2 ans sans vote…
OLIVIER RIOU @ GF : Ils se contentent de nous rappeler que nous ne pouvons vivre sans eau, air et aliments. Trop difficile pour nous de comprendre? Bolsonaro, trump, etc…incarnent notre fuite en avant: à nous de réfléchir
le sceptique : Je ne reconnaîtrais aucune valeur à un texte quelconque (et aucune légitimité à un gouvernement quelconque) s’engageant à reconnaître un caractère « sacré » à la nature ou utiliser l’expression « terre mère » comme dénomination de la planète. Je comprends et respecte le point de vue de ces autochtones, mais je n’entends pas pour autant renier ma propre vision dénuée de sacré, qui est aussi celle des sciences et (à mon avis) des majorités de citoyens dans les sociétés modernisées.
Michel PHILIPS au sceptique : La notion de « sacré » fait ici référence, non pas à une religion, mais à l’absolue nécessité de respecter la terre qui nous permet tout simplement d’être là, de vivre. En ne respectant pas cette planète, nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis
SARAH PY : Terre mère, jolie formule qui met de l’affectif à notre rapport à notre Planète. Et ce lien de subjectivité est essentiel pour vouloir la défendre et la protéger. Ce lien de l’affectif est ce qui fait le propre de l’homme et c’est avec les hommes qui ont du cœur qu’il est heureux d’échanger : les qualités du cœur l’emportent toujours sur celles du seul esprit. …. même le sceptique a un cœur, je n’en doute pas :).
Jub : Terre mère, terre nourricière etc, c’est juste le bon sens de ceux qui vivent au contact de la nature et qui survivent avec ce que la nature offre. Nos sociétés sont remplis de sceptiques qui croient que les poissons sont carrés. Ils vénèrent le Carrefour qui les nourrit.
* LE MONDE du 11 avril 2019, Appel des peuples indigènes : « Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, nous vivons les prémices d’une apocalypse »
Les signataires : Cacique Ivanice Pires Tanone, peuple Kariri Xocó, Brésil ; Cacique Paulinho Paiakan, peuple Kayapó, Brésil ; Cacique Ninawa Inu Pereira Nunes Huni Kuí, peuple Huni Kuí, Brésil ; Jorge Quilaqueo, peuple Mapuche, Chili ; Mindahi Crescencio Bastida Munoz, peuple Otomi, Mexique ; Magdalene Setia Kaitei, peuple Maasaï, Kenya ; Hervé Assossa Soumouna Ngoto, peuple Pygmée, Gabon ; Vital Bambanze, peuple Batwa, Burundi ; Tom B.K. Goldtooth, peuple Navajo, Etats-Unis ; Mihirangi Fleming, peuple Maori, Nouvelle-Zélande ; Edouard-Jean Itopoupou Waia, peuple Kanak, Nouvelle-Calédonie ; Hairudin Alexander, peuple Dayak, Indonésie ; Su Hsin, peuple Papora, Taïwan; Appolinaire Oussou Lio, peuple Tolinou, Bénin.
En 2019, le sacré, quel qu’il soit, doit-il s’exhiber sur des blogs ?…