Consultez l’excellent blog de Matthieu Auzanneau, dit Oil Man. En voici deux extraits :
Repenser l’économie à partir du concept universel d’énergie
L’énergie (en particulier l’énergie colossale et néanmoins limitée emprisonnée dans les chaînes complexes de molécules d’hydrocarbures) n’est pas plus produite par l’homme qu’elle ne lui appartient. Le germe intellectuel de la sous-évaluation du rôle de l’énergie tient peut-être tout simplement à ceci : « l’Homme » est l’unique mesure de la théorie économique en vigueur depuis la révolution industrielle. La fonction de production de l’économie classique ne connaît que deux facteurs essentiels : le capital (K) et le travail (L). La formation du capital comme la mobilisation du travail réclament de l’énergie. Sans apport d’énergie, capital et travail sont impotents, inertes, voués à se désagréger. Puisque l’énergie se révèle être le facteur fondamental de la production, alors tout est à repenser, en premier lieu parce que contrairement au capital et au travail, l’énergie n’est en rien à la mesure de l’homme. La pensée économique actuelle n’est rien de plus qu’un anthropocentrisme bêlant attendant son Copernic et son Galilée, ou pire, ne les ayant même pas vu passer. Des physiciens (Ayres), des ingénieurs (Jancovici) et des économistes (Hourcade, Kumhof, Giraud) ont entrepris de regarder la réalité économique pour ce qu’elle est : conservation et dissipation de l’énergie (les deux lois aujourd’hui bien connues de la thermodynamique). L’énergie est la clé des interactions physiques, nulle trace d’anthropocentrisme dans ce constat. Tout phénomène EST énergétique, l’économie comprise. Alors qu’attendent les économistes ?
Gaël Giraud : le rôle de l’énergie va obliger les économistes à changer de dogme
La crise des subprimes de 2008 est en quelque sorte les conséquences d’un choc pétrolier. En 1999, le baril est à 9 dollars et en 2007, il tourne autour de 60 dollars (avant de s’envoler à 140 $ du fait de la tempête financière). Nos économies ont donc connu un troisième choc pétrolier au cours des premières années 2000, de même amplitude que ceux des années 1970, quoique davantage étalé dans le temps. Ce choc pétrolier n’a pas eu l’effet récessif majeur de ceux de 1973 et 1979 seulement à cause de la politique monétaire très accommodante menée par la Réserve fédérale américaine (ainsi que par la Banque centrale européenne).
C »est de manière générale une grande faute des économistes de mettre de côté la question des ressources naturelles et de ne leur attribuer une valeur qu’au prorata du travail consenti pour les obtenir. En mettant ainsi l’activité humaine seule au cœur de la création de richesses, ils créent un ensemble de réflexions (une science ?) sans doute cohérent mais qui passe à côté de la réalité physique du monde. Celle-ci pourtant pourrait finir par rappeler sa présence et son omnipotence de manière suffisamment brutale pour envoyer promener toutes les courbes, toutes les dérivées secondes, toutes les optimisations et toutes les subtilités que certains économistes ont construites savamment en oubliant que les fondations étaient de sable.