Ce n’est pas retourner à la bougie que de prôner la fin des pratiques productivistes. C’est au contraire vouloir nous éviter les désagréments, parfois violents, qui découlent de l’industrialisation de la société. Des voix officielles commencent à le reconnaître.
Selon le rapporteur sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, la pêche artisanale est la seule solution durable*. Le rapport recense les dégâts provoqués par la pêche industrielle et sa flotte suréquipée, gourmande en énergie et arrosée de subventions. La pêche industrielle ne fait travailler en moyenne que 200 personnes pour 1 000 tonnes de poissons pris, tandis qu’avec des méthodes artisanales il faut 2 400 personnes et une quantité moindre de carburant pour pêcher autant.
Le raisonnement serait similaire pour l’agriculture paysanne, beaucoup plus performante en termes d’emplois et de durabilité par rapport à l’agriculture industrielle, suréquipée, gourmande en énergie et arrosée de subventions. Le raisonnement serait similaire pour l’artisanat que l’industrialisation a pourtant fait disparaître. Les sociétés à technologies dures comme la nôtre nécessitent de grands apports d’énergie. Les matériaux sont non recyclés et l’énergie non renouvelable. La production est industrielle et on donne priorité à la ville contre la campagne. L’individu est séparé de la nature aussi bien physiquement que psychologiquement. Les limites à l’expérimentation technique ne découlent que de celles imposées par l’argent… A l’opposé les communautés à technologies douces se caractérisent par de faibles apports d’énergie. Les matériaux sont recyclables et l’énergie renouvelable. La production est paysanne ou artisanale, centrée sur le village. Les humains se sentent intégrés à la nature, ils y vivent et ils savent que les seules limites à la technique sont celles imposées par la nature… Mais nous sommes une société qui a dépossédé les paysans et artisans de toute réalité, de toute autonomie.
Maintenant l’industrie exige des apports en énergie fossiles gigantesques alors que les réserves s’épuisent (pic pétrolier, etc.). L’effondrement est inéluctable, c’est donc l’industrialisation qui a préparé la montée des violences et le retour à l’âge de pierre. Nous aurions préféré, comme Olivier De Schutter, des politiques qui s’intéressent enfin aux petits pêcheurs, aux petits paysans, aux petits artisans.
* LE MONDE du 1er novembre 2012, Devant l’ONU, la pêche industrielle mise en accusation
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