Rio + 20, écoblanchiment des entreprises

Il semble que Rio +20 prenne le chemin déjà parcouru par Rio +10, à Johannesburg en septembre 2002, où se sont créés de véritables « partenariats » entre l’industrie et les ONG, l’industrie et les gouvernements et l’industrie et les organismes des Nations Unies. Poussant à davantage de collaboration entre le public et le privé, Kofi Annan avait alors déclaré : « Si nous ne le faisons pas, nous risquons que les gouvernements passent des lois et posent des limites qui ne sont pas indispensables. »

Dans moins de deux mois, du 20 au 22 Juin 2011, le prochain sommet de la terre se tiendra à Rio de Janeiro. Or on constate un degré préoccupant d’accaparement par des multinationales. En effet le PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement) a travaillé en étroite collaboration avec les représentants de l’industrie mondiale. Le PNUE nous promet une « Économie verte » comme amélioration du « développement durable ». L’idée est que les gouvernements cessent les subventions préjudiciables à l’environnement (aux combustibles fossiles, à la pêche industrielle, etc.) et utilisent ces fonds pour investir dans des technologies nouvelles, libérant ainsi des investissements massifs pour permettre de passer à l’Économie verte. Janez Potocnik, le Commissaire européen à l’Environnement déclare : « Nous devons passer d’une protection de l’environnement contre les entreprises, à une protection de l’environnement grâce aux entreprises. » Le nucléaire et les OGM sans être explicitement approuvés, sont considérés comme compatibles avec l’approche du rapport. De nombreuses entreprises multinationales ont désormais de cinq à dix partenariats avec chacune des agences onusiennes, par exemple :

– Shell et le PNUE sur la biodiversité ;

– Coca-Cola et le PNUD [Programme des Nations unies pour le développement] sur la protection des ressources en eau ;

– Nestle et le PNUD sur l’autonomisation des communautés rurales ;

– BASF, Coca-Cola et ONU-Habitat sur l’urbanisation durable.

Les organisations non gouvernementales (ONG) critiquent cette approche qui met l’accent sur la croissance économique, sur la technologie et sur les approches axées sur le marché. Car les nouvelles technologies promues sont controversées, comme l’incinération de la biomasse, la biologie synthétique, les nanotechnologies, etc. Pour le PNUE, assigner à la nature un prix serait la meilleure façon de la protéger ! Malgré l’échec cuisant du marché du carbone, il s’agit d’évaluer monétairement les services rendus par la nature : filtrage de l’eau, capture du carbone… pour créer un marché de crédits de biodiversité négociables que l’on pourra compenser, échanger ou vendre. Pour les ONG cette marchandisation et cette privatisation de la nature compromettent la protection des biens communs par les communautés et les États. Ce rapport du PNUE est la manifestation d’une croyance aux marchés d’autant plus stupéfiante qu’elle survient juste après la crise financière. Comme si les échecs chroniques de la déréglementation et des approches basées sur le marché n’avaient jamais eu lieu.

Critiquer la coopération croissante entre l’ONU et l’industrie devrait être une priorité dans la perspective de Rio +20.

Source : Le Sauvage

1 réflexion sur “Rio + 20, écoblanchiment des entreprises”

  1. Fabrice Nicolino a écrit deux textes sur le Rio de 1992 et ce vingtième anniversaire :
    http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1285
    Le noyautage de la plupart des groupes internationaux qui prétendent défendre la nature est déjà bien avancé.
    En France, il y a une accélération récente, ce n’est même plus du noyautage, c’est de l’escroquerie pure et simple, les pires destructeurs de la nature créent des associations peintes en vert

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