La France a évolué dans le bon sens en matière d’interruption volontaire de grossesse. Au Maroc, on est encore loin du compte.
Ytto (le prénom a été modifié) : « Quand j’ai rencontré Amir, il m’a promis le mariage, poursuit-elle. Je l’ai cru. Je me suis donnée à lui un soir. Juste un soir. Depuis, il a disparu. J’ai failli mourir d’un avortement clandestin. Un médecin m’a sauvée : il n’a pas signalé ma grossesse. Sinon, je serais vraiment morte. Si mon père ou mes frères l’avaient appris, ils m’auraient tuée. »
Gahlia Kadiri : La sexualité est un tabou tenace au Maroc, les relations hors mariage et l’avortement sont interdits sous peine de prison ferme. La société condamne les grossesses non désirées, synonymes de débauche. L’avortement est interdit même dans les situations les plus extrêmes : malformation ou danger pour la vie du fœtus, viol ou inceste. La femme qui avorte risque jusqu’à deux ans de prison, et les personnes qui pratiquent l’acte jusqu’à cinq ans. Une seule exception est tolérée lorsque la vie de la mère est gravement menacée. Chaque jour, entre 600 et 800 avortements sont donc pratiqués dans le secret, selon les estimations de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (Amlac). La violence engendrée par l’absence d’accès à l’interruption de grossesse médicalisée entraîne des complications parfois tragiques que les familles tentent de dissimuler. A l’hôpital, les soignants assistent chaque jour aux complications : blessures de l’utérus, délabrements génitaux, hémorragies internes, intoxications aiguës, septicémies, tétanos… « J’ai même vu des patientes qui se sont jetées dans l’escalier sur le ventre ou qui ont essayé de percer la poche des eaux à six mois de grossesse, confie le médecin, dépité. Vous n’imaginez pas jusqu’où la détresse les mène. Mais nous avons les mains liées. »En mars 2015, le roi Mohammed VI en personne intervient : une commission recommande d’élargir l’interruption de grossesse aux cas de viol, d’inceste ou de malformation du fœtus. Bloqué au Parlement depuis 2016, le projet est au point mort. Le président de l’Amlac, gynécologue, continue de se battre pour le droit à ce qu’il appelle « une interruption médicalisée de grossesse ». Une façon plus subtile de parler d’avortement dans une société où défendre l’idée que les femmes peuvent avoir le choix ne passe pas. Même si la pilule – y compris celle du lendemain – est disponible sans ordonnance dans les pharmacies et gratuitement dans les centres de santé, beaucoup de femmes n’osent pas y recourir.
Le point de vue d’un écologiste malthusien*
En France il a fallu un long combat pendant des décennies pour remplacer avec la loi Veil de 1975 celle de 1920 interdisant l’avortement. Aujourd’hui la montée en puissance des mouvements pro-life au niveau mondial est inquiétante. Le 25 juin 2022, la Cour suprême américaine a renvoyé aux États le soin de légiférer sur la question de l’avortement. Moins de deux heures après la décision de la Cour suprême, le ministre de la justice du Missouri avait activé l’interdiction de l’avortement dans son État.
Il est délicat d’intervenir sur un sujet qui concerne à la fois des législations nationales très diverses et une problématique morale ou religieuse. La promotion des mesures qui participent à une maîtrise de la fécondité comme l’accès à la contraception est une nécessité, mais un échec est toujours possible. Cas extrême, il y a des enfants issus d’un viol… alors l’avortement devient un dernier recours, mais des États interdisent pourtant l’avortement. C’est pourquoi contraception et avortement sont des explications conjointes de l’évolution démographique. La possibilité d’une IVG est basée sur la notion de liberté individuelle (pro-choice), il s’agit d’une interruption volontaire de grossesse. D’un point de vue à la fois démocratique et éducatif, faire en sorte de mettre au monde un enfant non désiré est une atteinte non seulement à la liberté de la femme, mais aussi aux droits de l’enfant à exister dans une famille aimante et attentionnée alors que la planète subit une surpopulation humaine impressionnante. Rappelons aux miitants du « pro-life » que le droit à l’avortement n’est pas une obligation d’avorter, celles qui veulent procréer sans limites le peuvent.
Le concept de « naissance désirée » est important. Au niveau mondial, près de la moitié des grossesses ne sont pas planifiées, soit près de 121 millions de femmes concernées. En définitive, 60 % de ces grossesses non intentionnelles aboutissent à un avortement. C’est sur ce constat inquiétant que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a choisi d’axer son rapport annuel1 publié le 30 mars 2022 sous le titre « Voir l’invisible ». Ces dizaines de millions de grossesses non désirées sont d’autant plus alarmantes, qu’au delà des drames individuels se joue aussi la tragédie collective de la surpopulation mondiale qui devrait nous faire condamner toute politique autoritaire, qu’elle aille dans un sens (avortements imposés) ou dans l’autre (avortement interdit).
* Extraits du livre « Alerte surpopulation »
https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/
– « Rappelons aux militants du « pro-life » que le droit à l’avortement n’est pas une obligation d’avorter, celles qui veulent procréer sans limites le peuvent. » ( Le point de vue d’un malthusien* )
J’adooore le «sans limites». Puisque c’est comme ça, vous m’en mettrez une bonne douzaine.
Vas-y Franky c’est bon ! Bonbon. Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny, moi j’aime l’amour qui fait boum ! Sont gentils les malthusiens, n’est-ce pas ? Du moins celui-là*.
Et tolérants j’vous dis pas ! Tant que nous y sommes… rappelons aussi que le droit à «mourir dans la dignité» n’est pas une obligation d’en finir. Celles et ceux qui veulent vivre éternellement le peuvent. Nous, les malthusiens, sommes très à cheval sur la liberté, des uns et des autres. Et nous veillerons à ce que ce soit gravé dans la Constitution.