Sans charbon de bois ni pétrole, que ferons-nous ?

Raréfaction du charbon de bois au Kenya suite à une décision du gouvernement prise fin février. « J’ordonne aujourd’hui que l’on arrête de couper les arbres dans toutes les forêts gérées par l’Etat et par les communautés pour les trois mois à venir… Le mauvais usage de nos forêts ne peut plus continuer. La disponibilité de l’eau et la sécurité alimentaire dans le pays sont menacées. » Dans le bidonville, beaucoup se sont donc tournées vers le kérosène, un dérivé du pétrole, également appelé paraffine, que l’on brûle dans un réchaud spécifique. Rien n’a été mis en place, ni sensibilisation du public ni soutien aux alternatives pour accompagner cette décision. LE MONDE* présente comme « alternatives » le gaz et le GPL alors que ce sont des ressources fossiles en voie de disparition comme le pétrole. Les briquettes (fabriquées à partir de déchets agricoles – thé, noix de coco, canne à sucre) suffiront-ils pour une population de près de 50 millions dont 4 millions s’entassent dans la capitale Nairobi ? Voici quelques éléments de réflexion tirés de notre blog biosphere pour aller au-delà d’un article du MONDE très centré sur l’anecdotique :

– La situation actuelle semble être un cruel échec pour Wangari Maathaï, prix Nobel de la paix 2004 pour avoir replanté des millions d’arbres sur les terres du Kenya et qui pouvait dire : « J’ai longtemps cru que le monde était une vallée de terre riche, je pensais que les torrents où nous allions chercher l’eau étaient éternels. Mais que reste-t-il de la plus large rivière du Kenya, la Gura, si pure et tumultueuses autrefois ? L’eau y est désormais noire, le débit faible. Quand avons nous perdu la connaissance de la nature ? Qui nous a poussés à détruire ce qui pourtant nous nourrit ? Les arbres avaient disparu, les forêts de bambous, peuplées de singes colombus superbes, avaient été brûlées pour dégager des terres cultivables. Lorsque les destructions ont progressé vers la montagne, personne n’a protesté… » (LE MONDE du 23 juillet 2008)

– L’agronome René Dumont nous avait averti : « De la Chine au Kenya, il n’est malheureusement plus possible, sans danger pour le pays, de laisser aux couples la liberté de se reproduire à leur guise. » Dès 1966, dans Nous allons à la famine, il avait fait ses comptes : avec un taux moyen de croissance démographique prévisible de 2,7 % l’an, le tiers-monde compterait près de 5 milliards d’habitants en l’an 2000. « La catastrophe est inévitable », concluait-il. «  En envoyant dans ces pays le médecin et la religieuse avant l’agronome, on a permis aux enfants de survivre aux épidémies avant de leur préparer la nourriture pour qu’ils puissent vivre dignement. »

– Le Kenya annonce que des « programmes agressifs » de planification familiale vont être lancé (LE MONDE du 2 septembre 2010). Ils se sont rendus compte que le fait de passer de 28,7 millions d’habitants en 1999 à 38,6 millions en 2009  allait être insupportable. Nous savons comment faire pour limiter la fécondité : la technique la plus efficace et éprouvée partout dans le monde est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village. Le Kenya, le Ghana, le Zimbabwe ou Madagascar ont réussi à le faire.

– Des archéologues ont découvert au Kenya les dépouilles des victimes d’un féroce combat, qui s’est déroulé il y a 10 000 ans, à l’époque de la chasse et de la cueillette. Ils étaient un peu moins d’une trentaine, des hommes, des femmes, dont l’une enceinte, et quelques enfants. Morts au combat, ou simplement massacrés.

– Des espèces qui semblaient vouées à l’extermination, sont sauvées in extremis… Au Kenya, d’immenses populations de flamants roses nous font oublier qu’il y a quelques décennies à peine, on les croyait à jamais disparus. De tels événements méritent d’être salués.

* LE MONDE du 3 mai 2018, Au Kenya, la protection des forêts fait grimper le prix du charbon de bois

8 réflexions sur “Sans charbon de bois ni pétrole, que ferons-nous ?”

  1. @michel C : c’ est une boutade et une des dernières trouvailles de nos joyeux technocrates .
    Certains zozos prétendent que la culture de ces algues pratiquée sur une surface de 38000 km2 suffirait pour produire du carburant en suffisance pour les USA
    Des foldingues !!!

  2. … fin du pétrole: il est clair que que le pétrole de schiste a donné une nouveau répit à la machine thermo-industrielle après le plateau de 2006-2012 env. Et on s’empresse de tout brûler pour… voyager, consommer, et augmenter nos effectifs.
    La situation est devenue ainsi encore plus instable. On est monté encore plus haut pour… potentiellement tomber plus violemment. La production de pétrole de schiste peut s’effondrer d’un moment à l’autre (elle a constamment besoin de toujours plus d’investissements).
    Dans un monde raisonnable, on utiliserait éventuellement ces nouveaux pétroles qu’en dernier recours pour accompagner un processus de décroissance tant économique que démographique.
    Si on trouve une nouvelle bouffée d’oxygene pour prendre le relais, rebelote, on dira « ouf » (moi y compris d’ailleurs), mais on repartira pour un tour pour se mettre dans une situation encore plus instable. Est-ce que les humains peuvent être sauvés ? On dirait qu’ils sont programmés pour dissiper un max d’energie et faire feu de tous bois.

    Tout ça est d’ailleurs analysé dans le rapport Meadows, pour qui la découverte d’une nouvelles énergie, même « ultime », est le pire des scénarios sans remise en cause au préalable de la croissance.

  3. @marcel
    Je ne sais pas si c’est une blague… mais j’ai quand même envie de vous demander… quand on aura brûlé toutes ces algues, avec quoi on va carburer, hein ? Au Cosmogol 999 peut-être ? Ne me dites pas qu’en plus, vous faites partie de ces hurluberlus qui croient au pouvoir illimité de la Science, autrement dit que votre religion c’est le scientisme.

  4. @michel c :

    n’ oubliez pas the solution miracle pour remplacer les sources d’ énergie fossiles à savoir les huiles provenant de la culture des algues (diatomées=) qui permettront la production de carburant pour véhicules .

  5. Globalement d’accord avec Séverine Fontan, après le pétrole nous carburerons au charbon, que nous extrairons comme au 19ème siècle, et après le charbon ce sera au bois. Avant longtemps ce sera le retour des calèches, des bateaux à voile et des galères. Mais bien sûr cette idée est difficile à imaginer, pour ne pas dire impossible pour la grande majorité. On préfère croire à cet avenir radieux et durable que nous racontent et prédisent les scientistes, à ce monde inondé de machines « intelligentes » qui penseront à notre place, à ce meilleur des mondes quoi.

  6. « Quand avons nous perdu la connaissance de la nature ? Qui nous a poussés à détruire ce qui pourtant nous nourrit ? Les arbres avaient disparu, les forêts de bambous, peuplées de singes colombus superbes, avaient été brûlées pour dégager des terres cultivables. Lorsque les destructio »

    A faire lire aux crétins exosphériques gauchomondialistes ou libertaromondialistes humanistes en carton pâte , qui prétendent que la démographie galopante des habitants du 1/3 monde n’ est qu’ un pis-aller car ils sont sobres : bel exemple de sobriété que celui du Kenya .
    Immense respect pour tous ceux qui se dévouent pour sauver des espèces animales ou végétales parfois au péril de leur vie : ils redonnent confiance dans le bipède (capitaine Watson , par exemple).
    Idem pour les dirigeants actuels du Ghana , Kenya ,… dommage qu’ ils aient attendu aussi longtemps

    @Tartuffes de dirigeants EELV : jamais entendu parler de René Dumont , de Lovelock , du professeur Erhlich , de JY Cousteau , de Malthus …. ?
    Bande de guignols !

  7. Et l’échéance de la fin du pétrole approche. C’est « officiel », voir cet article du Wall Street Journal, 2ème quotidien des USA, et comme tout le monde le sait, journal financier
    https://www.wsj.com/articles/iea-says-global-oil-discoveries-at-record-low-in-2016-1493244000
    April 26, 2017 6:00 p.m. ET
    Extrait : LONDON—Global oil discoveries fell to a record low in 2016, the International Energy Agency says, raising fresh concerns about the potential for a petroleum-supply shortage as soon as 2020. soit : Les découvertes globales de pétrole ont atteint un taux historiquement bas en 2016, déclare l’Agence Internationale de l’Energie, ce qui suscite de nouvelles inquiétudes concernant une éventuelle pénurie à partir de 2020
    L’article précise que le pétrole de schiste américain prendra le relais, mais doute que celui-ci suffise à compenser la baisse d’approvisionnement du pétrole conventionnel qui s’annonce. Il restera du charbon, pour encore un moment, mais il faut aussi préciser que pour extraire ce charbon, il faut du pétrole. Le pic de gaz n’est pas loin derrière celui du pétrole
    Et quand on sait que c’est le charbon qui a sauvé les forêts d’Europe, on a du souci à se faire pour les dernières forêts du monde. Ces dernières risquent d’être épuisées pour le bois de chauffage et de cuisson. Vu le nombres d’humains sur Terre, bref… vous suivez mon raisonnement.

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