« Vouloir préserver l’environnement n’est pas qu’une lubie de « bobos-écolos » : c’est aussi et avant tout une question de santé publique. »* Cette phrase de Stéphane Foucart dans sa chronique « Planète » nous fait mal. Parler de bobos-écolos sonne faux et mettre la santé humaine avant la santé de la biosphère est un contre-sens total. Comme il l’indique d’ailleurs dans son article, les deux sont liés irrémédiablement : « Le lien est fait entre les dégradations de l’environnement et l’épidémie de maladies chroniques que nous connaissons actuellement et sur laquelle l’Organisation mondiale de la santé a attiré l’attention à l’automne 2011 »… « Il n’est plus seulement question d’évaluer les effets ponctuels de l’exposition d’une substance sur une population donnée : il faut désormais parler en termes d’exposome, c’est-à-dire des expositions chroniques cumulées à des agents chimiques, y compris à faibles doses, sur la population générale », dixit Gérard Bapt, député PS.
Quand Stéphane Foucart ramène la protection de l’environnement à une sauvegarde de la santé humaine, il exprime un point de vue idéologique. Posez cette question autour de vous : « Comment te caractérise-tu, humain ou terrien ? » Répondre « humain », en premier, c’est faire preuve d’anthropocentrisme, ne penser à la santé de la biosphère que par rapport à la santé humaine. L’enjeu éthique est bien plus vaste. Le journaliste ne relate le livre de Rachel Carson, Printemps silencieux, que pour mettre en évidence la faculté de l’insecticide DDT à se stocker dans les graisses et à s’accumuler le long de la chaîne alimentaire… dont Homo sapiens fait partie. Le message de Rachel Carson est bien plus profond, elle écrivait : « Nous avons à résoudre un problème de coexistence avec les autres créatures peuplant notre planète. Nous avons affaire à la vie, à des populations de créatures animées, qui possèdent leur individualité, leurs réactions, leur expansion et leur déclin. Nous ne pouvons espérer trouver un modus vivendi raisonnable avec les hordes d’insectes que si nous prenons en considération toutes ces forces vitales, et cherchons à les guider prudemment dans les directions qui nous sont favorables… Les extraordinaires possibilités de la substance vivante sont ignorées par les partisans de l’offensive chimique, qui abordent leur travail sans aucune largeur de vues, sans le respect dû aux forces puissantes avec lesquelles ils prétendent jouer. »
Nous sommes tous des terriens, enracinés dans la nature qui nous fait respirer, manger et vivre. La nature n’est pas seconde, elle est première, nous devons en respecter les lois… sinon notre santé physique et mentale en souffre fortement.
* LE MONDE du 24 novembre 2014, L’environnement, c’est la santé !